« L’embargo imposé au Mali après le coup d’État viole l’article 45 du protocole de bonne gouvernance de la CEDEAO que les États brandissent », a indiqué l’Association malienne des consommateurs du Mali, ASCOMA. Depuis la prise de la mesure lors du sommet des chefs d’État, les banques se retrouvent « pénalisées » avec la fermeture des guichets de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) sur l’ensemble du territoire malien.
Pour réclamer justice, l’Association des consommateurs du Mali envisage d’attaquer la CEDEAO devant les juridictions internationales. En plus de la fermeture des frontières, les chefs d’État de la CEDEAO ont instruit également la suspension des transactions bancaires vers Mali. Ainsi, la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest a fermé ses guichets au Mali et suspendu aussi le système de compensation bancaire. Avec cette situation, certains salariés auront du mal à recevoir leur argent en cette fin de mois, souligne le secrétaire général du Syndicat des banques et établissements financiers, information rapportée par nos confrères de studiotamani.org.
« Les salariés qui ont leurs banques ailleurs, où il faut que la banque passe par ailleurs pour payer les gens, c’est là où c’est compliqué. C’est à ce niveau que nous avons vraiment besoin que la BCEAO ouvre. Il y a l’approvisionnement aussi pour que les banques, servies en liquidité », a souligné Hamadoun Bah, secrétaire général du Syndicat national des banques et établissements financiers.
Préoccupée par la situation, l’Association des consommateurs du Mali (ASCOMA) entend attaquer la décision de la CEDEAO devant les juridictions internationales. L’embargo viole l’article 45 du protocole de bonne gouvernance de la CEDEAO que les États brandissent pour sanctionner le Mali, a déclaré Abdoul Wahab Diakité, vice-président de l’ASCOMA.
« L’article 45 de ce protocole précise que les sanctions sont prises contre l’État et pas contre les populations. La population du Mali a besoin d’accéder aux services essentiels. Nous, en tant que consommateurs, nous allons nous constituer. C’est sûr, il y a d’éminents juristes au Mali et sur le plan international également pour défendre les communautés maliennes. Cela ne peut pas constituer », regrette M. Diakité, pour qui : « Il ne peut pas y avoir un protocole, et que les chefs d’État ne respectent pas ce protocole ».
Face à cet embargo, certains économistes craignent une flambée des prix des denrées de première nécessité dans les prochains jours. Toutefois, les autorités compétentes rassurent que le stock actuel permet une stabilisation des prix pour les jours à venir, sans préciser la durée.
« Lever l’embargo instauré par la CEDEAO sur le Mali et voir comment accompagner le Mali à sortir de la crise actuelle à travers les nouvelles autorités de transition qui seront mises en place ». Voilà, selon Dr Bréma Ely Dicko, les deux principaux enjeux du prochain sommet des chefs d’État de la CEDEAO sur le Mali. Selon l’universitaire, le pays est déjà fragilisé et n’y a aucune raison pour que les sanctions soient maintenues. En tous cas, beaucoup de pays ressentiront les impacts de la mesure de la CEDEAO.
Bourama Kéïta