Depuis cette annonce, c’est le silence-radio. En tout cas au niveau des autorités de transition, même si le sujet est revenu au centre des préoccupations à l’occasion de la commémoration des événements du 26 mars 1991. Deux camps s’affrontent depuis quelques semaines, à coups de communiqués et de déclarations via les médias.
Ainsi, il y a, d’un côté, des partis politiques et organisations de la société civile qui sonnent la fin de la transition et appellent les autorités à œuvrer au retour à l’ordre constitutionnel dans un délai raisonnable. C’est le réveil de la classe politique après un long silence, dit-on. Mais pas que car s’y ajoute la saisine, par un syndicat de magistrats, de la Cour constitutionnelle afin qu’elle constate ‘’le vide institutionnel’’ découlant de l’expiration du délai de deux ans fixés par le Décret du 6 juin 2022.
De l’autre côté, il y a les soutiens des autorités actuelles se recrutant au sein d’associations et de partis politiques. Ils défendent l’idée selon laquelle la transition ne saurait prendre fin qu’avec la tenue de l’élection présidentielle, sans préciser quand elle aura lieu.
En dépit de la polémique, qui enfle dans l’opinion non sans passion des fois, les décideurs du pays ne disent mot. Or dans un tel contexte, ils ne devraient pas continuer de garder le silence. Car il y a urgence à ouvrir le dialogue. Une option qu’ils doivent privilégier afin de sauver l’essentiel.
La dissolution d’associations ou de partis politiques, l’étouffement des voix discordantes, bref les restrictions de libertés publiques sur fond de la loi d’omerta ne sauraient être des solutions durables. Ces mesures musclées pourraient plutôt produire l’effet contraire.
La situation économique, politique et sécuritaire du pays demeure éprouvante chez les citoyens. Au point que le Mouvement Tabalé croit devoir donner l’alerte. A ses dires, il y a des ingrédients qui «contribuent sans aucun doute à l’affaiblissement de l’Etat central» et risquent de provoquer «son effondrement soit par coup de force, ou par implosion sociale avec, dans les deux cas, des risques élevés de règlements de comptes qui plongeraient le Mali dans une guerre civile».
Chiaka Doumbia