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Esclavage aboli, certes, mais toujours une réalité au Mali: Adama Diallo, expulsé de la famille Camara à Lafiabougou pour avoir refusé de se reconnaitre esclave

Malgré l’abolition de l’esclavage dans toutes ses formes par les textes en vigueur depuis le 19e  siècle à l’avènement de la Démocratie, le phénomène existe toujours au Mali. Le vendredi dernier, à Lafiabougou, dans la Commune V du District de Bamako, Adama Diallo a été paradoxalement expulsé de la famille Camara  pour avoir déclaré qu’il n’est pas esclave.

 

Exploitation de l’Homme par l’Homme, oppression sociale, agressions physiques et verbales, attentatoire aux Droits de l’Homme et aux mœurs, discrimination axée sur  l’origine parentale. Voilà, les souffrances dont la victime a égrené lors de son expulsion de la famille Camara. Un phénomène courant dont plusieurs personnes sont assujetties dans la Région de Kayes, plus précisément les localités habitées par les Soninkés.

L’esclavage par ascendance continue de faire sévir dans le pays profond malgré l’article deux(2) de la Constitution du février 1992 qui stipule que : « Tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs .Toute discrimination fondée sur l’origine sociale, la couleur, la langue, la race, le sexe, la religion et l’opinion politique est prohibée ».

En effet, le vendredi dernier,  à Lafiabougou, un quartier populaire de la Commune V du District de Bamako, les voisins de la grande famille Camara ont été stupéfaits par une pratique inhumaine et liberticide qui, pourtant, ne doit plus être d’actualité, surtout au 21e siècle et dans un pays  républicain et démocratique.

Pour avoir refusé de reconnaitre son titre d’esclave par ascendance, Adama Diallo, logé depuis quatre ans dans la famille Camara, à Lafiabougou, s’est vu expulsé de sa maison par le Chef de famille, Demba Camara, sur ordre de Gaye Camara, Chef de leur village natal, dans la Région de Kayes. Une triste réalité monarchique et antidémocratique au plein cœur de la capitale, et qui surprend plus d’un.

Votre Quotidien a pu avoir la version de la victime et les raisons de son expulsion.

Les faits 

«Ça fait pratiquement quatre (4) ans que je suis ici à Lafiabougou chez mon logeur, Demba Camara, un parent à moi, nous sommes du même village. Et , il y a une semaine de cela, mon logeur m’a appelé pour me dire que Gaye Camara, le Chef de notre village natal, Gruimahanahali,  lui a donné la consigne d’expulser de la famille toute personne qui refuserait de se reconnaître comme leurs esclaves suivant sa lignée parentale. Notre village est une localité  du village de Haouro, dans la Région de Kayes.

Ainsi, il m’a dit de quitter sa famille parce que tout simplement j’ai refusé de me reconnaitre comme leur esclave par ascendance. On nous raconte que nos parents ont été leurs esclaves depuis des années et que nous sommes obligés de suivre cette règle. C’est le même problème qui fait l’écho dans plus de dix(10) villages habités par les Soninkés dont Kinda et Marena. Mon grand frère vit actuellement dans notre village. Comme beaucoup d’autres personnes, ils ont été torturés et dépossédés de leurs champs, leurs terrains et leurs troupeaux  ou sont contraints à l’exil pour avoir tout simplement refusé le titre d’esclave. On n’a pas volé ni tué, mais tout simplement nous réclamons notre liberté sociale. Je ne sais plus où aller. Vraiment, on ne sait plus quoi faire dans ce pays », a-t-il tristement déploré.

Secourue par les membres de l’association ‘’Égalité pour tous’’ (Gambana en soninké) qui lutte contre l’esclavage dans toutes ses formes dans les villages soninkés depuis des années, la victime a interpellé les autorités du pays afin qu’elles s’impliquent pour éradiquer cet autre fléau social.

À la synthèse des dires d’un Responsable de ladite association créée depuis deux ans, cette réalité discriminatoire prend de l’ampleur de jour comme de nuit dans les milieux soninkés dans la Région de Kayes : « Si les autorités maliennes n’interviennent pas à temps, une crise interethnique et sociale risque d’exploser dans plus d’une dizaine de villages dans la Région de Kayes dont Dramane, Kadjalika, Nioro, Marena, etc. Ces victimes n’ont rien à dire dans la prise de décisions ou autres des villages. Elles sont totalement opprimées.

La semaine dernière à Nioro, ils ont incinéré le troupeau d’un Homme avant de donner des coups de bâton mortels à un autre sexagénaire tout simplement parce qu’ils ont réclamé leur liberté. « Notre association a fait maintes démarches auprès des autorités administratives locales, des sensibilisations contre ce phénomène esclavagiste à travers des émissions radiophoniques, prêches,  etc. Mais jusqu’à présent ça ne va pas malgré que certaines victimes aient même décidé de donner des sommes faramineuses pour avoir leur indépendance », a ajouté notre interlocuteur, avant d’appeler les plus hautes autorités du pays à intervenir immédiatement pour éviter d’autres crises sociales très graves.

Seydou Konaté : LE CCOMBAT

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