Le continent ne peut prétendre à une émergence économique, démocratique, sociale et culturelle effective que lorsque nos soeurs qui représentent plus de la moitié de la population africaine cessent d’être considérées comme des citoyennes secondaires dans le développement économique
Bamako abrite depuis hier un forum sous-régional des femmes initié par la plateforme des femmes leaders du Mali et leurs partenaires. Le forum a pour thème : «Émergence de l’Afrique à l’horizon 2035 : contraintes, défis et opportunités pour une participation effective des femmes et les organisations féminines».
L’ouverture de la rencontre a été présidée par le Premier ministre Modibo Keïta. C’était en présence de plusieurs membres du gouvernement et des représentants des pays participants. Environ 300 participantes, responsables et leaders associatives maliennes, africaines et internationales. Une priorité a été donnée pour cette édition aux organisations féminines issues des pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), élargie à des pays invités, compte tenu de leurs spécificités. C’est ainsi qu’une attention particulière a été portée aux femmes leaders des Caraïbes. Il est évident que le continent ne peut prétendre à une émergence économique, démocratique, sociale et culturelle effective que lorsque les femmes représentant plus de la moitié de la population africaine, par conséquent de sa ressource humaine sont considérées comme secondaires dans le développement économique d’un pays.
A travers ce regroupement des femmes, il s’agissait de faire un état des lieux, sans concession, des engagements des Etats, des organisations régionales et de la communauté internationale en faveur de la participation des femmes au développement du continent. Le forum permettra également de faire une évaluation spécifique de l’apport des femmes : dans la croissance économique des pays du continent ; dans la prévention des conflits, la construction de la paix, la réconciliation et le vivre ensemble ; ainsi que dans la gouvernance politique.
La rencontre de trois jours se propose aussi d’apporter une réflexion prospective de la démographie de l’Afrique à l’horizon 2035 et voir ses impacts sur la croissance économique et l’émergence du continent. Il sera fait une analyse des contraintes structurelles, conjoncturelles et institutionnelles, qui entravent la participation effective des femmes et les défis de leur contribution à l’émergence de l’Afrique. De même que l’état des lieux de la recherche universitaire et scientifique sur les questions de genre et de développement et l’identification des marges de progrès de la connaissance sur ce champ.
Le forum permettra une capitalisation, une valorisation et une mutualisation des pratiques, projets et programmes les plus pertinents en faveur d’une participation efficiente des femmes à l’émergence du continent. L’un des temps forts de la rencontre de Bamako sera certainement le dialogue intergénérationnel entre les femmes et les jeunes leaders tout en capitalisant les acquis et leurs pratiques respectives.
Véritable lieu de plaidoyer, la rencontre se propose de plaider en faveur d’une mobilisation et l’engagement de la jeunesse féminine africaine à l’instar des femmes Leaders. Il y aura un focus particulier sur la femme rurale à travers la promotion et la valorisation de son apport dans le secteur de l’agro-industrie et de l’agro-business au Mali et dans l’espace UEMOA.
Une plaidoirie sera également faite sur la base des orientations et des recommandations issues de cet atelier pour la reconnaissance des femmes comme architectes d’une Afrique émergente à l’horizon 2035 puis 2063, conformément à l’Agenda de l’Union africaine. Il est aussi prévu, une formalisation à court terme d’un programme quinquennal ambitieux ‘’Femme, développement et croissance inclusive’’ en faveur de la participation des femme à l’émergence de l’Afrique.
Le Premier ministre a réitéré le soutien du président de la République du Mali à la cause de la femme malienne et africaine pour leur promotion, leur épanouissement et leur autonomisation. Modibo Keïta a réaffirmé le soutien du gouvernement à ce forum conjoint des femmes leaders du Mali. Une initiative dit-il qui vise à accompagner les efforts des Maliennes, en bâtissant avec elles des projets communs pour le renforcement de leurs capacités ainsi que leur participation pleine et entière à la gestion des affaires publiques et au effort de développement du pays.
En adoptant le protocole de Maputo, les dirigeants africains ont exprimé leur volonté de promouvoir des droits de la femme et des filles a estimé le Premier ministre. « La tenue de cette deuxième édition est un encouragement pour tous à s’investir pour relever le défi. Car le rôle de la femme dans le développement social et économique et culturel de l’Afrique n’est plus à démontrer » a indiqué le chef du gouvernement. Modibo Keïta n’a pas cessé de vanter les mérites des femmes d’une façon générale. Selon lui, ce n’est pas pour rien qu’on dit que les femmes sont des forces à la fois centrifuge et centripète.
S’agissant de la problématique de l’autonomisation des femmes, le chef du gouvernement dira qu’elle ne doit pas être perçue seulement comme un fruit des progrès que les Etats africains réalisent, mais comme un facteur décisif de renforcement de nos capacités à réaliser le développement véritable et l’émergence de nos économies.
L’autonomisation de la femme a souligné le Premier ministre est à la fois les effets et la cause du progrès économique. Les femmes doivent être au bout, au milieu et à la fin de toute entreprise.
M. A. TRAORE
source : L’ Essor