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Espace politique à Ségou : « A chacun son problème »

En attentant l’établissement des listes définitives pour les élections communales et régionales  les partis politiques toutes tendances confondues payent le prix fort de leur déviance en affrontant des militants eu soucieux de l’avenir. Chacun veut sa part de gâteau et tout de suite. N’ont-ils pas raison quand les partis politiques ont érigé la conquête du pouvoir comme seul et unique objet de leur existence au détriment du portage et la mise en œuvre  de projets de société exigeant un comportement moral conséquent.

ville segou mali

« À chacun son problème » Ce titre d’une des célèbres chansons d’Amadou et Mariam convient mieux pour décrire l’atmosphère au sein des formations politiques à Ségou

Chez les favoris autrement le RPM, on souffre de la macrocéphalie. En sa qualité de parti au pouvoir, le Rassemblement Pour le Mali a été la destination choisie par l’écrasante majorité des leaders économiques et politiques. Les uns y ont atterri pour gagner des postes ou des marchés, les autres pour préserver leurs prébendes ou se mettre à l’abri d’éventuelle  poursuites judiciaires.  Ce flux d’arrivants de grosses pointures dépassaient largement  les capacités d’absorption des structures d’un parti qui ne doit son réveil qu’à l’émergence du Président de la république. Le parti n’a pas eu le temps nécessaire pour s’enraciner au sein des masses qu’il se voit partagé entre  gestion des postes juteux et le rouleau compresseur des nouveaux adhérents. Les plombs ont pété quand il s’est agi de renouveler  les structures. Les arrivants qui très souvent disposent les grands moyens financiers ont voulu contrôler le parti en se faisant élire ou en favorisant l’émergence des hommes et des femmes qu’ils pourront contrôler et tout cela au détriment des vrais militants qui ont blanchi sous le harnais pendant la traversée de dessert.

Ce conflit lattant fait surface de nos jours  avec la constitution des listes électorales et il faudra choisir. Une première option, la plus courageuse reviendrait à récompenser les vrais militants pour leur sacrifice consenti avec le risque d’être tancer dans beaucoup de circonscriptions stratégiques par la meute. La seconde plus facile sera de se laisser envahir par les opportunistes et leur fortune colossale mais tout en  perdant son âme. Car la victoire des opportunistes consacrera la fin des idéaux qui ont prévalu à la création du parti. Entre ces deux positions antagoniques, on pourrait opter pour un compromis basé sur un savant dosage entre anciens et nouveaux à condition que les seconds révisent à la baisse leurs ambitions. Ici le risque porte sur la porosité de la frontière entre le compromis et la compromission.

Contrairement au RPM où la gestion des militants de forte personnalité se pose avec acuité, à l’Adema on manque  de leaders charismatiques à hauteur de souhait malgré la forte dissémination du parti dans les coins les plus reculés de la région. Cette crise de leadership est la résultante de la politique d’autopromotion et les dirigeants d’alors ont adopté et qui n’ont pas donné la chance à la relève de se préparer. En fait  nombreux ont été les dirigeants qui ont préparé leur propre et seule carrière sans penser au futur du parti. Avec la déculotté qu’ils ont subie lors des dernières élections, les voilà terrés comme des chats mouillés. Ils laissent un parti qui malgré son grand potentiel de militant à la base est obligé de se contenter des strapontins. Les militants et partisans  le cœur meurtri ont les yeux rivés sur l’horizon à la recherche de l’homme providence qui pourrait les conduire vers la victoire totale. Rêve qui ne semble pas être leur portée car ceux-là qui parlent et agissent à leur noms ne cherchent qu’à se caser là où le parti au  pouvoir les mettrait. Ont-ils le choix en l’absence d’une légitimité vraie et d’un encrage sociologique conséquent ?

A l’URD on vit la période des eaux stagnantes. Avec son statut de parti d’opposition ont réfléchi à la bonne manière de profiter des erreurs de l’adversaire. Seulement voilà que des électeurs sont septiques car les opposants en Afrique sont absents du partage du gâteau. Or la politique est comprise par l’écrasante majorité de ceux-ci comme un raccourci pour accéder à la richesse matérielle. La rareté des militants convaincus, rareté qu’il faut imputer au mauvais comportement des dirigeants politiques devient un handicap sérieux pour un parti qui ne peut offrir ni poste juteux ni marché de gré à gré. À cela il faut ajouter les failles que les dernières législatives et surtout le renouvellement des structures ont laissées. Une situation qui laisse entrevoir un bicéphalisme nuancé et qui n’assure pas un partenaire. Le parti a intérêt à serrer les rangs à l’image de son emblème pour driver la classe oppositionnelle

Au CNID on est partagé entre les choix des courants présidentiels et oppositionnels. Autant le parti a besoin de la première pour préserver le quotidien de son premier responsable autant il a besoin de scruté d’autres horizons pour assurer sa survie. Sur ce plan nombreux sont les observateurs qui s’accordent à dire que le parti du soleil levant dispose du meilleur instinct de survie grâce à sa capacité de cibler son objectif et de se donner les moyens de l’atteindre. Ici on est réaliste en termes d’objectif, ce qui fait la force de parti.

Au PDES, l’ancien parti au pouvoir on fait un profil bas histoire de ne pas éveiller des soupçons. Cette prudence s’explique par le départ de beaucoup de ces Héraults  vers le RPM et surtout que nombreux sont de ces dirigeants qui sont vulnérables pour avoir géré récemment le pays. Toutefois, la force est que le parti dispose d’une volonté  de revenir aux affaires et d’une inébranlable croyance en ses capacités. Cette force endogène  pourrait se renforcer avec le tissu relationnel que le parti a conçu avant l’ouragan de mars 2012.

Comme on le voit, au-delà du peu de crédit qu’ont les hommes politiques au sein de l’opinion et du désintérêt des populations vis-à-vis de chose politique, chaque parti doit trouver des réponses justes à sa préoccupation de l’heure.

source : Delta Tribune

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