L’ONG assure le fonctionnement de la crèche et contribue au développement physique et psychologique des tout-petits.
Nous sommes arrivés l’après midi, sous un soleil ardent, dans la cour du Centre spécialisé de détention, de rééducation et de réinsertion pour femmes et filles mineures de Bollé (Csdrf).
Au niveau de la crèche, des enfants jouent. Certains sont regroupés autour d’une balançoire. A tour de rôle chacun se hisse sur la planche et les copains le poussent imprimant à leur jouet un va-et-vient dans l’air. Plusieurs bambins se laissent glisser sur le toboggan, ou jouent à la chaise roulante. Des jeux sont peints à la couleur nationale. Les mères depuis la cuisine observent les faits et gestes des petits. Ce décor reflète le quotidien des enfants des mères détenues de Bollé.
Ces innocents accompagnent leurs mamans en détention conformément à la loi portant régime pénitentiaire. La législation dans son article 75 stipule que « les enfants peuvent être laissés auprès de leur mère en détention jusqu’à l’âge de trente-six (36) mois. Il appartient au service social de l’établissement de pourvoir à leur placement avant cette échéance au mieux de leur intérêt et avec l’accord des personnes qui exercent à leur égard l’autorité parentale ». A Bollé, beaucoup de mères, accompagnées de leurs bébés, sont incarcérées. Pour des raisons culturelles, il est difficile pour une mère de confier son enfant en bas âge à une inconnue. Quand une mère arrive à Bollé accompagnée de son enfant, les deux sont admis d’office. Mais, elle peut arriver seule. Son enfant la rejoindra quelques jours après l’écrou. L’autorité n’acceptera ce rejeton que si la détenue produit les pièces prouvant qu’elle est sa mère. Le centre de Bollé héberge des femmes enceintes, qui accouchent pendant la période de détention. Pour éviter de stigmatiser les bébés qui vont naître, des dispositions sont prises pour que les mères n’accouchent pas en prison. Elles sont transférées dans les centres de santé proches. L’acte de naissance du nouveau-né ne mentionnera pas le mot « prison ». L’honneur du bébé et de sa mère est sauf. Beaucoup d’enfants vivent leurs premières années dans la prison pour femmes de Bollé. L’article 75 de la loi, portant régime pénitentiaire, prévoit que les enfants des détenues soient acceptés jusqu’à l’âge de 3 ans. Mais leur prise en charge n’est pas prévue dans le budget. Néanmoins l’administration pénitentiaire fournit des efforts pour leur prise en charge. « Tout est mis en œuvre pour l’alimentation des enfants. Tous les matins nous préparons de la bouillie. Ces dépenses sont prélevées sur la dotation que l’Etat alloue », a expliqué le directeur adjoint. Les autorités pénitentiaires lancent un appel aux décideurs de leur fournir des médicaments adaptés à l’âge des enfants. Le centre de Bollé ne dispose pas de pédiatrie. Les enfants sont consultés au niveau de l’infirmerie. Pour des cas nécessitant une consultation pédiatrique, les responsables accompagnent l’enfant dans un centre de santé de proximité où officie un pédiatre. L’ordonnance prescrite est à la charge de l’ONG Maya-Ton, conformément aux termes du contrat signé avec Bollé depuis 2002. Tous les enfants bénéficient de toutes les campagnes de vaccinations périodiques.
L’ONG Maya-ton est restée fidèle à sa vocation. Elle favorise l’épanouissement des enfants des prisonnières. Ils ne doivent pas subir les rigueurs de la prison. Une crèche accueille les enfants. Les mamans sont à l’aise de suivre les activités de formation pour la réinsertion post carcérale. Le coordinateur des programmes de Maya-ton, Moussa Bagayoko, explique que l’O.N.G Maya-Ton assure le fonctionnement de la crèche et contribue au développement physique, psychologique des enfants. Elle apporte un soutien moral aux mères à travers plusieurs activités, notamment, l’apport en complément nutritionnel aux enfants 7 jours sur 7.
Ce programme est confié à une aide monitrice. Le suivi sanitaire préventif et curatif des enfants pendant tout leur séjour est assuré par un infirmier permanent et un médecin généraliste.
Cette équipe consulte une fois par semaine. Elle prend en charge les soins médicaux des enfants sur place. La garde des enfants, l’organisation des activités d’éveil, d’éducation et d’apprentissage est le domaine d’une monitrice. L’environnement est sain et sécurisé à Bollé. Des visites à l’extérieur de la prison sont organisées dans les familles qui acceptent et dans d’autres structures d’accueil des enfants. Les mères reçoivent une dotation en matériel d’hygiène (savon) une fois par semaine. L’appui psycho social des mamans est assuré par un psychologue. A ce jour, 15 enfants vivent en compagnie de leurs mamans détenues.
Aminata Dindi Sissoko
L’Essor