Le chef de l’Etat a détaillé, jeudi, les grands chantiers de sa politique devant les préfets réunis à l’Elysée. Il a assuré que la réforme des retraites serait menée « en cherchant les compromis ».
S’exprimant devant les préfets réunis à l’Elysée, le chef de l’Etat a détaillé, jeudi 15 septembre, les grands chantiers de sa politique dans le contexte économique et social difficile de la rentrée. « Un projet de loi relatif à l’asile, donc à l’immigration dans la République, sera déposé dès début 2023 », a-t-il notamment annoncé.
« Notre politique, aujourd’hui, est absurde », « inefficace et inhumaine » en matière d’asile car elle « consiste à mettre des femmes et des hommes qui arrivent, qui sont dans la plus grande misère », dans les quartiers les plus pauvres, a-t-il estimé.
« Différencier les procédures » et « accélérer leur instruction »
« Nous devons réformer nos procédures pour pouvoir aller beaucoup plus vite et c’est indispensable. Il faut préserver les droits fondamentaux de toute personne mais il faut pouvoir aller beaucoup plus vite, avant toute chose, pour lutter contre toutes les pratiques dilatoires », a-t-il ajouté.
Selon lui, il faut « différencier les procédures », « accélérer leur instruction » et « intégrer beaucoup plus vite et beaucoup mieux celles et ceux qui ont même un titre provisoire par la langue et par le travail ».
Emmanuel Macron a aussi plaidé pour une meilleure répartition des étrangers sur le territoire français, notamment dans les « espaces ruraux, qui, eux, sont en train de perdre de la population », et a promis « d’améliorer l’efficacité des politiques de reconduite » à la frontière pour les étrangers en situation irrégulière.
Il a par ailleurs affirmé vouloir envoyer « un message clair », assurant que la France a « commencé à renforcer très fortement [ses] politiques en conditionnant davantage » l’octroi des visas « à l’esprit de coopération pour reprendre les étrangers en situation irrégulière, à commencer par celles et ceux qui troublent l’ordre public ». Une référence aux pays qui refusent d’accorder les laissez-passer nécessaires au retour de leurs ressortissants expulsés de France.
Le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin avait annoncé, fin juillet, la présentation d’un projet de loi sur l’immigration dès l’automne, avant de finalement reporter l’échéance début août en annonçant qu’auraient d’abord lieu des concertations à son ministère puis un « grand débat » au Parlement en octobre sur le sujet.
Réforme des retraites dans un esprit de « concertation sociale »
Sur un autre volet, Emmanuel Macron a par ailleurs affirmé devant les préfets que le gouvernement allait mener la réforme des retraites, « qui s’impose » selon lui, « par la concertation sociale et en cherchant les compromis, mais avec un objectif qui est de rééquilibrer les comptes de notre système de retraite mais aussi de créer plus de richesses pour pouvoir financer notre modèle social ».
Il n’a en revanche pas donné de détails sur la méthode et le calendrier, alors que certains membres de la majorité souhaitent que cette réforme soit adoptée dès cet automne dans le cadre du projet de loi de budget de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2023, en dépit d’une vive opposition des syndicats et de la gauche, et d’une partie de son camp.
Le PLFSS doit être présenté en conseil des ministres le 26 septembre, avant d’être débattu en commission à l’Assemblée nationale puis à partir du 20 octobre dans l’Hémicycle en première lecture. Emmanuel Macron s’était engagé durant la campagne présidentielle à « décaler l’âge de départ légal jusqu’à 65 ans », contre 62 ans actuellement, à raison de « quatre mois par an » jusqu’au « milieu des années 2030 ». Il n’est plus forcément question d’un tel report, mais possiblement d’un allongement de la durée de cotisation.
Devant les préfets, le président a également réaffirmé que la France n’avait « pas de marge de manœuvre » budgétaire, en raison de l’impossibilité d’accroître le déficit public et d’augmenter les impôts. « Le seul moyen de financer toutes ces politiques, c’est de créer davantage de richesses et donc », selon lui, « le cœur de la politique (…), c’est le travail ».