Dès le lendemain de la grande mobilisation, qui a vu déferler sur Bamako, Kayes, Nioro…une véritable marée humaine, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, a rouvert ses portes à certaines couches de la société.
Ainsi, le samedi 6 avril, dans l’après-midi, il a reçu le bureau national de la Ligue des Imams du Mali (LIMAMA). Le 8 avril, les représentants de familles fondatrices et les chefs coutumiers de Bamako ont pu échanger avec lui. Le même jour, en début de soirée, dans la salle des banquets du Palais de Koulouba, il a reçu les chefs religieux dont, le Président du Haut-Conseil Islamique du Mali, l’imam Mahmoud Dicko, l’Archevêque de Bamako, Cardinal Jean Zerbo, le Révérend Pasteur Nouhou Ag Infahi Yattara, le président du Groupement des leaders religieux et spirituels du Mali, Ousmane Chérif Madani Haïdara.
Le lendemain, mardi 9 avril, en début de soirée, les partis politiques membres de la Plateforme Ensemble pour le Mali (EPM) ont été reçus par le locataire de Koulouba. Lequel a profité de cette rencontre pour remettre au Président de cette plateforme, une copie de l’avant-projet de loi portant révision de la Constitution du 25 février 1992 élaboré par le Comité d’experts pour la réforme constitutionnelle.
Fait notable, parce qu’aussi paradoxal que cela puisse paraître, le Premier ministre, chef du gouvernement, Soumeylou Boubèye Maïga, qu’il avait présenté quelques semaines plutôt comme chef de la majorité présidentielle, a assisté à toutes les rencontres, sauf à celle avec EPM.
Le Président IBK rencontre ce jeudi 11 avril 2019, le Front pour la sauvegarde de la démocratie, la Coalition des Forces Patriotiques (CoFop), les Fare An ka Wili, l’ADP Maliba, le Pacte malien pour la Refondation, la CNAS Faso Hèrè, le RpDm et le parti Yelema Le Changement.
La très grande mobilisation du 5 avril aura-t-elle contraint le chef de l’Etat à daigné émerger de son sommeil forcé pour opérer une reprise en main des choses ? On est tenté de s’interroger même si, de son côté, force est de constater que cette tentative s’avère bien laborieuse.
En effet, IBK aura tort de réduire la gigantesque manifestation du 5 avril aux quelques slogans contre la présence de Barkhane et de la Minusma. Il ne peut pas ne pas être amplement informé par ses services dont personne ne peut douter de la compétence. S’il a décidé en revanche de ne pas tirer les leçons du message délivré par sa population en colère, c’est aussi son droit de mettre son ego au-dessus de son intelligence.
Si le spécialiste de l’histoire des institutions et des faits sociaux pense ainsi agir au moment où leur machin – MNLA – célébrait l’anniversaire de leur Azawad dans l’enclave kidaloise, grand bien lui fasse !.
Là où il en est aujourd’hui, le Président IBK est obligé de jouer la carte de la franchise avec sa propre majorité mais aussi avec les différentes forces de l’opposition (politique, syndicale et religieuse). Le chef de l’Etat doit se rendre maintenant à l’évidence qu’il ne peut plus continuer de dribbler les uns et les autres et continuer avec les effets de manches.
Il ne suffit pas d’inviter les acteurs à Koulouba ou à la villa des hôtes devant les caméras. La situation actuelle exige des mesures concrètes.
Chiaka Doumbia
Source: lechallenger