Les moyens de transport en commun étaient, une fois de plus, absents de la circulation routière à Bamako, hier mardi 23 mars. Cela fait suite à un arrêt de travail de 72 heures, décrété par les syndicats des transporteurs routiers, après l’échec des discussions avec le gouvernement autour du paiement de la redevance de péage par passage et par véhicule en vigueur depuis le 1er mars dernier. Dans les marchés tout comme dans les rues de Bamako, nombre de citoyens sont agacés par ce bras de fer qui dure depuis des mois.
Hier, la circulation à Bamako n’avait pas son allure habituelle : moins d’embouteillages, les gares routières vidées, les Sotrama et taxis qui sont de véritables animateurs de cette circulation d’habitude grouillante, étaient garés aux abords des routes. Une situation qui pourrait se poursuivre jusqu’au jeudi prochain si les syndicats des transporteurs et le gouvernement ne tombent pas d’accord.
Visiblement ce sont les usagers qui payent les frais de cette situation de tourment.
Il est 10 heures passées et Oumou Diarra, vendeuse au marché de Médine, d’habitude matinale, n’est pas parvenue à ouvrir son petit commerce. » C’est la deuxième fois que des apprentis me font descendre d’un moto-taxi. En tant que mère de famille et ayant des bouches à nourrir, nous souffrons énormément de cette situation. Il faut qu’ils trouvent une solution « , a-t-elle martelé, d’un air remonté.
Les marchés sont restés ouverts
Contrairement à des informations qui faisaient état de la fermeture des marchés, ceux-ci sont ouverts »même si l’affluence n’était pas à hauteur de souhait » a témoigné El Hadj Siby, commerçant au grand marché de Bamako. Pour un autre commerçant qui a requis l’anonymat, »l’Etat et les syndicalistes sont tous coupables de cette souffrance des populations ». » Tout le monde sait que l’affluence dans les marchés dépend de la circulation des moyens de transport « , a-t-il précisé avant d’indiquer qu’un compromis entre le gouvernement et les syndicats des transports ‘‘n’est pas impossible si c’est l’intérêt des citoyens qui prime ».
Les conducteurs de motos-taxis entrainés de force
Si les motos-taxis ne sont, jusque-là, pas affiliés à un syndicat de transport reconnu par l’Etat, les conducteurs de ce nouveau moyen de transport à Bamako étaient contraints d’arrêter leur activité par des jeunes apprentis-chauffeurs qui ont recours à la violence. « Les apprentis-chauffeurs sont arrêtés à chaque carrefour et nous obligent à faire descendre nos clients mais, en plus de cela, ils nous imposent le paiement d’une somme d’argent « , témoigne Sékou Barry, chauffeur de moto-taxi. Des situations qui ont conduit à l’interpellation de deux jeunes au niveau du commissariat du 14ème Arrondissement pour »trouble à l’ordre publique ». » Nos éléments en patrouille pour la circonstance ont interpellé deux jeunes garçons qui s’en prenaient à des conducteurs de moto-taxi. L’un d’eux était en possession d’un lance-pierre et des boules en métal qu’il serait prêt à utiliser contre les chauffeurs de moto-taxi qui refuseraient d’obtempérer « , a expliqué le chef de poste, Bréhima Sanogo, lors de notre passage.
Cependant, nombreux sont les usagers et les conducteurs de moto-taxi qui se demandent quand est-ce que les autorités penseront à les sécuriser davantage, d’autant que les transporteurs non-grévistes, pourtant très nombreux, sont entrainés de force dans la grève par les tracasseries des piquets de grève sauvages assurés par des chauffeurs et des apprentis.
Rappelons que le paiement de la redevance de péage par passage, prévu par les arrêtés interministériels du 14 mai 2008, conformément à l’application du règlement 14 de l’UEMOA relatif à la surcharge est à la base de la discorde.
Signalons aussi que cette mesure, qui peine à être appliquée au Mali, est une disposition sous-régionale, adoptée en 2005 et qui est appliquée dans les huit pays de l’UEMOA ainsi que le Ghana et la Guinée Conakry.
Moussa Bilaly SIDIBE, Stagiaire.
Source: l’Indépendant