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Entre nous : Vers une crise post-électorale ?

Le 1er tour de l’élection du Président de la République est prévu le 29 juillet 2018. Depuis le 27 avril dernier, le collège électoral est convoqué sur l’ensemble du territoire national. Plus de dix (10) candidats ont déjà fait part de leur intention de briguer la magistrature suprême. Des investitures auront lieu ce week-end. Les réseaux sociaux s’enflamment. Le ton des discours politiques ne s’apaise pas. « Boua ka bla ! » « Boua ta bla ! » « On va arracher le pouvoir ! » « Des accompagnes honteux et des opportunistes avérés ! » « Il a fait un communiqué pour dire que je suis en campagne, il n’a rien vu encore ! ». Des piques sont lancées de part et d’autre ainsi que des actes de sabotage.

Au moment où l’URD annonçait la tenue de l’investiture de son candidat au stade du 26 mars, un mouvement de soutien au Président de la République annonçait sur les réseaux sociaux qu’il tiendra à la même date un meeting géant. Ce mouvement a apparemment renoncé à tenir son rassemblement mais la tension est perceptible.

Le 28 avril dernier, un meeting du Collectif pour la Défense de la République (CDR) animé par Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath a violemment été attaqué par un groupe de jeunes soupçonnés d’être à la solde des responsables d’un parti de la majorité présidentielle. Si les saboteurs des tristes événements de Ségou ont été mis en échec, il est clair que la cible n’était autre que Ras Bath. Au regard de ce qui s’est passé à Ségou, Kolokani et ailleurs, le jeune rasta n’est pas à l’abri d’une attaque contre sa personne. Il est de la responsabilité des pouvoirs publics de prendre toutes les dispositions nécessaires pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens sur l’ensemble du territoire.

Les discours de différents camps sont loin d’être apaisants. Tous les chemins menant à Rome, il faut tout mettre en œuvre pour conserver ou conquérir le pouvoir, même s’il faut marcher sur les cadavres de pauvres citoyens. Pendant que les acteurs politiques et leurs partisans s’insultent à Bamako, des communautés qui vivaient en parfaite harmonie depuis des millénaires s’entretuent faisant de nombreux morts. Aucune compassion pour ces innocentes victimes.

Tous les ingrédients sont réunis aujourd’hui pour nous mener vers une crise post-électorale. On fait peut-être semblant de l’ignorer. Sachons raison garder. Ce pays a déjà tellement souffert qu’il ne peut plus subir d’autres épreuves. On court derrière la présidence, mais de quel pays ? Un pays menacé dans son existence au nord et au centre par une guerre civile ? À ce rythme, le président qui sera élu le 29 juillet prochain peut-il gouverner dans ce contexte de défiance vis-à-vis de l’autorité centrale ?

Il est important que les premiers responsables politiques commencent à tenir des discours apaisants et rassembleurs et à appeler leurs partisans au calme et à la retenue. En ces temps d’interrogations, d’inquiétudes et d’angoisses, les médias publics et privés ont un rôle crucial à jouer dans l’apaisement. Chers confrères et consœurs, évitez d’offrir vos colonnes, vos micros et vos plateaux à des gens qui incitent à la violence et à la haine. Le Mali est notre patrimoine commun. Faisons tout pour sauvegarder notre patrie.

Par Chiaka Doumbia

Le challenger

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