De New York, le chef de l’Etat a plaidé pour toujours plus d’investissements en faveur du développement, particulièrement en Afrique.
Emmanuel Macron n’est pas arrivé seul sur scène et ce n’est pas un hasard. Sous une salve d’applaudissements, le président français s’est avancé mercredi 26 septembre main dans la main avec DJ Switch, une Ghanéenne d’à peine 10 ans et déjà une célébrité sur le continent africain, sur le podium du Goalkeepers 2018, organisé par la Fondation Bill et Melinda Gates (partenaire du Monde Afrique) à New York en marge de la 73e Assemblée générale des Nations unies.
Un symbole fort alors que l’événement, qui vise à attirer l’attention sur les progrès des Objectifs de développement durables (ODD) adoptés en 2015 par l’Organisation des Nations unies (ONU) pour éradiquer la pauvreté et les inégalités d’ici à 2030, est placé cette année sous le thème de la jeunesse. « Il n’y a jamais eu autant de jeunes dans l’histoire du monde : 1,8 milliard de la population mondiale a moins de 30 ans et la plus grande majorité de cette jeunesse est africaine », a insisté le chef de l’Etat français face au couple de philanthropes milliardaires Bill et Melinda Gates et à une assistance fournie composée d’acteurs du développement, militants, représentants d’organisations non gouvernementales et personnalités politiques, venus de plus de cinquante pays.
L’air détendu, dans une ambiance plus festive que la veille à la tribune des Nations unies, Emmanuel Macron a réitéré son appel à « choisir la voie du multilatéralisme » et plaidé pour toujours plus d’investissements en faveur du développement, particulièrement en Afrique. « Si nous nous contentons seulement de faire des discours chaque année, nous n’avancerons jamais (…). Il faut investir : c’est bon pour la planète, mais c’est bon pour vous aussi », a-t-il martelé.
« LES JEUNES AFRICAINS NE DEVRAIENT PAS VOULOIR RESSEMBLER À L’EUROPÉEN OU À L’AMÉRICAIN DES ANNÉES 1980, MAIS À L’AFRICAIN DU XXIE SIÈCLE. »
Invité star de cette deuxième édition des Goalkeepers, ou « gardiens des objectifs », le président français a rappelé les trois piliers nécessaires pour lutter contre la pauvreté dans le monde : l’éducation, la santé et le changement climatique. « Nous sommes à la traîne concernant les objectifs fixés par l’accord de Paris. Et les premières conséquences de tout ce changement climatique sont déjà là », a-t-il averti.
M. Macron a également appelé à redoubler d’efforts pour faciliter l’accès des jeunes filles à « une éducation de qualité ». Un manque d’éducation les expose aux dangers du mariage précoce, au fanatisme, au chômage et à la pauvreté, estime le président, qui a rappelé la contribution de la France au Partenariat mondial pour l’éducation. « Que quelqu’un me présente une jeune fille qui a décidé de quitter l’école à 10 ans pour se marier à 12 ans. Et ce n’est pas pour donner une leçon aux Africains depuis New York, c’est tout simplement de la pure connerie ! », s’est-il emporté.
L’intervention du chef de l’Etat fait écho à son discours de Ouagadougou, en novembre 2017, où il s’était adressé à des étudiants burkinabés et avait assuré vouloir faire table rase du passé. « Votre futur ne doit pas se construire avec la représentation ni les erreurs du passé », a lancé Emmanuel Macron devant une audience captivée. « Les jeunes Africains ne devraient pas vouloir ressembler à l’Européen ou à l’Américain des années 1980, mais à l’Africain du XXIe siècle. Construisez vous-même votre avenir. Ce n’est pas à moi de décider ce qui est bon pour une jeune fille à Ouagadougou ou un jeune homme à Lagos. »
4,7 milliards de dollars
La présence d’Emmanuel Macron à cette cérémonie organisée par une fondation devenue un contributeur de premier plan pour l’aide au développement dans le monde n’est pas étrangère aux récentes promesses de la France. A la tribune des Nations unies, le 25 septembre, Emmanuel Macron a annoncé une hausse de l’aide publique au développement de la France de 1 milliard d’euros dès 2019 et un accroissement des crédits humanitaires de 40 %.
Pionnière dans son domaine et partenaire incontournable des grandes organisations internationales, la Fondation Gates est devenue en quelques années une puissante actrice du développement. Dotée d’un budget annuel de 4,7 milliards de dollars, elle est la plus riche du monde, présente sur tous les terrains, et certainement la plus influente. « Je partage les méthodes et la philosophie que vous promouvez », a lancé M. Macron face à Bill et Melinda Gates, remerciant le couple pour son « leadership ».
Par Ghalia Kadiri (New York, envoyée spéciale)
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