Le ministre de l’environnement du Mali, Housseini Amion Guindo est conscient des défis environnementaux que doit relever le Mali. Entre urgence écologique et conscience sociale, cet homme de terrain n’a pas peur de retrousser ses manches pour éveiller les citoyens Maliens sur le réchauffement climatique, l’assèchement du fleuve Niger, et plus localement, la gestion des déchets en ville. Avec force et courage, Housseini Amion Guindo endosse fièrement le gilet vert pour lutter contre la résignation et l’habitude.
54 ÉTATS : Quel plan d’action avez vous mis en place pour booster, dynamiser les grands chantiers environnementaux du Mali ?
Housseini AMION GUINDO : Compte tenu de l’importance du secteur de l’environnement pour notre gouvernement, plus de 1000 milliards ont été investis ces dernières années. Parmi les jalons que nous avons posés pour redynamiser et booster le secteur de l’environnement, nous pouvons citer l’élaboration d’une Politique Nationale de Protection de l’Environnement (PNPE) dont la mise en œuvre repose sur cinq axes : la gestion des changements climatiques qui traite de l’adaptation de l’atténuation et des transferts de technologies ; la gestion des ressources naturelles ; l’amélioration du cadre de vie ; la consolidation des actions environnementales ; la promotion du développement durable.
La PNPE est assorti d’un plan d’actions qui se chiffre à 237 075 000 000 F CFA, pour la période 2019-2023.
L’élaboration d’une contribution déterminée au niveau National (CDN) assortie d’un Plan d’Investissement qui se chiffre à 1,062 Milliards US, pour la période 2015-2020.
Nous avons également l’organisation chaque année de la quinzaine de l’Environnement qui constitue une campagne de communication pour un changement de comportement.
Outre les actions citées, entreprises par mon département, nous pouvons citer entre autres : l’élaboration du rapport national sur l’état de l’Environnement (Edition 2017) ; l’élaboration en cours d’une stratégie nationale de financement de l’environnement ; la mise en place d’une base de données du système national de gestion environnementale ; la mobilisation des ressources financières auprès du Fonds Vert pour le Climat, du Fonds Climat Mali et du Fonds pour l’Environnement Mondial ; la ratification d’une vingtaine d’Accords Multilatéraux sur l’Environnement ; l’élaboration d’une Politique Nationale sur les Changements Climatiques assorties d’une stratégie, l’élaboration de trois communications nationales sur les changements climatiques et la mise en place en cours d’un système de suivi des projets.
Malgré ce sacrifice énorme de la part de l’État et de ses partenaires financiers, seule une prise de conscience individuelle et collective peut venir à bout des enjeux liés à l’environnement et à l’amélioration du cadre de vie. Pour favoriser cette prise de conscience, nous avons décidé de lancer les gilets verts. En soldats de la nature, leur mission est de contribuer à un éveil des consciences pour un changement de comportement.
54 ÉTATS : La ville de Bamako, avec ses 1 470 tonnes de déchets produits par jour est actuellement confrontée à un problème d’insalubrité sans précédent. Voilà là un défi social et environnemental à relever. Que fait votre ministère pour poursuivre la mise en oeuvre du rapport sur l’environnement ?
Housseini AMION GUINDO : La gestion des déchets au Mali en général et à Bamako en particulier pose problème. Cette situation est due à un problème structurel, d’organisation et de méthode. Pour pallier à cela, nous travaillons pour une synergie d’actions des différents intervenants de la filière. Nous assistons à la prolifération de l’informel qui ne fait que déplacer les problèmes au lieu de les résoudre. Notre ambition est d’organiser la filière depuis la pré-collecte dans les ménages jusqu’au recyclage.
Dans l’urgence de la lutte contre l’insalubrité dans le district de Bamako, mon département est résolument engagé à accompagner la Mairie du District dans l’évacuation des points noirs. Ainsi, plusieurs contrats d’évacuation des ordures ont été conclus avec des opérateurs privés par mon département en appui aux interventions de la société Ozone – Mali.
Egalement, mon département est en train de finaliser l’opérationnalisation d’une décharge finale conformément aux standards internationaux.
Notre vision à long terme est la promotion des filières de valorisation et de recyclage des déchets
Notre vision à long terme est la promotion des filières de valorisation et de recyclage des déchets. Des avancés significatives sont enregistrées à ce niveau. Le jour où cette chaine sera établie dans le cadre d’une synergie d’actions, nous restons convaincus que notre pays viendra à bout des déchets.
54 ÉTATS : Le fleuve Niger long de 4200km traverse 9 pays d’Afrique dont le Mali. Ce n’est pas moins de cent millions de personnes qui vivent autour de ce fleuve. Il rend possible l’agriculture et nourrit des habitants mais en trois décennies, un tiers de l’eau a disparu. Que compte faire le ministère de l’environnement pour ce péril environnemental ?
Housseini AMION GUINDO : La création d’une structure entièrement dédiée à la sauvegarde du fleuve Niger en 2002 est la preuve de la volonté politique pour sauver cette sève nourricière de notre pays. L’Agence du Bassin du Fleuve Niger (ABFN) a pour mission d’assurer la sauvegarde du fleuve Niger, de ses affluents et de ses bassins versants.
En 2016, le gouvernement a adopté le programme de sauvegarde du fleuve Niger avec comme projet phare le projet de réhabilitation économique et environnementale du fleuve Niger, financé par la banque mondiale et le gouvernement de la république du Mali. Comme autres initiatives phares de mon département, nous avons le projet de collecte et de partage des données relatives à la qualité des eaux du fleuve Niger ; le projet de lutte contre les plantes aquatiques nuisibles ; le projet de protection et d’aménagement des berges du fleuve Niger sur l’ensemble du territoire, financé exclusivement par le budget national.
À l’intérieur de ses projets, il y a les actions de dragage, les actions de construction et de réhabilitation de quais fluviaux. Il y a aussi des actions de balisage pour orienter les bateaux et les pinasses dans le cadre de la navigation, l’élaboration de normes pour les eaux de surface et les actions de lutte contre toutes polluantes pour le fleuve.
Comme perspective, nous pouvons citer la préparation d’un colloque international sur la sauvegarde du fleuve Niger en collaboration avec les universités du Mali et le Projet d’aménagement des berges du fleuve Niger à Bamako avec l’implication de 3 départements ministériels.
Il est important de souligner que sans compter l’appui des partenaires, notre pays a investi de 2002 à nos jours plus de 35 milliards dans la sauvegarde du fleuve Niger.
Source : 54 ÉTATS