« La voiture de 22 ans de John Mwangi est sa bouée de sauvetage. Sa berline Toyota délabrée le transporte non seulement dans les rues de Nairobi, la capitale kenyane encombrée de trafic, mais constitue également sa principale source de revenus », rapporte le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Pourtant, ces vieux véhicules ne sont pas sans effet dommageable pour l’environnement en termes de pollution atmosphérique.
L’exportation des véhicules d’occasion vers les pays en développement constitue un véritable handicap à la lutte pour l’atténuation des effets du changement climatique, souligne un nouveau rapport du PNUE, publié le 26 octobre 2020. C’est des millions de voitures, fourgonnettes et minibus d’occasion « de piètre qualité » qui sont « exportés depuis l’Europe, les États-Unis et le Japon » vers ces pays en développement, indique-t-on.
Intitulé « Les véhicules d’occasion et l’environnement – un aperçu global des véhicules utilitaires légers d’occasion : débit, échelle et réglementation », ce rapport fait comprendre qu’entre 2015 et 2018, « 14 millions de véhicules légers d’occasion ont été exportés dans le monde ». Près de 80% de ces exportations vont dans les pays à faible et moyen revenu, dont plus de la moitié vers l’Afrique. Au cours de la période en revue, 40 % des exportations sont arrivés en Afrique, selon le rapport. Elle est suivie par les pays d’Europe de l’Est (24 %), d’Asie-Pacifique (15 %), du Moyen-Orient (12 %) et d’Amérique latine (9 %).
La plupart de ces véhicules ne respectent pas les normes. Selon ce rapport du PNUE, les Pays-Bas sont l’un des exportateurs de véhicules d’occasion en provenance d’Europe. Pourtant, selon une étude menée par ce pays, précise-t-on, la plupart de « ces véhicules ne possédaient pas de certificat de contrôle technique valide au moment de l’exportation ». Ce n’est pas tout, « la plupart des véhicules avaient entre 16 et 20 ans, et la plupart étaient en dessous des normes d’émission EURO4 de l’Union européenne pour les véhicules. »
Selon Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE : « Au fil des ans, les pays développés ont exporté de plus en plus de véhicules d’occasion vers les pays en développement ». Et de préciser : « Comme cela se produit en grande partie sans réglementation, cette exportation est devenue celle de véhicules polluants ». Elle finit par montrer les conséquences de cette absence de normes : « L’absence de normes et de réglementations efficaces facilite le dumping de véhicules anciens, polluants et dangereux », a-t-elle ajouté.
En effet, confirme ce rapport inédit, la croissance du parc automobile n’est pas sans conséquence sur l’environnement. Il est responsable de près d’un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre liées à l’énergie.
« L’assainissement du parc automobile mondial est une priorité pour atteindre les objectifs mondiaux et locaux en matière de qualité de l’air et de climat », affirme Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE. C’est pourquoi elle formule la demande auprès des pays développés d’arrêter d’exporter des véhicules dangereux pour l’environnement ainsi que pour la sécurité humaine.
Ce nouveau rapport exhorte les Etats à la prise de mesures urgentes pour combler le vide politique actuel. Elle demande également l’adoption de normes de qualité minimales harmonisées afin de garantir « que les véhicules d’occasion contribuent à des parcs de véhicules plus propres et plus sûrs dans les pays importateurs ».
C’est aussi la position de Stientje Van Veldhoven, ministre néerlandaise de l’Environnement :« [ndlr] Il est urgent de prendre des mesures pour améliorer la qualité des véhicules d’occasion exportés d’Europe. [ndlr] J’en appelle à une approche européenne coordonnée et à une coopération étroite entre les gouvernements européens et africains, afin de garantir que l’UE n’exporte que des véhicules adaptés à leur destination et conformes aux normes fixées par les pays importateurs », a-t-il déclaré. Le PNUE est déjà en train de travailler à assainir le secteur.
Selon ce nouveau rapport du PNUE, l’analyse approfondie de 146 pays a permis de voir que deux tiers de ces pays importateurs ont des politiques « faibles » pour la réglementation de l’importation des véhicules d’occasion. D’où la nécessité de renforcer les mesures d’importation.
Rappelons que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a fixé des normes pour des carburants et des véhicules plus propres à compter de janvier 2021. « Les membres de la CEDEAO ont également encouragé l’introduction de limites d’ancienneté pour les véhicules d’occasion », précise le PNUE.
Togola
Source : LE PAYS