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Electricité : Bamako renoue avec l’obscurité

Les Maliens souhaitent, en plus de l’accessibilité, une modernisation de la chaine de valeur de la viande. Cela suppose des conditions préalables dont la disponibilité du courant électrique. Il faut une chaine de froid permanente pour permettre la bonne conservation et le transport des produits entre différentes localités. On attend beaucoup d’EDM dans ce contexte. Mais les choses ne s’annoncent pas bonnes en la matière, puisque les habitants de la capitale, Bamako, vivent un cauchemar à cause des coupures intempestives de courant.

Ce qui dérange les gens, surtout les clients de la compagnie publique chargée de vendre de l’électricité, c’est que ces coupures arrivent au moment où on s’y attend le moins. La majeure partie de l’électricité étant fournie à partir des barrages hydroélectriques, les consommateurs ne pardonnent pas à EDM les perturbations en plein hivernage. En cette période de l’année, les coupures de courant doivent être rares, puisque les turbines tournent à plein régime et que la chaleur a diminué.

Les deux grands fleuves qui arrosent le Mali et qui abritent les barrages électriques, à savoir les fleuves Niger et Sénégal, sont en pleine crue depuis plus de trois mois. Les gens voudraient donc entendre tout de la part d’EDM-SA sauf les coupures régulières de courant auxquelles on assiste.

Le nouveau directeur général de l’entreprise ne pouvait pas arriver au pire moment. Il prend en effet les rênes d’une boîte qui paye la rançon du business des investissements hasardeux. Pendant des décennies, l’entreprise a misé presque exclusivement sur les hydrocarbures afin de fournir du courant aux consommateurs maliens. Cela résulte aujourd’hui en une dépendance forte aux énergies fossiles, alors que l’immense potentiel des énergies renouvelables a été purement et simplement mis de côté.

Ainsi, en lieu et place des centrales solaires qui ont fait leur preuve dans des pays comme le Maroc, EDM a choisi les groupes électrogènes. La stratégie est simple. Cela permet à de nombreux intermédiaires de se remplir les poches à travers les marchés de fourniture en hydrocarbure et autres achats entrant dans le fonctionnement et l’entretien des groupes électrogènes qui fournissent aujourd’hui le courant aux consommateurs maliens.

En lieu et place des centrales à gaz et des stations d’énergie géothermique, de nombreux responsables du ministère chargé de l’Energie sont trempés dans une entente secrète sur le dos des Maliens. Ainsi, les contrats de fourniture d’électricité ont été signés avec des pays voisins dont la Côte d’Ivoire et la Mauritanie. Problème, le voisin ivoirien est en froid avec les autorités de transition. La fourniture de courant via la Côte d’Ivoire est mise en cause, même si le Mali payait pour le service rendu. Là aussi, ceux qui ont signé ces contrats de fourniture ne sont pas sortis bredouilles des transactions. Ainsi, toute la difficulté que le Mali rencontre aujourd’hui résulte de choix basés sur l’esprit du business depuis des décennies.

Le taux national d’accès à l’électricité est de 27,1%, la demande d’électricité a une croissance annuelle de 10%. Le taux d’accès à l’électricité est de l’ordre de 55% en milieu urbain, tandis qu’il ne représente que 15% en milieu rural. Au niveau du sous-secteur « électricité », les objectifs quantifiés de la Politique énergétique nationale consistaient à porter le taux d’électrification rurale de 1% en 2005 à 55% en 2015. Les résultats atteints à ce jour sont conformes aux objectifs. Le coût moyen de production de l’électricité sur le réseau est estimé à USD 0.24/kWh avec Énergie du Mali SA (EDM SA), alors que le coût moyen de production hors réseau s’élève à près de USD 0.47/kWh avec les sociétés de services décentralisées.

D’après les dispositions actuellement en vigueur, pour développer le secteur, l’Etat malien garantit le libre exercice de la concurrence et organise le service public de l’électricité. Les niveaux d’intervention assignés aux différents acteurs du secteur se déclinent entre l’Etat, la Commission de régulation de l’électricité et de l’eau, la maîtrise d’ouvrage du service public (EDM-HYPERLINK “http://edm.sa/”SA), et les opérateurs privés.

Les formes de partenariat se présentent sous forme de régime d’exploitation en autorisation et en concession. Par ailleurs, un cadre pour le partenariat public/privé existe sous forme de contrat de concession en Boot ; cependant, on devrait davantage faire connaître ce système aux opérateurs locaux car il est insuffisamment utilisé. Les atouts majeurs de ce dispositif demeurent les avantages fiscaux et la simplification des procédures d’agrément par la mise en place d’un guichet unique.

Oumar KONATE

Source: La Preuve

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