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Entre Nous : Le cas Bandiagara

Le dialogue et, surtout l’écoute, sont indispensables à la compréhension d’un phénomène comme le terrorisme. Un phénomène aussi complexe par ses symptômes que par l’identité et les motivations des forces obscurantistes au Mali ! Ils constituent un préalable à une gestion pragmatique de la lutte contre l’insécurité, surtout dans une contrée telle que le pays dogon. Où la situation préoccupe davantage ces temps –ci et requiert plus de circonspection et de réactivité.

Ces braves et paisibles populations ont choisi de s’installer  sur un site aussi difficile d’accès voire hostile que le plateau de Bandiagara pour, semble-t-il, se mettre à l’abri de l’instinct belliqueux d’éventuels ennemis. C’est pourquoi le ras-le-bol qu’elles expriment dans le contexte actuel est facile à comprendre.

Une énième attaque ! La cible : le village de Bodio à 15 km du chef- lieu de la région. 15 innocents tués et 2 autres blessés selon un bilan officiel. Des greniers et  habitats incendiés. Des centaines d’habitants contraints de tout abandonner pour juste chercher à préserver leur vie.

Le mercredi 9 août 2023, soit 4 jours après cet autre drame d’une longue série, ‘’les forces vives de Bandiagara’’ organisent une marche pacifique et une «journée ville morte» pour exiger de nouveau que leur sécurité soit assurée. Non sans au préalable se munir d’une autorisation en bonne et due forme. «Nous sommes fatigués de compter nos morts», «Halte aux tueries des innocents !», «Le silence des autorités», ….lit-on sur les banderoles brandies par les manifestants.

Le Président du Conseil local de la jeunesse de Bandiagara, Amadou Lougoué, dont les propos sont rapportés par «Sahélien.com», rouspète contre le silence et l’inaction des autorités malgré leurs multiples alertes et autres manifs, en plus des propositions de sortie de crise.

Cependant, contre toute attente, la manifestation dégénère. Des échauffourées opposent manifestants et forces de sécurité. On parle de 11 blessés, dont 4 parmi  les forces de l’ordre. L’image d’un manifestant ensanglanté a fait le tour des réseaux sociaux. Evacué à l’hôpital Sominé Dolo de Sévaré il a, semble-t-il, succombé à ses blessures selon un post, en date du jeudi 10 août 2023, sur une page Facebook censée appartenir au Conseil local de la Jeunesse de Bandiagara.

Comment en est-on arrivé là? Qui a tiré ? Pour l’ancien député de Koro, non moins membre de la Jeunesse de l’Adema-Pasj, Youssouf Aya, «l’usage d’armes à feu contre des populations civiles en quête de sécurité et de vie sauve est inacceptable et injustifiable». L’allusion est claire.

Au-delà des appels au calme lancés par le Gouverneur, il urge pour les autorités régionales de faire la lumière sur ces événements. Et pour les autorités politiques et militaires du Mali d’honorer les engagements suite auxquels les forces vives de la région ont mis fin, en décembre 2021, à la désobéissance civile organisée pour les mêmes raisons. Le 3 décembre 2021, 31 innocents ont été tués et 17 autres blessés suite à une attaque contre le village de Songho.

Par Chiaka Doumbia

Le Challenger

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