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Entretien avec le secrétaire politique du parti RDS, M. Mohammed Alamine Younouss Hamèye Dicko, membre de la commission scientifique de L’ATIR, ”Les acteurs politiques doivent faire un front commun face à une situation exceptionnelle de la Nation”, dixit

Dans un entretien à bâton rompu, le Secrétaire politique du parti RDS (Rassemblement pour le Développement et la Solidarité), M. Mohammed Alamine Younouss Hamèye Dicko nous parle de la crise entre le Mali et la France, du départ de la force Barkhane et de la Task Force ”Takuba”, de la prorogation de la Transition, de l’augmentation  des membres du CNT et des FAMa (Forces Armées Maliennes), etc. Selon M. Dicko, devant cette situation exceptionnelle que vit le Mali, tous les partis politiques doivent se donner la main pour faire front commun. Lisez-le ! 

 Le Malien : Acclamée hier, la France est désavouée aujourd’hui au Mali après près de neuf (09) ans de présence. Quelle est votre appréciation sur cette manière de divorce entre Paris et Bamako ?

Mohammed Alamine Younouss Hamèye Dicko :C’est ce que l’on appellerait un “divorce de raison” !

Le Rassemblement pour le Développement et la Solidarité R.D.S., depuis 2013, s’est insurgé contre l’installation des bases militaires françaises et de la MINUSMA au Mali, que nous avons considérées comme une ingérence et une recolonisation, nous avons toujours estimé que notre Nation avait la force morale de résister à ces GAT (Groupes Armées Terroristes) avec l’appui de partenaires de bonne foi.

Ainsi, depuis le 1ier Aout 2014, Barkhane, sensée être là pour nous aider à acquérir la capacité d’assurer notre sécurité de manière autonome n’a pu que tirer le constat cuisant de son échec. Après 9 ans de présence au Mali, dont 7 ans de Barkhane, Paris n’a pas pu empêcher la dégradation de l’état sécuritaire de notre Nation. Le centre et le sud du pays sont tombés progressivement entre les griffes des GAT (Groupes Armées Terroristes). Nous avons constaté la prise de décisions unilatérales de la part de la France, concernant la ré-articulation de ses opérations militaires au Mali, nous mettant au banc de l’action dont nous sommes les principaux concernés, nous obligeant à trouver des solutions d’urgence pour protéger nos concitoyens.

 ”La France repart la tête basse, honteuse et humiliée militairement et diplomatiquement”

C’est donc à la recherche de ces nouveaux partenariats que nous avons concrétisé, en quelques mois de nouveaux accords, la montée en puissance de nos FAMA à travers la récupération de zones géographiques de notre territoire et la sécurisation de nos populations.

Quelle ne fut notre surprise de constater que la France prenait comme un affront personnel le fait que nous arrivions à protéger de plus en plus de maliennes et maliens SANS ELLE.

S’en est suivi une série de provocations et d’insultes proférées par les plus hauts responsables français à l’endroit de la Nation malienne et ce malgré les mises en garde répétées de nos responsables.

L’un entrainant l’autre, la France s’est donc décidée à repartir la tête basse, honteuse et humiliée militairement et diplomatiquement.

Cette situation prouve que le système paternaliste, intrusif et dégradant que la France avait pour habitude d’appliquer au Mali ne tient plus face à la détermination que nous avons à regagner notre Souveraineté.

Pensez-vous que la France était l’auteur ou complice de tous les problèmes maliens ?

La volonté de la France d’orienter la lutte sécuritaire contre le Terrorisme a fait que le Mali a pratiquement oublié que notre problème tire ses origines de la revendication indépendantiste causée par l’intervention impérialiste de la France en Lybie. Ainsi armes, matériels et hommes financés par la France se sont retrouvés dans notre pays avec l’assurance de la France d’avoir un état à eux.

” La France n’est pas responsable entièrement de TOUS nos problèmes !”

OUI elle reste bien à l’origine de notre crise de 2012.

OUI elle est complice de notre crise multidimensionnelle par son manque d’implication et son manque de volonté en dotation de notre armée.

Mais NON pas de TOUS nos problèmes, d’autres maliens restent complices par leur corruption, leur vénalité, leur volonté de placer leurs intérêts personnels au-dessus de l’intérêt général, d’autres Nations restent complices d’avoir accueilli ces GAT, de les avoir financés, d’avoir fermé les yeux sur leurs activités.

NON la France n’est pas responsable entièrement de TOUS nos problèmes !

C’est trop facile de désigner un ennemi extérieur sans nous remettre en cause et sans tirer le bilan de nos échecs.

 Après le départ de la force Barkhane, de la Tast Force Takuba et du Canada, les Forces Armées Maliennes pourront sécuriser seules le Mali ?

Le Rassemblement pour le Développement et la Solidarité R.D.S., reste persuadé que dans un premier temps nos FAMA, avec l’appui de nos nouveaux partenaires, peuvent sécuriser optimalement le territoire malien.

Dans un second temps, l’objectif de nos FAMA doit être de se passer le plus possible de ces partenaires, la sécurité des Maliens revient aux Maliens !

Quelles peuvent être les conséquences de cette douloureuse séparation pour le Mali et la France ?

Nous pensons que la France met le Mali en situation de commettre des impairs en attendant de s’emparer d’une occasion pour fragiliser au maximum la Transition, d’où les ” 4 à 6 mois ” donnés par la France pour sa ré-articulation hors du Mali.

