Aliou Diallo rompt enfin le silence ! En effet, le candidat classé troisième lors de la présidentielle du 29 juillet, resté silencieux au point de créer beaucoup de supputations sur son attitude et sa position politique, a refait surface le jeudi dernier sur le plateau de l’émission de notre confrère André Traoré de la radio Kledu dont il était l’invité. Aliou Diallo a profité de l’occasion, non seulement pour répondre à des interpellations, mais aussi et surtout pour préciser la position de son parti, l’ADP-Maliba, concernant des questions d’intérêt national dont la nécessité de la tenue d’élections transparentes au Mali.
Pour cette sortie médiatique après un temps d’hibernation, Aliou Diallo a mis cette occasion à profit pour éclairer la lanterne des Maliens qui commençaient à se poser beaucoup de questions à son sujet. C’est ainsi que le PDG de Wassoul’Or, sans tabou, a répondu à toutes les interpellations, notamment sa non implication dans les contestations des résultats après leur proclamation par la Cour constitutionnelle ; sa position suite à la main tendue par IBK à tous les candidats de la présidentielle ; sa relation avec le chérif de Nioro, M’Bouyé Haidara ; son point de vue sur la tenue des prochaines élections législatives ; sa position sur la réforme du système électoral malien…
D’abord, parlant des contestations des résultats proclamés par la Cour Constitutionnelle, Aliou Diallo rappelle, à ceux qui semblent l’oublier, l’avoir fait après le premier tour de l’élection présidentielle. D’ailleurs, ajoute-t-il, avec ses autres collègues, ils ont même introduit une requête en récusation des membres de la Cour constitutionnelle dont la présidente, mais sans suite favorable.
Quant aux raisons de son silence après la proclamation des résultats définitifs par la Cour constitutionnelle, Aliou Diallo le lie au fait que son parti s’est battu avec les autres, au sein de la plateforme AN Té A Banna, pour la non violation de la Constitution. Donc, il affirme ne pas vouloir être celui qui va violer cette Constitution. Ce qu’il fallait démontrer : au nom du respect de la Constitution, il s’est résigné d’accepter l’Arrêt de la Cour Constitutionnelle.
S’agissant de la main tendue d’IBK, le PDG de Wassoul’Or affirme qu’il n’est pas du tout satisfait de l’interprétation de son message du 22 septembre dernier, à l’occasion du 58ème anniversaire de l’indépendance du Mali. Il a précisé que pour l’apaisement du climat social au Mali, il a appelé ses deux ainés au dialogue, notamment Ibrahim Boubacar Keita et Soumaila Cissé. « J’ai demandé à ce que mes deux ainés aillent au dialogue par ce que les reformes dont le Mali a besoin, surtout celles constitutionnelles, une seule personnelle ne pourra les faire », a-t-il laissé entendre, pour signifier qu’IBK et Soumaïla Cissé doivent se donner la main et travailler à l’assainissement du système électoral au Mali. Tel est donc le sens de son message. Mais alors, a-t-il réellement accepté la main tendue d’IBK, comme cela se dit ? Aliou Diallo est clair : « Je ne suis allé vers personne. Nous sommes toujours à l’Opposition. Nous n’y sommes pas allés pour combattre quelqu’un. Je n’ai pas changé ma position », a-t-il précisé. Voilà qui est sans équivoque !
La suite logique de cette précision, c’est la mise au point faite par le président d’honneur de l’ADP-Mali à l’endroit de ceux qui estiment que sa déclaration à l’occasion de la fête de l’indépendance a créé une mésentente entre lui et le chérif de Nioro.
A l’en croire, ladite déclaration a été traduite en arabe et a été mise à la disposition de M’Bouyé. « Le chérif a écouté ma déclaration et a bien dit qu’elle était claire et qu’il ne voit pas de problème dedans », a-t-il révélé, avant de marteler : « Moi et le chérif entretenons nos bonnes relations, comme avant ».
Pour la transparence des élections au Mali, Aliou Diallo estime qu’il faut forcément réformer le système électoral pour éviter à notre pays des crises postélectorales. Selon lui, pour que ce travail soit bien fait, il faut le confier à l’Opposition. « Je voudrais qu’on confie les travaux de la réforme du système électoral à l’Opposition pour qu’il soit bien fait et pour l’intérêt de tous », a-t-il proposé.
En ce qui concerne la tenue d’élections législatives, celui qui réclame l’indépendance économique du Mali estime qu’il faut un certain nombre de réformes. Il faut aussi, selon lui, l’opérationnalisation de nouvelles régions, la création de nouveaux cercles et arrondissements. Ces zones doivent aussi avoir des députés. Pour lui, si ces législatives se tiennent sans tenir compte de tout ceci, il faudra ensuite dissoudre l’Assemblée nationale pour que ces cercles aient leurs députés et cela coûterait cher à l’Etat malien. « Et les travaux de ces réformes ne peuvent être seulement l’affaire de la Majorité, il faut forcément la participation déterminante de l’Opposition », suggère-t-il.
Pour Aliou Boubacar Diallo, au vu de tous ces arguments qu’il vient d’égrener, ces élections législatives doivent être reportées pour l’intérêt du Mali, tout en ne violant pas la Constitution.
Boureima Guindo
Source: Le Pays