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Esclavage par ascendance : Kayes propose une charte pour bannir le fléau

«Ma liberté des uns s’arrête là où celle des autres commence. Les hommes naissent libres et égaux en droits», a-t-on coutume de dire. Dans plusieurs contrées de la Région de Kayes, cette maxime ressemble à un rêve irréalisable compte tenu des traitements cruels et inhumains, dont certaines personnes font l’objet à cause de la pratique de l’esclavage par ascendance.

Cette pratique qui prive beaucoup de citoyens de leurs droits fondamentaux est à la base des conflits meurtriers dans les Cercles de Kayes, Bafoulabé, Diéma, Kita, Nioro et Yélimané. Face à ce constat amer, le ministère de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, chargé de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, à travers le gouvernorat de Kayes, et en partenariat avec Mercy-Corps, a organisé du 16 au 18 août 2021 dans la Cité des rails le Forum régional d’entente sociale pour le renforcement de la cohésion.

Ce forum est destiné aux préfets, sous-préfets, aux collectivités (Conseil de cercle et maires), aux autorités traditionnelles, coutumières et religieuses, aux femmes, jeunes et à la société civile. L’objectif de ce forum était de dégager des pistes en vue de trouver une solution durable à ce phénomène dans la 1ère Région administrative.

Après des débats, parfois très houleux sur le concept de l’esclavage, les représentants des différentes entités (autorités administratives et locales, notabilités, femmes, jeunesse et association) ont tour à tour signé le projet de charte visant à mettre fin à l’esclavage par ascendance. Il a fallu plus d’une heure de tractations pour faire revenir certains participants, notamment ceux de Bafoulabé, à la raison, en leur faisant comprendre que l’abandon ne concerne que l’imposition de l’esclavage par ascendance et que l’exclusion ne vise que les chefs de village et les leaders religieux.

Cette rencontre régionale a planché sur des thèmes, comme «Coutumes et traditions, facteur de cohésion sociale» ; «Rôle de la diaspora dans la résolution des conflits sociaux» ; «Citoyenneté et civisme», «Esclavages : définition historique, causes et conséquences».

La question de l’esclavage est un sujet sensible qu’il faudrait aborder avec beaucoup plus de tact et de manière en dépassionnant les échanges. Telle est l’approche choisie par le gouvernement de Transition, à travers le ministère de la Réconciliation nationale, de la Paix et de la Cohésion nationale qui l’a inscrite comme une action prioritaire dans le cadre du Programme d’action du gouvernement de la transition 2021-2022. Pour le ministère en charge de la Réconciliation, le traitement de la question de l’esclavage par ascendance demande une meilleure compréhension de la question. Une approche par le dialogue entre les acteurs impliqués et des campagnes de sensibilisation dans les différentes zones touchées sont indispensables.

Le gouverneur de la Région de Kayes, le colonel Moussa Soumaré a souligné que ce forum, tout comme l’atelier préparatoire des 29, 30 et 31 janvier derniers et les ateliers locaux des Cercles de Nioro, Diéma, Yélimané, Kayes, Bafoulabé et Kita, visent la promotion de la culture, de la paix et de la cohésion sociale. «Nous avons le devoir de rendre cette région aux générations futures dans un état autre que celui d’aujourd’hui.

Les conclusions et recommandations issues de ce forum alimenteront le document de planification de la région pour une meilleure prise en charge des problèmes sociaux liés aux coutumes, traditions et pratiques ancestrales, ainsi que la gestion des terres. Elles pourront également servir à la documentation au niveau national dans le cadre de la gestion de ce phénomène qui n’est pas propre à la Région de Kayes seulement», a estimé le colonel Moussa Soumaré.

Bandé Moussa SISSOKO
Amap-Kayes

Source : L’ESSOR

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