Allons-nous vers un dénouement heureux de cette crise politique ? Il est difficile de répondre à cette interrogation à l’état actuel des tractations entre les protagonistes de la crise. Mais une chose est sûre, depuis des semaines, des négociations sont en cours pour obtenir la libération des 11 cadres politiques arrêtés depuis le 20 juin 2024 suite à la violation de la décision d’interdiction des activités politiques.
Les 11 personnalités politiques emprisonnées par les autorités de transition font maintenant l’objet de négociations. Selon certaines indiscrétions, le religieux Ousmane Chérif Haïdara, président du Haut conseil islamique du Mali, dirigerait les pourparlers au nom des prisonniers. Du côté du gouvernement, ce serait le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, le colonel Abdoulaye Maïga. Nous avons contacté des membres du regroupement politique dont sont issus les 11 prisonniers politiques, mais ces derniers n’ont ni confirmé ni infirmé les négociations.
Ces personnalités politiques ont été arrêtées le 20 juin 2024. On sait que le communiqué ayant annoncé la reprise des hostilités après la fête de Tabaski avait été diffusé au nom des partis politiques signataires de la déclaration du 31 mars 2024. Ces partis s’opposent à la prolongation de la transition et à la non-tenue des élections. Parmi ces partis, il y a l’Adema et le RPM qui font partie des poids lourds de la scène politique. Et on retrouve parmi les personnalités arrêtées, des responsables de ces deux grands partis qui ont tous les deux dirigé le pays. Leur interpellation est survenue lors d’une “rencontre privée” au domicile d’un responsable de cette coalition. Elle dénonce une “énième violation des libertés fondamentales et condamne avec la dernière énergie ces arrestations arbitraires”. Elle “exige leur libération sans délai”. Les autorités de la transition justifient cette interdiction et les arrestations subséquentes par la nécessité de maintenir l’ordre et la stabilité dans un contexte politique fragile. Les individus arrêtés, tous membres influents du paysage politique malien, sont accusés de “tentative de déstabilisation, atteinte à la sûreté de l’État et troubles à l’ordre public”. Parmi eux figurent des hommes politiques bien connus et respectés, notamment des anciens ministres et hauts responsables de divers partis. Il s’agit de Moustapha Dicko, ancien ministre et vice-président du parti Adema-Pasj, Yaya Sangaré, secrétaire général de l’Adema Pasj, Mamadou Traoré, président du Parti Union, Moulaye Haïdara du parti Pdes ; Samba Coulibaly, électronicien, Abdramane Korera, Ingénieur télécom et membre de l’Asma, Laya Guido, économiste à la Fseg, Adama Maïga, vice-président du RPM et professeur à l’Université de Kabala, Male Camara, membre du Cndr et Amadou Traoré, membre de l’Alternative pour le Mali.
Ces arrestations ont eu lieu dans un climat politique tendu où les accusations de déstabilisation et de troubles à l’ordre public sont prises très au sérieux par les autorités. Le procureur de la Commune V du District de Bamako a souligné l’importance de maintenir l’ordre public et la stabilité nationale en justifiant ces détentions.
Les partis signataires de la déclaration se sont opposés également à la suspension des activités des partis au Mali. Le gouvernement a pris cette décision au moment où il procédait à la prolongation de la transition. Les partis qui comptent sur les élections pour rebondir et reconquérir le pouvoir ne se sont pas reconnus dans la décision du gouvernement de suspendre leurs activités. Même si certains ont ainsi choisi de lutter ouvertement contre le pouvoir en place étant au Mali, d’autres se sont exilés.
Par ailleurs, certains soupçonnent les partis d’être de connivence avec certains groupes armés dont les responsables sont en fuite.
Nouhoum DICKO
L’Alerte