” Garder en tête les objectifs de souveraineté et de refondation”

Pendant ce laps de temps, Macron a clairement exprimé le fait que l’armée française ne sera pas là pour les Maliens, mais pour la MINUSMA et elle-même, ainsi nous ne pourrons, nous, ni nos partenaires, intervenir et agir, dans toutes les zones où Barkhane et la MINUSMA évolueront, pour protéger les Maliens.

Aux Maliens et aux autorités de la Transition de rester vigilants et soudés en gardant en tête les objectifs de souveraineté et de refondation pour notre Nation.

”Une durée excessive desservira l’objectif principal de la Transition”

L’adoption de la nouvelle Charte par le Conseil National de Transition (CNT) ne rendra-t-elle pas la négociation difficile sinon impossible entre le Mali et la CEDEAO et autres partenaires impliqués dans la résolution de la crise malienne ?

En principe la nouvelle Charte n’entre pas en contradiction ou ne gène pas les négociations avec nos partenaires. Nous gardons bon espoir avec la Commission mise en place qui permettra un échange franc et sincère avec nos partenaires historiques qui, comme nos autorités, doivent avoir l’intérêt de nos concitoyens maliens comme ultime priorité.

 Une transition de plus d’un mandat d’un Président démocratiquement élu ne va-t-il encourager d’autres coups d’Etat au Mali ?

Assurément, le Rassemblement pour le Développement et la Solidarité (R.D.S.), estime qu’une durée excessive desservira l’objectif principal de la Transition qui est de lancer les bases de la Refondation et de s’effacer.

Comme dit précédemment, nous rappelons aux Autorités de la Transition l’impératif supérieur de l’INTERET GENERAL de nos concitoyens, cela devrait leur permettre de proposer une alternative réaliste au Peuple malien, à nos partenaires et nos amis.

Avec l’annonce de l’augmentation du nombre de conseillers au CNT, quel genre d’hommes le Mali doit faire appel pour le reste de la transition ?

” Il haut des Hommes avec des compétences et une volonté d’implication sans faille” au CNT”

Le CNT est peut-être l’une des plus grandes chances que le Mali ai eu, malheureusement, le rôle attendu par cette institution n’a pas été rempli, nous attendions d’eux d’être un outil législatif hautement qualitatif et à haut rendement tout en usant également de son pouvoir d’interpellation.

Il faudrait ainsi, en plus de sa caractéristique de représentation de la société malienne, que le CNT soit composé de personnes hautement qualifiées aux compétences d’analyse et de travail sans conteste pour faire face aux multiples défis de relecture des textes.

Juste des Maliennes et Maliens, objectifs dans leur travail et prêts à affronter un volume conséquent de travail en mettant leurs compétences au service de nos concitoyens.

Peu importe leur coloration politique, religieuse, ethnique ou autre, il nous faut juste des Hommes avec des compétences et une volonté d’implication sans faille.

Le parti RDS (Rassemblement pour le Développement et la Solidarité) dont vous êtes le Secrétaire politique et le regroupement ATIR (Alliance pour une Transition Intelligente et Réussie), se battent depuis les premières heures de la Transition pour sa réussite. Pouvez-vous nous citer quelques-unes de vos activités ?

Nous avons comme moyens d’action et activités les Conférences mensuelles des Présidents d’ATIR, des déclarations, des conférences débats, des conférences de presse, des rencontres avec les plus hautes autorités de la Transition ( Président CNT, Premier Ministre, Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, Président de la Transition) nos multiples communications (presse écrite, plateau Web, Télé, Radio), et les Rapports d’Analyse Méthodique Intelligente – AMI – dont nous avons publiés 5 éditions. Le Rapport AMI reste, sans conteste, le premier et unique outil de mesure objectif (points saillants, points forts, points faibles, recommandations) trimestriel des actions de gouvernance des Autorités de la Transition, nous avons, ainsi, remis aux plus hautes autorités de la Transition chacune des cinq éditions d’AMI et avons constaté des améliorations dans la gouvernance directement liées à nos recommandations.

Quel délai proposez-vous aux autorités pour la prolongation de la transition ?

Durant notre participation aux ANR, nous avons eu la satisfaction de constater que notre doléance a été prise en compte dans les conclusions de 6 mois à 5 ans.

Nous faisons confiance à la commission pour travailler en toute intelligence avec nos partenaires pour le bien du Peuple malien et la levée rapide de l’embargo qui pèse sur nous.

Le mot de la fin

Je demande aux Maliennes et Maliens de s’unir dans le soutien aux Autorités de la Transition, mais de s’unir également dans le contrôle des actions de nos pouvoirs exécutifs, législatifs et judicaires.

Le meilleur allié reste celui qui arrive à nous faire rectifier nos erreurs avant le point de non-retour, soyons, chacun, en jouant pleinement notre rôle de citoyen, le meilleur allié de la Transition !

J’invite également les acteurs politiques à faire un front commun face à cette situation exceptionnelle de la Nation, la Transition ne devant pas être une période de pause pour les Etats Major politiques mais au contraire une période d’introspection, de remise en cause et d’exécution d’actes prouvant au Peuple que nous œuvrons pour l’intérêt Général.

Entretien réalisé par Youssouf SANGARÉ

Source: Le Malien

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