J’espère ne pas faire de la fixation sur une institution ou d’être accusé de le faire dans cette situation de crise que vit le Mali qui dépasse tous les entendements. Mais depuis deux jours je suis partagé entre de multiples sentiments et bouleversé par des cauchemars que certains propos ont créé dans mon esprit au point de couper le sommeil plusieurs fois au cours de la nuit. De retour « précipité » de Genève, le Chef de l’Etat Ibrahim Boubacar KEITA s’est rendu à Soubane da, lieux des derniers massacres annoncés au centre du pays.
A l’issue de sa visite sur le site macabre, le Chef de l’Etat Ibrahim Boubacar KEITA a déclaré qu’on veut nous faire croire qu’il y a un conflit interethnique. Il n’y a aucun conflit interethnique au Mali, a -t-il dit. Ce qui se passe ici, c’est une excroissance de ce qui s’est passé et continue au Nord, a ajouté celui qui incarne la première institution du pays. Ceux qui annoncent un conflit interethnique, il n’en est rien et il n’en y aura pas car nous avons compris de quoi il s’agit.
J’ai tressailli et failli crier « Alhamdoulilah ! Alléluia ! Maintenant, on est au bout du tunnel car le Chef de l’Etat sait de quoi il s’agit. Il va trouver les bonnes solutions ». Seulement, personne à ce jour ne peut nous dire pour qui sera cette bonne solution ou à quoi elle peut ressembler ni quand elle va arriver.
Ensuite je me suis ressaisi et me suis interrogé comment à ce niveau de l’Etat avec « tous les pleins pouvoirs », le Chef suprême des armées, garant de la loi suprême, peut-il savoir pourquoi son peuple est massacré, dans l’objectif évident d’exterminer et ne pas agir ? A voir la vidéo en Bamanan du Chef de l’Etat en face des villageois, s’adressant au Chef d’Etat-Major des armées, je crois, le menaçant de le relever de ses fonctions si cela se répétait, alors je me suis écrié à la Ayi Kwei Armah « The Beautyfull Ones Are Not Yet Born ! », le roman intitulé en Français « L’âge d’or n’est pas pour demain ».
Je suis ou nous sommes peut-être pressés pour une annonce prochaine du Président à la nation de toute la vérité, mais rien qu’à écouter ce qui se dit dans les « grins », les échanges sur les groupes de réseaux sociaux, l’attente est plus que grande de voir prendre une nouvelle braquée dans la gestion non seulement de la crise mais du pays, tout court. Se taire et attendre le prochain spectacle macabre pour d’autres sorties médiatiques pourrait contribuer à renforcer certaines suspicions sur les niveaux d’implication.
Le citoyen que je suis s’interroge, quelle est ou pourrait être la contrepartie d’un silence meurtrier assimilable à la limite à de la complicité ? Quand ATT en son temps avait refusé disait-il d’engager une guerre dans son pays en tant que soldat sachant ce que cela pouvait coûter, on avait vite fait de l’accuser de tous les noms y compris d’être un collaborateur de la rébellion naissante. Toutes sortes d’histoires dans lesquelles il était au centre du complot contre l’armée malienne étaient propagées partout l’amenant à une grande explication avec les épouses de militaires dans une grande salle devant les caméras.
Tous l’avaient écouté sans vraiment croire un seul mot de ce qu’il donnait comme explication. IBK aurait-il le courage d’ATT pour expliquer aux Maliens rapidement de quoi relèvent ces tueries dans le pays. Pas pour se justifier, mais pour rassurer ! Le pays a besoin de cela. S’il le refuse pour quelle que raison, il faudrait craindre un grand appel fait à la vengeance généralisée voire même ce que personne n’ose envisager et que je ne nommerai pas non plus ici ! Cela serait un premier pas du sursaut national auquel il a appelé ses compatriotes. « LA PAIX CE N’EST PAS UN MOT, C’EST UN COMPORTEMENT ». Appeler au sursaut national, c’est bien si on en montre la voie !
Sidi Coulibaly
Source: L’Aube