La crise des routes a fait apparaitre deux failles importantes au sein de l’équipe dirigée par le Dr Boubou Cissé : d’une part, absence de cohésion et de solidarité qui constitue les fondements mêmes d’un gouvernement, et par conséquent d’autre part des divergences d’approches voire des contradictions flagrantes dans la conduite des actions, notamment quant à leur lisibilité et visibilité. Tout se mène comme dans une guerre feutrée de clans selon les positionnements ou bonnes grâces des ministres vis-à-vis du président ou PM ou en fonction des intérêts claniques.
Les contradictions, la polémique voir l’affrontement ouvert entre le Chef du gouvernement et certains de ces ministres (Mme Traoré Seynabou Diop et Moulaye Ahmed BOUBACAR) au sujet du financement et des solutions préconisées pour la réhabilitation de la RN3 devrait interpeler sur la cohésion au sein du gouvernement. L’absence du président IBK (visite au Japon) et les vacances gouvernementales ne peuvent servir d’alibi à la désertion de toute une équipe de 37 membres. Depuis une semaine, aucun ministre n’a montré une quelconque solidarité envers Mme Traoré Seynabou Diop qui a été crucifiée et jetée à la vindicte de l’opinion comme la seule et unique coupable. Pour avoir pris de faux engagements et abusé de la confiance des populations de Kayes et de Koulikoro. Chacun ayant son tour chez le coiffeur, le Premier ministre Boubou Cissé, mal coaché et mal conseillé, a été abandonné seul face à la grogne populaire. Résultat : c’est un camouflet non pour le seul Premier ministre, mais pour tout le gouvernement. Où sont les ministres ? D’aucuns se terrent attendant la fin de la vague, d’autres sont simplement encore en farniente. Or, comme aimait rappeler le président Alpha, nul ne se sauvera sans les autres. Car si le Premier ministre échoue et va, ce sont tous les ministres qui le suivront.
Replaçant la solidarité et la cohésion au centre du challenge, le gouvernement gagnerait à mieux repenser sa communication pour réduire au minimum les échos de ses divisions et contradictions internes. Sans être expert dans la communication gouvernementale, le Premier ministre ne peut, au risque de continuer à se fragiliser davantage d’une part, s’entourer d’amateurs, de mercenaires, d’entristes et d’autre part laisser chacun de ses ministres dire ce qu’il veut et comme il veut. Il doit y avoir un minimum de cohérence et de consultation entre les membres d’une équipe, notamment en période de crise pour pouvoir parler d’une même voix. Sauf si tous ceux qui sont dans le gouvernement de Boubou Cissé ne partagent pas le même objectif. C’est pourquoi, il urge de procéder à un recadrage si on ne veut aller de déconvenue en déconvenue.
Ce sont ces deux failles qui expliquent en partie l’échec, si échec il y a, dans la gestion de cette crise de la route. Des failles qu’il revient au Chef du gouvernement, capitaine d’équipe, de corriger pour tenir le cap et relever le challenge. La mission n’est pas impossible à condition de privilégier désormais une démarche unitaire pour le seul intérêt du Mali, des populations du Mali et de l’État, comme il l’avait promis lors de sa première adresse, en tant que Premier ministre.
Parce que le Président ne peut se permettre le luxe de changer de Premier ministre chaque saison.
Par Sidi DAO