Pour dénoncer les sanctions prises par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedea) contre le Mali, plusieurs organisations de la société civile notamment l’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm), la Coordination des associations et Ong féminines du Mali (Cafo), le Conseil national de la société Civil (Cnsc), le Conseil national de la jeunesse du Mali (Cnj) étaient face à la presse, le mercredi dernier à la Bourse du travail. Une occasion aussi mise à profit par ces organisations pour appeler au rassemblement derrière les autorités de Transition.
Dans une déclaration liminaire lue lors de cette conférence de presse, le secrétaire général de l’Untm, Yacouba Katilé, non moins président du Conseil économique social et culturel n’a pas porté de gants pour taper sur l’attitude déplorable de la Cedeao et de la France contre le peuple malien, à travers ces sanctions. Il a saisi surtout l’opportunité pour réaffirmer tout leur soutien au président de la Transition et à son gouvernement toute en rappelant que l’Uemoa et la Cedeao font la guerre par procuration contre notre pays qui a refusé, à le croire, d’être géré par le Trésor français.
“Tant que nos autorités militaires agissent pour mettre fin à la non-gouvernance, à la gabegie, à la corruption, à la braderie de nos ressources en faveur des néocolonialistes occidentaux, nous les soutiendrons comme nous soutenons les FAMAs engagées tous dans une double rectification”, a fait savoir le secrétaire général de l’Untm. Selon lui, il faut au plan national un régime plus vertueux en termes de bonne gouvernance politique, économique, sociale et culturelle, en bannissant l’impunité et en établissant la justice sociale, tout en prônant une démocratie irréprochable. Et en second lieu, au plan international, sortir des ornières imaginées par les Occidentaux, la France en particulier, pour construire le bonheur des populations et donner un sens au couple démocratie-développement.
Pour le secrétaire général de la plus grande centrale syndicale du Mali, l’Afrique des ancêtres nous enseigne des valeurs humaines : fraternité, amitié, amour, solidarité, justice, égalité, liberté, que ce pays ignore totalement, quand il s’agit des peuples algérien, malien, guinéen, burkinabé, sénégalais, ghanéen, ivoirien, béninois, etc. A la suite du premier responsable de l’Untm, le président du Conseil national de la société civile (Cnsc) Boureïma Allaye Touré, a posé la question de savoir ce que notre pays a fait pour mériter cette adversité. “Nous résisterons face à cette adversité, nous résisterons avec la bénédiction, nous résisterons face à cette agression qui nous concerne tous. Aussi ces sanctions de la Cédéao sont contreproductives, elles sont inhumaines, illégales et tous les Maliens sont d’accord pour cela”, a-t-il affirmé. La présidente de la Cafo, Mme Dembélé Oulematou Sow, a aussi exprimé au nom des femmes du Mali sa désapprobation contre les mesures prises contre le Mali et appelé les chefs d’Etat de la sous-région à revenir sur leurs décisions.
“Ces mesures de de la Cédéao et de l’Uémoa touchent le peuple malien, les femmes du Mali lancent un appel aux décideurs de la sous-région à lever ces sanctions inhumaines et dégradantes contre un peuple déjà éprouvé”, a soutenu Mme Dembélé, tout en affirmant le soutien des femmes du Mali à la Transition. Ce sont ces mêmes mots de condamnation et de soutien que le président du Cnj-Mali, Habib Dakouo, a prononcés au nom de la jeunesse malienne.
Kassoum THERA
Le communiqué de l’Amdh rappelle que le 9 janvier 2022 a? Accra, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) ont tenu leurs sessions extraordinaires qui avaient pour objectif de statuer sur “ l’évolution de la situation politique en République du Mali depuis le dernier sommet tenu le 12 décembre 2021 “.
Et de poursuivre qu’à l’issue de ces sessions, elles ont décidé d’infliger au Mali des sanctions supplémentaires, notamment la fermeture des frontières terrestres et aériennes, la suspension de toutes les transactions commerciales et financières entre les pays de la Cédéao et le Mali, le gel des avoirs du Mali dans les Banques centrales de la Cédéao et dans les banques commerciales des pays de la Cédéao, la suspension de toute assistance et transaction financières en faveur du Mali par les banques Bidc et Boad…
L’Amdh estime qu’en dépit de l’exclusion de cette série de sanctions, de certains produits dont des “ produits alimentaires de grande consommation, des produits pharmaceutiques, des matériels et équipements médicaux, des produits pétroliers et de l’électricité… “, ces mesures vont malheureusement toucher les populations maliennes déjà en proie à des difficultés sécuritaires et sanitaires.
En outre, l’Amdh constate avec regret que certaines de ces sanctions sont contraires à l’esprit du traité révisé de la Cédéao. Ainsi, l’Amdh rappelle avec insistance que touchant des populations maliennes déjà vulnérables, ces nouvelles sanctions sont disproportionnées, injustes et constituent de graves violations des droits civils et politiques, des droits économiques, sociaux et culturels. Or, ” le respect, la promotion et la protection des droits de l’homme et des peuples conformément à la charte africaine des droits de l’homme et des peuples ” font partie des principes fondamentaux de l’Organisation, selon l’article 4, g, du Traité Révisé. De même, la libre circulation des personnes, des biens, capitaux, et droits de résidence et d’établissement, qui sont des objectifs primordiaux de l’intégration, se trouveraient concernés par ces sanctions.
Par ailleurs, l’Amdh a pris acte des réactions des autorités maliennes le même jour. Toutefois, l’Amdh les exhorte à rester ouvertes au dialogue et appelle les populations à la retenue et à croire au dialogue.
Boubacar PAÏTAO
Source: Aujourd’hui-Mali