Sirakoro-Niaré et N’toubana, deux villages d’agriculteurs dans le cercle de Kati, ont été victimes de spéculation foncière. Plus de 3000 hectares dont 1800 à N’toubana et 1700 à Sirakoro-Niaré les ont été extorqués et des titres fonciers ont été attribués à quatre sociétés immobilières.
Hamady Kindy Bathily et Gagni Lah seraient les propriétaires de ces sociétés immobilières spéculatrices. Comme responsables de ces attributions frauduleuses, les plaignants soupçonnent Ali Waigalo, président de l’ordre des géomètres experts du Mali et certains agents des domaines de Kati.
Depuis des années, les habitants de pas mal de villages dans le cercle de Kati vivent l’enfer à cause de la spéculation foncière qui y règne. Sirakoro-Niaré et N’toubana ne font pas exception à ces villages dont les terres sont vendues illégalement et qui ont du mal à être mis dans leurs droits. Déterminés pour l’annulation des titres fonciers attribués à certaines agences immobilières sur leurs terres de manière illégale, les jeunes de 45 villages du cercle de Kati ont marché ce jeudi 28 septembre à Kati ville pour interpeller les autorités à s’impliquer pour que leurs parcelles leur soient restituées. D’après les informations que nous avons reçus, concernant les titres fonciers dans ces deux villages précités, les véritables auteurs sont Hamady Kindy Bathily à travers ses sociétés immobilières Kindy, Sobatima et Damuso ; et Gagni Lah à travers sa société immobilière Wando.
Avant d’entrer dans d’autres détails, nous rappelons que seul le conseil des ministres peut donner 10 hectares à une seule personne. Mais nous constatons malheureusement que certains ont plus de 1000 hectares dans un seul village dans cette zone.
Un habitant de Sirakoro-Niaré nous confie que c’est dans les années 2006 que les villageois ont été au courant de la création de ces titres fonciers. Au nord du village, 1079 hectares sont occupés par les sociétés de Hamady Kindy Bathily et la société immobilière Wando de Gagni Lah. Parlant du sud, seule la société Kindy du spéculateur Hamady Bathily détient le titre foncier diabolique de 737 hectares.
Quant à N’toubana, les deux sources de la souffrance des pauvres habitants, Hamady Kindy Bathily, propriétaire des sociétés Kindy, Sobatima et Damuso et Gagni Lah, propriétaire de la société Wando ; détiennent des titres fonciers de 1800 hectares.
Après avoir appris la vente des parcelles à leur insu, les villageois se seraient rendus à la mairie de Kati, à la préfecture, au gouvernorat de Koulikoro et même au ministère des domaines de l’Etat dans les années 2008 .Toutes ces structures auraient affirmé ne pas être au courant de la création desdits titres et toutes auraient tranché l’affaire en faveur des plaignants et auraient même promis de les aider à récupérer leurs parcelles. Mais aucune suite favorable n’a été trouvée. Des plaintes ont été déposées contre les fraudeurs au tribunal de Kati mais c’est à la grande surprise des représentants des villages qu’un non-lieu a été déclaré sans que ceux-ci ne soient devant le juge pour une enquête ou interrogation. Les villages reconnaissent la bonne volonté de l’actuel ministre des domaines de l’Etat malgré que la situation ne soit encore pas résolue.
Pour la délivrance de ces titres, ni la mairie ni la préfecture n’a été impliquée. Le collectif mis en place pour la circonstance pointe du doigt le président de l’ordre des géomètres experts du Mali, M. Aly Waigalo ; il en serait le cerveau. Celui-ci aurait affirmé ces propos à la mairie de Kati devant des conseillers et des représentants des villages plaignants: «Nous avons été dans les villages ; nous avons vu les espaces vides .Nous avons mesuré les parcelles au nom de l’Etat et nous les avons vendues aux sociétés ». Interrogé ce jour à propos de la part des villageois, il n’a pas été convainquant. Il a juste dit qu’il revient aux sociétés immobilières bénéficiaires de ces titres fonciers de prévoir la part des villageois.
Le représentant du village de sirakoro-Niaré, conseiller à la mairie de Kati a affirmé que les véritables complices de cette vente seraient certains agents des domaines de l’Etat de Kati.
Aujourd’hui, les habitants de ces deux villages souffrent parce qu’ils manquent de terres cultivables. Ils veulent que justice soit faite et qu’ils soient mis dans leurs droits.
Au-delà de ces deux villages, des spéculateurs fonciers sont passés dans la commune de Diago où madame Semega aurait 6OO hectares ; Guetema où le très connu Hady Niagadou aurait des centaines d’hectares…Pour ces villages, nous y reviendrons dans nos prochaines parutions.
A suivre
B.Guindo