Les évêques du Mali ont animé une conférence de presse hier mercredi 9 mai 2018 au Centre Djoliba de Bamako. Le but était de présenter à l’opinion malienne la lettre pastorale élaborée à l’endroit de la communauté catholique et à tous les Maliens de bonne volonté à l’occasion des élections générales de 2018.
Les évêques du Mali, dit le secrétaire général de la Conférence épiscopale du Mali (CEM) l’Abbé Alexandre Denou, compte tenu de la situation que nous vivons, fidèles à leur mission, constatent que le Mali marche comme sur des brèches. L’église craint une crise postélectorale. C’est pourquoi, dit-il, nous prenons le devant, pour nous adresser au peuple malien, pour que chaque malien vote dans la paix. En sommes, dans le but d’apaiser le climat social, précise le secrétaire général de la CEM, les évêques du Mali se sont donnés cette mission de sensibilisation, de retenue lors des joutes électorales de 2018, comme la CEM l’avait écrit une lettre à la veille des élections en 1997, 2002, 2007, et en 2013.
Cet appel pressant pour les élections générales de 2018, rappelle le conférencier, coïncide avec le 130èmeanniversaire de l’Eglise au Mali. La CEM ne pouvant rester en marge de la situation, propose dans la lettre une nouvelle mentalité aux populations se déclinant sur deux points. Les évêques, dit-il, entendent rappeler la mission de sacrifice qui incombe à tous le pays. Pour nous, ajoute l’Abbé, chaque filles et fils doit être prêt (e) à donner sa vie pour le Mali. «Notre bien commun : le Mali, doit passer avant les intérêts individuels et particuliers», conseille l’Abbé.
Dans la crainte de Dieu, clame le tribun, tout citoyen malien doit se considérer comme un serviteur du pays. «Nous voulons dire aux maliens, que leur devoir est de servir le Mali et non de se servir du Mali. En rendant service à leurs sœurs et frères maliens, ils rendent service à Dieu». Les évêques appellent aussi les Maliens à un vote adulte lors des prochaines échéances électorales. C’est-à-dire, clarifie l’Abbé, à voter selon notre conviction propre et de façon éclairée. «Eviter de voter suivant la consigne de quelqu’un d’autre, car la consigne de vote t’infantilise. Si on doit se tromper que ce soit sur la base de sa propre conviction », conseille aux Maliens, le secrétaire général de la CEM.
Les évêques du Mali n’ont pas de candidat
Le rôle crucial que doit jouer les leaders religieux en période d’élections générales, n’a pas été occulté par la lettre de la CEM. «Serviteurs de Dieu que nous sommes en premier lieu, notre mission n’est pas de diviser le pays mais de relever à nos concitoyens le visage du Dieu d’amour que nous portons en nous». Et pour les évêques du Mali, les leaders religieux ne doivent pas être partisans. «Chacun doit voter. Mais nous ne devons pas influencer le vote en faveur d’un candidat. C’est pourquoi, nous disons que notre rôle est de veiller prier, et de conscientiser l’opinion publique selon leur propre conviction. Les évêques du Mali n’ont pas de candidat. »
L’Abbé Alexandre Denou a également évoqué les défis que nous avons à relever au Mali comme la perte du sens du bien commun qui met même à mal l’unité nationale ; l’incivisme qui compromet dangereusement le vivre ensemble. La lettre pastorale des évêques du Mali n’a manqué de féliciter le peuple malien pour les avancées incontestables, les actions qui signifient que quelque chose se fait: la mise en place des autorités intérimaires dans certaines régions du Nord; la collaboration entre les parties signataires de l’accord malgré les difficultés; l’organisation et la tenue d’élection régulière malgré quelques reports. Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt, et s’adressant aux parties prenantes de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, il recommande : « que votre oui soit oui ».
Les évêques ont invité à donner vie à l’accord par des actes concrets. « Votre bonne foi doit se montrer par la défense de notre bien commun: le Mali». Aux partis politiques, poursuit Abbé Alexandre Denou, les évêques du Mali les invitent à respecter la loi électorale, à proposer des programmes réalistes, au fair-play électorale, de respecter les autres, d’accepter les résultats des urnes. Les évêques souhaitent que cette lettre puisse avoir un écho positif dans l’opinion publique, et souhaite que les élections soient apaisées, justes, transparentes et inclusives, indique l’Abbé.
Hadama B. Fofana
Source: Le Républicain