Donald Trump, qui défend « l’arrêt total et complet de l’entrée des musulmans aux Etats-Unis », jusqu’à nouvel ordre, a enfoncé le clou, mardi 8 décembre, face aux critiques dont il a fait l’objet. Le favori à l’investiture républicaine s’est comparé au président Franklin Roosevelt – « qui est respecté par tout le monde » malgré le fait qu’il ait créé des camps d’internement pour les Nippo-Américains et les sympathisants fascistes et nazis pendant la seconde guerre mondiale.
Lors d’une interview téléphonique pour l’émission « Good Morning America » sur ABC, il a déclaré qu’interdire l’entrée du territoire américain aux musulmans était justifié, « le temps que les élus comprennent la situation », parce que les Etats-Unis sont en guerre contre les extrémistes islamiques, citant la tuerie de San Bernadino et les attentats de Paris et de Saint-Denis.
« Nous sommes en guerre. Nous avons un président qui refuse de l’admettre. »
Sur Fox News, il a précisé sa pensée : s’il est élu, les membres de l’armée américaine de confession musulmane seront autorisés à rentrer aux Etats-Unis, mais il faudra les surveiller. L’interdiction d’entrée concernera les immigrés, mais aussi les visiteurs et les touristes musulmans, d’après ses explications.
C’est « un déséquilibré »
Comme c’est le cas depuis qu’il s’est lancé dans la course à l’investiture républicaine, Donald Trump a provoqué la colère et l’incompréhension chez ses adversaires, dans les médias et dans son propre camp. Parmi ses concurrents, Jeb Bush a critiqué « un déséquilibré. Ces propositions “politiques” ne sont pas sérieuses ». « C’est condamnable, c’est un préjugé, et cela nous divise. Donald Trump ne comprend rien. Cela affaiblit notre sécurité », a ajouté la favorite démocrate, Hillary Clinton.
Selon Josh Earnest, porte-parole de la Maison Blanche, Donald Trump « cherche à exploiter une part d’ombre (…) et à jouer avec les peurs des gens » pour relancer sa campagne. Même l’ancien vice-président Dick Cheney a jugé que l’idée allait « à l’encontre de tout ce que nous défendons et de tout ce en quoi nous croyons ».
Outre-Atlantique, le premier ministre britannique David Cameron dénoncé des propos qu’il juge « clivants, inutiles et tout bonnement mauvais ».
Interrogés par le Washington Post, des constitutionnalistes ont affirmé qu’une telle proposition ne pourrait jamais être mise en pratique car elle va notamment à l’encontre de traités internationaux signés par les Etats-Unis.
Mais comme c’est le cas depuis qu’il s’est lancé dans la course à l’investiture républicaine, Donald Trump provoque… et reste en tête des sondages d’intention de vote. D’ailleurs, cette nouvelle proposition a été accueillie par des applaudissements lorsque le candidat l’a dévoilée durant un meeting en Caroline du Sud, lundi.
Source: lemonde.fr