La Radio Kayira de Bamako, en collaboration avec le Rassemblement Malien pour la Fraternité et le Progrès (R.M.F.P. Gambanaxun FEDE), a abrité, ce samedi 17 Aout 2019, une conférence débat autour du thème : « esclavage au Mali : Causes-Conséquences et solutions »
L’évènement a réuni plusieurs acteurs de lutte contre cette pratique d’une autre époque. Parmi eux, nous avons noté la présence de la vice-présidente de TEMEYT et conférencière principale, Mme Rhaichatou Walet Altanata, du député SADI et responsable de la radio Kayira de Bamako, l’honorable Amadou Nango Mariko, du Président du parti SADI, non moins Directeur Général du réseau Kayira, Honorable Oumar Mariko, et quelques responsables de l’association Gambanaxun.
Tristesse, indignation, émotion, c’était quelques sentiments qui animaient l’impressionnante foule qui avait pris d’assaut la salle de conférence de la radio Kayira de Bamako. C’était après une projection vidéo démontrant la sauvagerie que font subir certaines populations en première région du Mali, Kayes, sur ceux qu’ils considèrent comme esclaves.
Bastonnade, agression, deshumanisation, voilà le quotidien des esclaves dans ces localités soninké de Kayes, indiquées dans la projection vidéo. Tout d’abord, le Président du Recotrade, M. Moctar Koné, invité à cette conférence débat, n’a pas manqué de mots pour manifester toute son indignation face à cette situation dramatique à Kayes.
Selon lui, le Recotrade, soucieux de la cohésion sociale au Mali, tiendra très bientôt une rencontre pour prendre des mesures contre cette pratique.
La Vice-Présidente de TEMEYT et conférencière principale, a, à la suite du Président du Recotrade, pris la parole. Dans son intervention, Mme Rhaichatou Walet Altanata, a expliqué les causes et les conséquences de l’esclave avant de donner quelques solutions pour lutter contre cette pratique moyenâgeuse. A ses dires, malgré les lois et juridictions l’interdisant, l’esclavage est bien pratiqué dans notre pays. « Des communautés continuent d’être victimes de l’esclavage et de discrimination sur le territoire malien » a-t-elle laissé entendre. « Cela est visible dans tous les domaines : politique, professionnel, social… », signale –t-elle.
Selon elle, les causes de cette pratique sont lointaines, car relevant d’une veille et archaïque tradition. « Notre pays est hautement conservateur » déplore la Vice-Présidente de TEMEYT, Mme Rhaichatou Walet Altanata, qui affirme avoir recensé 220 villages et 3600 victimes de ce phénomène dans notre pays.
Pour la conférencière principale, les conséquences de cette pratique sont nombreuses : Discrimination, immigration, exode rural, sous-développement etc. Des actes qui ont fait pourtant l’objet de plainte de la part de TEMEYT auprès des autorités, mais qui sont toujours restées sans suite, regrette Mme Rhaichatou Walet Altanata.
Pour elle, des solutions sont bien existantes pour éradiquer ce phénomène dans notre pays. A cet effet, la conférencière principale, a exigé, du gouvernement, l’adoption d’une nouvelle loi qui criminalise l’esclavage et de poursuivre ses commanditaires devant les tribunaux compétents. Un défi, que s’est donc lancé TEMEYT : « le défi de TEMEYT, est de briser le silence avec ce phénomène. Nous voulons décomplexer la population malienne de ce phénomène, car aucune raison ne pousse l’être humain à faire de son semblable un esclave » a-t-elle martelé, avant de prévenir : « une société qui déshumanise une partie de sa population n’ira pas de l’avant ».
Prenant la parole, le représentant du ministre de la jeunesse et des sports à cette conférence débat, a aussi condamné cette pratique dans la région de kayes. Tout en saluant les organisateurs de la dite conférences pour cette initiative, il les a exhortés à mettre beaucoup plus l’accent sur la sensibilisation et la communication, afin de lutter efficacement contre cette pratique.
Quant au gouvernement, le représentant du ministre de la jeunesse et des sports, dit qu’il a entrepris des actions fortes, par un avant-projet de loi de restriction, pour combattre ce phénomène. A son tour, le Vice-Président de Gambanaxu, une association victime qui lutte contre la discrimination et l’esclavage dans les localités concernées, a pointé du doigt la mauvaise volonté du gouvernement pour résoudre cette crise. Selon Marabata Diarra, seuls TEMEYT et Kayira sont engagés dans cette lutte à coté de leur association. « Nous demandons à Oumar Mariko de nous aider. Car nous souffrons beaucoup de cette pratique. Cela fait 7 ans que nous ne cultivons pas car nous avons fui notre localité à cause de notre refus à se soumettre à nos anciens « maitres » » en témoignent le vice-président de Gambanaxun, M. Marabata Diarra.
Même vœux formulé par le porte-parole de Gambanaxun, M. Lassina Konaté. A ses dires, leur association ne vise aucunement à être Imam ou chef de village de ces localités, « on veut juste nous affranchir, qu’on ne nous appelle plus esclaves » a-t-il martelé, et de poursuivre : «nous voulons la justice, l’égalité entre tous les habitants en milieu soniké. Car nous payons les impôts au même titre que les autres qui nous traitent d’esclave. Notre souhait n’est pas de détruire nos villages ».
Arrivé à la surprise générale, le Président du parti SADI et Directeur Général du réseau Kayira, le Dr. Oumar Mariko, n’est pas allé dans deux chemins. « IBK et Boubou Cissé sont les seuls responsables de ce qui se passe à kayes. Ils encouragent l’esclavage, car notre constitution indique que tous les maliens naissent libres et égaux en droit et en devoir devant la loi. IBK connait cela mais n’agit pas. Donc ceux qui vous agressent ne sont pas les coupables, c’est IBK le coupable » s’indigne l’honorable Mariko. Pour lui, seul une synergie d’action, pour chasser ce régime et cette gouvernance, pourra mettre fin à cette pratique. Ainsi, il a demandé, à toutes les associations qui luttent contre l’esclavage, à se joindre au parti SADI pour prendre le pouvoir et mener le combat ensemble. « Il faut qu’on s’unisse pour lutter contre ce pouvoir sauvage et barbare » a-t-il conclu.
A signaler que les localités concernées par cette pratique, comme l’indique la vidéo projection, sont : Sansandé, Sakoura, Kerwané, Keringa Marena etc. Toutes (localités) dans la première région du Mali ? Kayes et dont les habitants, victimes de l’esclavage, ont tous trouvé refuge à Bamako par peur de représailles de leurs « maitres ».
Boubacar Kanouté