Malgré les efforts des acteurs pour la promotion de la femme au Mali, le bout du tunnel est encore loin pour une application stricte de cette loi. C’est ce qui ressort d’une étude sur le niveau de représentativité des femmes dans les institutions de la République du Mali, dont l’étalier de validation s’est tenu ; avant-hier au CNDIFE. Ledit atelier était organisé par le Réseau des femmes ministres et parlementaires (REFAMP), commanditaires de cette étude. La cérémonie d’ouverture était présidée par Mme MAIGA Sina DAMBA, vice-présidente dudit réseau, en présence des représentants des partenaires techniques et financiers et d’une trentaine de femmes ministres et parlementaires.
C’est après une enquête auprès de huit institutions de la république que cette étude a pu être réalisée par Mme Diane Mariam Koné, consultante et non moins Directrice du CNDIF. Selon l’étude, la représentation des femmes dans les fonctions nominatives des services protocolaires et administratifs, dans les institutions de la république progresse passant de 23,77 % en 2015 à 28,03 % en 2019.
« Le Conseil économique, social et culturel est toujours dans les 30 % souhaités. Les situations au niveau de la Cour Suprême et de l’Assemblée nationale sont encourageantes avec respectivement 33,33 % et 29,63 % en 2019. Le poste de Secrétaire général, l’animateur principal des services administratifs, est presque monopolisé par les hommes. De 2015 à 2019, le Secrétariat général de toutes les institutions de la République est dirigé par un homme sauf à la primature », a dit Mme Nana SANOU, point focal qui a présenté les résultats de l’étude en question aux partenaires. Selon elle, l’insertion des personnes vivant avec un handicap est en cours au niveau de l’Assemblée nationale et à la Cour constitutionnelle.
Mme Nana SANOU a par ailleurs indiqué que malgré le faible moyen et le temps retenu mis pour cette étude, les résultats obtenus sont révélateurs.
« La loi N° 2015-052 instituant la promotion du genre n’est systématiquement pas appliquée dans aucune des institutions au Mali. Toutefois, il est heureux de constater qu’il est possible de l’appliquer, car le gouvernement de septembre 2019 était de 21 hommes contre 11 femmes », a-t-elle conclut.
Quant à Mme Sina DAMBA, elle a félicité toute l’équipe de réalisation de cette étude, qui, selon elle, est une réussite. Elle a par ailleurs remercié le gouvernement pour cette loi qui est une aubaine pour les femmes, si elle est bien appliquée. Elle a expliqué le contexte de l’étude en question : « Si les élections communales de 2016 ont permis de tester l’application de la loi et de propulser plus de 25 % de femmes au niveau des communes du Mali, pour les postes nominatifs, nous avons peu d’information sur le respect de la loi 052, c’est la raison pour laquelle le REFAMP, avec le soutien du NDI, a voulu, à travers cette étude tester l’application de la loi au sein des Institutions de la République », a-t-elle indiqué.
Selon elle, la non-tenue des élections législatives, régionales et communales partielles n’a pas pu permettre d’évaluer l’application effective de la loi. Les difficultés rencontrées dans la préparation des listes montrent à suffisance la faible diffusion de la loi, la non-appropriation par certains acteurs importants au sein de l’administration, des partis politiques et des institutions elles-mêmes.
« Cette situation nous interpelle tous et toutes et à tous les niveaux. L’adoption de la loi est le résultat d’une lutte acharnée des femmes du Mali. Son adoption a été vivement appréciée, mais il faut être vigilant afin que les engagements pris en faveur de la promotion du genre ne soient pas vains. C’est ce qui justifie la conduite de cette étude au niveau des institutions de la République. Le processus d’évaluation va continuer et se rendra dans les départements ministériels et dans les collectivités territoriales », a-t-elle martelé.
Elle a pour finir remercié le Directeur Pays du NDI et toute sa dynamique équipe pour le suivi et l’accompagnement constants dans la mise en œuvre de cet important projet ainsi que l’USAID, le partenaire financier.
Signalons que cet atelier de validation et de partage en ce qui concerne le REFAMP/Mali s’inscrit dans le cadre de mise en œuvre du Projet ÉMERGE qui sera bouclé, le 31 août 2019.
PAR CHRISTELLE KONE