Le lieu de détention du chef de l’ex junte de Kati, Amadou Haya Sanogo (sous les verrous depuis novembre dernier), a été transféré en début de semaine dernière, à Sélingué une localité de la 3è région située à 140 Km de Bamako. Une localité où ses conditions de détentions sont ramenées à leur plus petite expression. Ainsi, les copieux repas qu’on lui servait à Bamako, sont aujourd’hui remplacés par la gamelle, repas pauvres en vitamines et offerts aux nouvelles recrues en centre d’instruction…

«C’est le mardi dernier, aux environs de midi qu’un dispositif militaire très léger, l’a emmené à Sélingué», nous confie un cadre en service dans cette localité.

Selon notre interlocuteur, l’ancien patron du CNRDRE (la junte qui a renversé Amadou Toumani Touré le 22 mars 2012) est détenu dans un lieu infesté de moustiques et de reptiles de toute sorte dont des serpents. Une certitude : à Sélingué, le détenu ne bénéficie plus des poulets et autres repas copieux auxquels il était habitué à Bamako. Ainsi, il serait nourri à la gamelle (récipient métallique individuel ou collectif muni ou nom d’un couvercle pour faire la cuisine ou transporter des aliments), ration alimentaire servie aux nouvelles recrues lors de leur formation. Une condition que Amadou Haya Sanogo a vite refusée dès ses premiers jours de détention à Sélingué. Après quelques jours de grève de la faim, il (Sanogo) accepta de se nourrir mais en posant une condition : qu’on autorise un de ses proches parents à goutter d’abord toute nourriture qu’on lui apporte. Ce qui lui aurait été accordé.

Enfermé à double tours dans sa cellule…

Quand la décision de son transfèrement à Sélingué fut décidée la semaine dernière par Yaya Karembé, juge d’instruction chargé du dossier de la disparition de militaires, (une affaire pour laquelle le chef de l’ex junte et plusieurs de ses compagnons sont poursuivis), beaucoup de nos concitoyens ont vu dernière l’ordonnance du juge Karembé une volonté du pouvoir d’offrir au prisonnier une prison dorée, à Sélingué loin des regards indiscrets. Mais après une semaine passée déjà dans ce lieu, on peut dire que c’est d’ailleurs maintenant que l’homme du 22 mars a réellement commencé à goûté à la prison, au regard de ses conditions de détentions réduites aujourd’hui à leur plus simples expressions.

En effet, outre sa détention dans cet endroit où pullulent des serpents venimeux, le capitaine-général Sanogo, ainsi que nous avons pu le remarquer lors de notre passage, il y a quelques jours, dans la localité, vit, non pas dans une villa mais dans une petite chambre en tôle et où la chaleur ne fera aucun cadeau pour son occupant en cette période de canicule.

Aussi, contrairement à Faladié où il avait fréquemment la visite de proches, à Sélingué, les visites (au détenu) sont strictement contrôlées et assujetties à l’obtention préalable d’une autorisation auprès de la brigade de gendarmerie. Cette mesure s’imposerait même à ses avocats. Egalement, alors qu’à l’école de gendarmerie de Faladié il lui arrivait de sortir dans la cour pour passer quelques instants avec ses gardes, à Sélingué, c’est l’isolement total. Il reste toute la journée enfermer dans sa cellule et n’a que très peu de contact avec l’extérieur, encore moins avec ses gardes une équipe de quelques éléments de l’escadron positionnés de part et d’autre du site le doigt constamment sur la gâchette. L’endroit où toute prise d’images est formellement interdite, attire facilement le regard des curieux à cause du fait qu’il s’agit d’un espace non clôturé et situé sur la route menant au barrage et aux périmètres irrigués de la localité.

Aujourd’hui, le détenu se fait beaucoup de souci et ne s’explique pas un tel durcissement de ses conditions de détention.

Il  y a quelques jours, en guise de protestation, le général détenu se blessait au front à l’intérieur de sa cellule, en cognant plusieurs fois de suite sa tête contre le mur.