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Exploitation de l’or à Djinguinlou, dans le cercle de Sadiola : Des autorités interpellées face à la menace de l’environnement par des produits toxiques de la société LANA-sa !

A Djinguinlou, une localité sise dans la commune rurale de Sadiola, la crainte se fait encore sentir, à cause des produits toxiques qu’utilise la société soudanaise LANA-sa. Loin d’être conforme aux normes régissant le domaine minier au Mali, celle-ci qui avait déjà été contrainte d’arrêter ses travaux à Babala, une autre localité, s’inscrit de nos jours dans une logique de reprise « illégale » de ses activités d’exploitation minière à travers des produits toxiques menaçant l’environnement.

Défrichement non autorisé dans le domaine forestier protégé par l’État ; fouille dans le sol par environ une tranchée périmètre de 1600m avec la construction d’une berme périmètre ; occupation de l’espace vital et de l’habitat de la petite faune (perturbation biotope) sont, entre autres, des faits reprochés à cette société soudanaise appelée LANA-sa. Avec comme représentant un certain Moussa Diarra, conseiller à la mairie de Sadiola, cette société s’est toujours contentée avec des espaces donnés par le chef de village de Babala pour ses activités aurifères. A cela s’ajoute l’absence d’une étude d’impact environnementale et sociale assortie d’un plan de gestion environnementale. La société, longuement présente au Mali suite à la  signature d’une convention d’établissement avec le gouvernement en date du 26 juin 1918, s’est installée à Babala courant 2018.

Ainsi, dans un rapport fourni par El Mehdi Ag Mohamed Noutt, chef de poste des eaux et Forêts de Sadiola, il ressort que cette société n’est d’abord reconnue par aucune autorité administrative locale de Sadiola, et n’a fait aucune consultation publique, ni d’étude d’impact environnementale et sociale avant l’entame de l’exploitation d’or à Babala. Dans ce rapport de constat datant du vendredi 7 décembre 2018, l’agent des Eaux et Forêts avait souhaité la fermeture « sans condition » de LANA-sa pour « non-conformité à la loi minière », en plus de la réparation des préjudices causés à l’environnement par la société. « Je souhaiterais que les décideurs, dans le souci de protection de l’environnement sociale, physique et de la faune sauvage, ferment sans condition le projet LANA-sa à Babala, pour sauver les populations des produits chimiques dans l’avenir », lit-on dans ce rapport qui déplore l’octroi illégal de 400 hectares à ladite société par le canal du chef de village, dénonçant le défrichement non autorisé dans le domaine forestier protégé par l’Etat ; la fouille dans le sol par environ une tranchée périmetrale de 1600m avec construction d’une berme périmétrale ; occupation de l’espace vital et de petite faune.

Aussi, précise-t-on dans ce rapport d’enquête de l’agent, l’ouverture du projet LANA-sa entre Babala et Darsalam Oulouma, dans la commune de Sadiola, constitue « un danger pour l’environnement à cause de ses produits chimiques toxiques (cyanure et minerais » transportés et utilisés sans aucune mesure de préservation ».Face à la dangerosité de l’activité, l’ex-ministre des Mines et du Pétrole, Mme Lelenta Hawa Baba Ba avait, le 10 mai 2019,adressé une correspondance au gouverneur de Kayes à l’époque  pour demander l’arrêt des activités de la société LANA-sa à Babala.

Des animaux morts, la pollution de l’environnement dénoncée par des sujets de la société !

Ainsi, le 25 juillet 2019, suite à la mort surprise de dix bœufs dans le village de Krouketo, une mort due à la consommation des eaux empoisonnées par les produits chimiques de la société, un rapport de constat d’évaluation et des animaux a été fait par Renard Diarra, chef de poste vétérinaire de Sadiola à l’époque. Lequel document établit qu’à l’autopsie sur les dix cadavres, un écoulement important de liquide trouble était visible sur le sol. Ce, à travers les muqueuses buccales et nasales, symptômes caractéristiques observés lors d’intoxication ou d’empoisonnement. À cela, indique ce rapport, s’ajoutait le ballonnement très avancé des 10 bœufs morts à côté du site d’exploitation aurifère de la société. Bien avant cela, une décision avait été prise en avril 2019 par Toumany Dembélé, le maire de Sadiola, pour solliciter à la société LANA-SA d’arrêter les travaux. En juillet 2019, une lettre d’information a été également adressée au ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable par Mahamadou Maiga, 3ème adjoint au maire de Sadiola à l’époque. Ce dernier qui, le lundi 15 mars 2021, nous a expliqué la situation avec des documents à l’appui rappelait, à l’époque, au ministre Guindo que la société transportait des minerais à ciel ouvert. Cela, via des camions et sans aucune mesure de protection environnementale. À entendre l’adjoint au maire Maiga, la société a décidé d’arrêter son travail, suite à de nombreuses pressions. De nombreuses dénonciations ont été faites à travers les membres de l’ensemble pour la commune rurale de Sadiola (EPC), une organisation de la société, concernant cette affaire, a-t-il dit. Et de préciser que  les populations de Babala comme dans d’autres localités de Sadiola ne sont pas contre l’exploitation de l’or par la société. « Mais nous voulons que ça soit fait dans le cadre légal. Il faut qu’elle respecte les textes, clarifie Maiga, ou qu’on l’interdise de poursuivre ses activités. Ceux-ci ont toujours contourné les normes, compte tenu des forces qu’ils ont ».Selon lui, les travaux de la société avaient été arrêtés, depuis que lui-même a porté plainte devant le tribunal de Kayes contre LANA-sa.

Cas de Djinguinlou, un autre village de Sadiola vivant actuellement sous la menace de la société !

Ils avaient arrêtés les travaux à Babala, mais veulent recommencer les choses à Djinguinlou, un autre village, a expliqué Mahamadou Maiga. Toujours avec le même scénario, ils sont actuellement en train de payer des terrains en complicité avec le chef de village et du maire Toumany Dembélé, a-t-il dénoncé, ajoutant qu’un espace de 1KM est acheté à 1 million F CFA. D’où la peur des populations qui alarment, selon lui, les autorités, leur demandant d’appliquer la loi en la matière. On peut estimer que près de 100 hectares sont actuellement réservés à Djinguinlou à LANA-sa, a annoncé Mahamadou Maiga. Cette société s’est retrouvée chez nous à Sadiola à travers Salif Diarra, un conseiller communal de Babala, et Moussa Diarra, celui du village de Dankourou. Ce dernier se dit représentant de la société, explique Mamadou Sy, président du CDR de Sadiola, non moins membre de l’EPC. Moussa Diarra et ses complices ont donné 4 millions au chef de village et ses conseillers, prévoyant 600.000 F à titre de pourcentage pour la mairie afin de leur corrompre pour  l’installation de LANA-SA à Babala, a-t-il révélé. Pour M.Sy, les dégâts causés à Babala par cette société sont des crimes. Et de rappeler que c’est le nommé  Moussa Diarra et ses complices à savoir  Modibo Makalou, 1er adjoint à la mairie de Sadiola et le maire Toumany Dembélé se sont, pour le cas de Djinguinlou, nuitamment entretenus avec le chef du village et ses conseillers pour l’installation de cette société chassée de Babala à cause de ses produits toxiques. Ils ont promis la construction d’école et  la création d’emplois pour les jeunes avant le dépôt des produits sur certains sites d’exploitation de l’or, confie Mamadou Sy.

Mamadou Diarra

Source: Journal le Pays- Mali

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