La Conférence épiscopale du Mali suit de très près l’évolution du pays et de la société. Il y a environ trois ans, à l’occasion de la célébration du Cinquantenaire de l’Indépendance en 2010, elle lançait un appel au peuple intitulé « Plaidoyer pour une vraie solidarité : devenir de mieux en mieux un peuple, un but, une foi ». Au nom de leur responsabilité en tant qu’évêques, les responsables de la Conférence épiscopale invitaient alors à donner une nouvelle dynamique à la solidarité, vertu sans laquelle notre société ne saurait être un « peuple », ne pourrait viser et atteindre le même « but » et ne saurait être animé de la même « foi ».
Un an après la célébration du Cinquantenaire, notre pays entre au début de l’année 2012 dans une période de turbulence qui a failli compromettre son existence dans sa forme républicaine, son unité, son intégrité et sa laïcité.
A la veille de l’élection présidentielle dont le premier tour aura lieu le 28 juillet, les évêques lancent un nouvel appel à la communauté catholique et à tous les Maliens « de bonne volonté ». « Grâce au sursaut patriotique de citoyens civils et militaires, avec l’aide de certains pays amis et par la grâce de Dieu, nous revenons de loin. Aujourd’hui, le Mali vit un tournant important de son histoire et les Maliens espèrent enfin arriver au terme de la période de Transition avec la tenue dans quelques semaines de l’élection présidentielle », indiquent les évêques.
La Conférence épiscopale demande à l’ensemble des citoyens d’aller massivement aux urnes afin de consolider le défi de la démocratie et du multipartisme. « Il s’agira, le moment venu, d’aller voter en toute liberté, conscience et responsabilité, en privilégiant l’être et non l’avoir », invitent les évêques, demandant aux fidèles catholiques de se mobiliser pour l’élection présidentielle et les autres scrutins à venir. « Nous avons le devoir d’élire avec discernement des hommes et des femmes soucieux du bien commun, capables de travailler au renforcement de la démocratie, respectueux de la laïcité et de l’unité de l’Etat, de ses institutions et des valeurs de notre société dans sa diversité, soucieux du vrai progrès de notre pays », indique la Conférence épiscopale.
Aux candidats, les évêques recommandent qu’ils soient « vrais avec les électeurs dans leurs promesses électorales et dans leur ambition pour le Mali ». « Parler vrai et agir en vérité doit être la ligne de conduite de chacun. Les élections à venir sont un défi important pour tous les acteurs politiques », poursuit l’appel, en se référant au pape Benoît XVI rappelait que « le développement est impossible s’il n’y a pas des hommes droits, des acteurs économiques et des hommes politiques fortement interpellés dans leur conscience par le souci du bien commun ».
Les évêques demandent aux candidats d’avoir le souci de gagner les électeurs par la pertinence de leur programme de société et leurs qualités personnelles. « Tout autre action ou moyen pour parvenir au pouvoir est déplorable. Le vote n’étant pas la fin d’un processus électoral, ils invitent les candidats ainsi que leurs partisans à respecter les résultats des urnes », ajoute le texte.
Aux personnes et structures engagées dans l’organisation et la gestion des élections, la Conférence épiscopale insiste sur la nécessité de veiller à ce que les élections se déroulent dans la transparence, la vérité, l’équité et la paix. S’adressant aux hommes de médias et à tous les communicateurs, les évêques du Mali rappellent la grande responsabilité qui est la leur dans l’information de la population et dans l’éducation de celle-ci aux valeurs de la démocratie.
La Conférence épiscopale les invite à s’acquitter de leur devoir professionnel dans la vérité et la sincérité pour préserver notre pays d’une crise politique avant, pendant et après les élections.
Synthèse
S. DOUMBIA