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Face au coronavirus, le Mali a développé un «plan robuste» qui s’inspire de la France

Face au risque d’épidémie de Covid-19, le Mali suspend ses vols commerciaux et ferme ses établissements scolaires. Michel Sidibé, ministre de la Santé et des Affaires sociales du Mali et ancien Directeur exécutif de l’ONUSIDA, était mercredi matin l’invité de Priorité santé.

Quelles sont les mesures prises par le Mali ?

Pour combattre une pandémie, il faut plusieurs choses, dont le leadership politique. Nous avons la chance que le président de la République considère cette pandémie comme une priorité. Alors que nous sommes dans une situation de guerre avec des difficultés au niveau humanitaire, le Président a tenu une réunion extraordinaire du Conseil supérieur de la Défense, au cours de laquelle des mesures importantes ont été prises :

La suspension jusqu’à nouvel ordre des vols commerciaux en provenance des pays touchés, à l’exception des vols cargo.
La fermeture des écoles publiques, privées et confessionnelles
La suspension jusqu’à nouvel ordre de tous les regroupements publics y compris les ateliers, les colloques, les séminaires, les meetings…
Interdiction jusqu’à nouvel ordre de regroupements à caractère social (sportif, culturel et politique)
Avez-vous engagé des consultations avec les dirigeants des différentes confessions pour statuer sur les rassemblements à caractère religieux ?

Le gouvernement a engagé des consultations avec les responsables religieux. Nous sommes en train de mettre en place un plan d’action avec ces derniers. Ce plan va certainement être énoncé sous peu.

En ce mercredi 18 mars, il n’y a aucun cas confirmé de coronavirus au Mali. Y a-t-il eu des cas suspects qui ont été testés ?

Nous n’avons à ce jour aucun cas confirmé. Nous avons testé 62 cas suspects qui se sont révélés négatifs. Cependant, il faut être prudent. Il ne faut pas d’arrogance, mais de l’humilité. Nous n’avons aucune visibilité sur la fin de cette pandémie. Dans différents pays, la tempête se produira à divers moments. Nous avons donc mis en place un système très fort. Au niveau de la surveillance, nous avons réactivé le cordon sanitaire existant durant la lutte contre Ebola. Nous avons surtout mis en place un mécanisme de coordination très fort qui nous permet, en temps réel, d’avoir l’information stratégique afin de mettre en place des actions ciblées. Pour l’instant, nous avons développé un plan qui est robuste. Il ressemble un peu au plan de la France. Dans un premier temps, il faut empêcher l’entrée du virus : anticiper. C’est la raison pour laquelle nous avons pris ces mesures fortes

De combien de tests de dépistage le Mali dispose-t-il ?

Il faut être réaliste. La plupart des pays ont un problème énorme au niveau des équipements : les respirateurs, les extracteurs d’oxygène, les masques, les gels… Aujourd’hui, les tests posent un problème très sérieux. Nous avons à l’heure actuelle maximum 2 000 tests au Mali. Si nous avons une explosion des cas, comme c’est arrivé en Italie ou en France, nous aurons vraiment des problèmes majeurs.

Existe-t-il une coopération régionale dans cette lutte contre le coronavirus ? Comment travaillez-vous avec l’OMS ?

Il y a un mois, avec l’Organisation ouest-africaine de la santé (OAS), nous avons décidé d’organiser une rencontre avec tous les ministres de la Santé de la Cédéao, à Bamako. Il me paraissait indispensable que nous puissions nous consulter pour faire l’état des lieux, communiquer sur les données scientifiques, connaître les stocks, mettre en place des mesures de coordination… Aujourd’hui, avec l’OAS, nous avons une communication journalière, mais ce n’est pas suffisant selon moi. Ce qui est important aujourd’hui c’est qu’au niveau des leaders politiques africains, nous puissions avoir une vision continentale. Ce qui va nous permettre de pouvoir nous positionner avec des approches qui vont contrôler cette épidémie sur le continent. Or, la couverture médiatique sur le coronavirus est devenue anxiogène. Elle participe à l’affolement de chacun. C’est ce qu’il faut éviter ! Je ne crois pas qu’il faille que chaque pays s’enferme sur son propre petit réseau interne. Il faut nécessairement aller au-delà pour avoir des approches transfrontalières et avoir des mesures nous permettant de réagir différemment dans le cas où nous serions face au pire.

source rfi

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