La campagne électorale pour le 1er tour de l’élection du Président de la République a commencé depuis le 7 juillet dernier sur l’ensemble du territoire. Les 24 candidats à la magistrature suprême sont donc à la chasse. Les grandes et petites affiches des postulants polluent déjà les artères de la ville de Bamako. Les messages des candidats enregistrés par le Comité national de l’égal accès aux médias d’Etat passent tous les soirs à la télévision nationale.
Le scrutin du 29 juillet se tient dans un contexte singulier. Il est important que les 24 ne perdent pas de vue cela. La crise est descendue du nord au centre avec un risque réel d’embrassement du reste du pays. La situation dans laquelle se trouve le pays aujourd’hui est plus que préoccupante. Il n’y a pas plus grave que ce qui se passe actuellement au centre du Mali avec des affrontements intercommunautaires. Personne ne sait ce que va se passer d’ici l’élection du Président de la République. Personne ne sait non plus ce qui va se passer après cette élection qui ne peut pas être une fête de la démocratie.
De nombreux citoyens de ce pays cherchent aujourd’hui leur tête, plutôt que d’aller voter. A vrai dire, ils n’ont ni le cœur ni la tête à ces échéances électorales, lesquelles semblent être devenues un mal nécessaire. Sans aucun doute, ce qui se passe actuellement au centre du pays défie l’imagination et heurte la conscience nationale. Souhaitons le meilleur pour le Mali et appelons les différents protagonistes à faire preuve de responsabilité pour que l’élection puisse se dérouler dans un climat apaisé.
« Le Challenger » adresse la présente lettre aux différents acteurs du processus électoral qui aspirent gouverner un pays en danger de disparition si l’on n’y prend garde, pour rappeler aux uns et autres leurs rôles et responsabilités.
Chers candidats, veuillez faire en sorte que notre pays soit épargné des atrocités que l’on a vues et que l’on voit dans d’autres pays suite à la lutte implacable pour le contrôle ou la prise du pouvoir. Faites en sorte que la haine ne puisse plus pénétrer davantage les esprits des citoyens à cause de vos discours ou ceux de vos soutiens.
Chers candidats, n’acceptez pas que vos soutiens les plus zélés insultent ou dénigrent gratuitement vos adversaires. La campagne doit être une confrontation d’idées comme votre bihebdomadaire préféré l’a toujours dit depuis plus de 17 ans qu’il existe : « Du choc des idées, faire jaillir l’étincelle de vérité qui libère et construit ».
Chers candidats, ayez le courage de désavouer ou de vous démarquer de ceux ou celles qui incitent à la haine, au communautarisme ou à la discrimination.
Chers candidats, ne faites pas dire à vos soutiens ce que vous ne voulez pas dire. Ne faites pas dire à vos soutiens que tel adversaire est de telle ethnie ou de telle région.
Chers candidats, ne cédez pas à la tentation de détruire vos adversaires par des propos haineux à caractère ethnique ou régionaliste. Respectez-vous chers candidats !
Chers candidats, ayez pitié de ce pays et ne cherchez pas à en rajouter à la souffrance de ces populations au nom desquelles vous cherchez à exercer la fonction suprême.
Chiaka Doumbia
Source: Le Challenger