Burak Gürbüz est maître de conférences en économie à l’Université Galatasaray d’Istanbul.
Causeur : Il y a un an, le 28 août 2014, Recep Tayyip Erdoğan a pris ses fonctions de président de la République turque. Contrairement à son prédécesseur, il a été élu au suffrage universel direct, de même que l’Assemblée nationale. Erdogan a qualifié cette situation – un président et un parlement directement élus par le peuple – d’anormale et appelle à un changement de régime. Où va la république fondée il y a 90 ans par Mustapha Kemal ?
Burak Gürbüz : Erdoğan élu par le suffrage universel, dites-vous. Pas si sûr ! Rappelons que les présidentielles de 10 août 2014 se sont déroulées dans des conditions douteuses ; cela n’est pas uniquement l’avis de l’opposition mais aussi des experts de l’OSCE. En clair, le Premier ministre candidat s’est servi des moyens de l’Etat pour mener sa campagne et tout a été fait pour mettre des bâtons dans les roues de ses adversaires. Mais le problème plus grave est l’organisation même des élections en Turquie. Comme le suggère pudiquement le rapport de l’OSCE, les institutions qui contrôlent le déroulement des élections (le YSK – Haut Comité des Elections – et la Cours Constitutionnelle) n’ont pas les moyens légaux pour accomplir leur mission. Pire encore, ces institutions sont de plus en plus sous le contrôle du gouvernement et donc de l’AKP. Pour Erdoğan et l’AKP, la justice n’est pas le troisième pouvoir mais une simple branche de l’exécutif. Concrètement, Erdoğan…
Source: Causeur.fr