Le Conseil des ministres a adopté le 16 octobre un projet de loi prorogeant l’état d’urgence, en cours depuis avril 2017, jusqu’au 31 octobre 2020. Ce projet devra être validé par les députés avant l’expiration de la loi autorisant la dernière prorogation, qui expire le 31 octobre 2019.
Pour la quatrième fois depuis 2017, l’état d’urgence déclaré sur le territoire national est prorogé jusqu’en octobre 2020. Le projet de loi adopté en Conseil des ministres le 16 octobre autorise cette prorogation. Au-delà de dix jours, il faut une autorisation de l’Assemblée nationale. « L’état d’urgence en cours n’a pas encore expiré, mais avant cela le gouvernement se déclare. Et quand il doit durer au-delà de dix jours, il faut un vote de l’Assemblée nationale », explique Brahima Coulibaly, conseiller technique au ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation. Il ajoute « nous avons proposé un projet de loi présenté en Conseil des ministres et qui va être transmis à l’Assemblée nationale pour autoriser la prorogation de l’état d’urgence pour une année encore », dit-il.
Pourtant, les résultats des précédentes prorogations sont peu visibles, pour l’opinion publique. Pour le gouvernement, elles avaient permis de poursuivre le renforcement des mesures de prévention au niveau des autorités administratives compétentes, de proroger les effets des poursuites judiciaires liées à l’état d’urgence, d’accroître les actions de contrôle des forces armées et de sécurité sur le territoire national et de rétablir la sécurité dans certaines localités.
Le conseiller technique justifie ce recours par l’insécurité persistante partout sur le territoire. « S’il n’y avait pas l’état d’urgence, la situation serait pire », se défend-il.
Pour l’analyste politique Boubacar Bocoum, il n’y a pas de résultats probants de ces mesures. Il ne s’agit là que « d’un effet d’annonce, parce que, dans la réalité, pour parler de l’état d’urgence, il faut déjà que l’État existe », soutient-il. Selon lui, cette loi peut couvrir des opérations exceptionnelles dont les gens ne sont au courant et même couvrir des abus sur des innocents.
De son côté, Brahima Coulibaly assure que la prorogation interviendra autant que nécessaire. « L’état d’urgence a été décrété en Syrie en 1963 et en 2019 il est toujours en vigueur. L’Algérie l’a eu pendant 19 ans, l’Égypte pendant 31. C’est un instrument qui permet à l’ETA de lutter efficacement contre l’insécurité », estime-t-il.
Acherif Ag Ismaguel
Journal du mali