Pour assurer la sincérité du scrutin, sauver le processus et éviter au Mali une crise postélectorale, le directoire de campagne de Soumaila Cissé, dans un mémorandum, a dénoncé les résultats provisoires du premier tour de l’élection présidentielle et proposé des mesures correctives. Ledit mémorandum est adressé au Gouvernement, à la CENI, aux chefs des missions d’observation électorale, aux membres du Corps diplomatique et aux représentants de la CEDEAO, de l’Union Africaine et des Nations Unies.
Dans le document, le camp Soumaila Cissé dénonce toutes les irrégularités et violations de la loi électorale constatées lors du premier tour. Il appelle la CENI, les missions d’observation, les organisations sous régionales, régionales et internationales afin qu’elles prennent leurs responsabilités pour dénoncer les graves dysfonctionnements qui entachent cette élection présidentielle. « Elles doivent dénoncer clairement les fraudes qui ont eu lieu », écrit-il. Et d’ajouter qu’elles doivent exiger du pouvoir que le second tour se déroule de façon satisfaisante, contrairement au premier tour qui constitue une honte pour la démocratie malienne.
Selon le mémorandum, le candidat Soumaila Cissé a déposé des recours auprès de la Cour Constitutionnelle sur de nombreux cas dont le bourrage d’urnes dans le Nord et le Centre du pays. Le camp du chef de file de l’Opposition estime que ce qui leur est important, ce sont les conditions d’organisation d’un scrutin sincère et crédible en vue du second tour. Pour cela, il exige, entre autres, au titre des irrégularités constatées lors du 1er tour : le recomptage contradictoire des voix dans les zones contestées ; la publication de la liste exhaustive de localités et bureaux de vote où le scrutin n’a pu se tenir ; la publication du nombre d’inscrits dans chacun de ces bureaux de vote ; la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote comme en 2013…
Les propositions de Soumaila Cissé pour le second tour
Pour empêcher les irrégularités et toute autre violation de la loi électorale , le candidat de la plateforme « Ensemble restaurons l’espoir » exige : la sécurisation effective par les FAMas et leurs partenaires des localités où le scrutin n’a pu se tenir; la sécurisation par les FAMas et leurs partenaires (Minusma, Barkhane) des agents des bureaux de vote situés dans les localités du Nord et du Centre où l’administration n’est pas présente ; la diffusion de messages rappelant à leur obligation de neutralité les gouverneurs, les préfets et sous-Préfets ; la diffusion de messages rappelant à leur obligation de neutralité les détachements des FAMas déployés sur les théâtres d’opérations ; des dispositions spéciales pour les localités du Nord afin d’éviter une répétition du bourrage des urnes (ouverture effective des bureaux de vote sous la supervision de la Minusma) ; l’audit du logiciel de compilation des résultats ; la publication du rapport de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) sur le déroulement du premier tour…
Soumaila Cissé fait le bilan des irrégularités et bourrages d’urnes au nord et au centre du pays
Parlant des irrégularités, le camp Soumaila Cissé cite plusieurs localités : Ber où le matériel électoral n’est jamais arrivé, mais des résultats ont été donnés. « Seuls trois candidats ont été crédités de voix : Ibrahim Boubacar Keïta : 4 676 voix ; Soumaïla Cissé : 3 034 voix et Housseyni Amion Guindo : 1 170 voix ». Ce n’est pas tout, il y a aussi le cas de la commune de Talataye, (cercle d’Ansongo) où il n’y a pas eu d’élection. Selon le mémorandum, les urnes ont été enlevées et sont revenues avec les résultats suivants : IBK : 6 500 voix ; Housseyni Amion Guindo : 1 000 voix et Soumaïla Cissé : 800 voix ; aussi bien que dans la commune d’Alata (cercle d’Ansongo). « Il n’y a pas eu d’élection. Les bureaux de vote ont été déplacés et il n’y avait aucun délégué. Les résultats annoncés sont les suivants : IBK : 2 830 voix ; Soumaïla Cissé : 958 voix », révèle le camp Soumaila Cissé. Selon ce camp, plusieurs autres irrégularités sont aussi constatées et des requetés ont été déposés devant la Cour Constitutionnelle.
Ce qui écœurant, selon le directoire de campagne du chef de file de l’Opposition, à Tessalit, dans les bureaux de vote numéros 1, 4 et 6, le nombre de votants est supérieur au nombre d’inscrits. Le même cas s’est produit dans le cercle de Kidal, dans les bureaux de vote numéros 12, 13, 30, 36, 38 et 40, le nombre de votants est supérieur au nombre d’inscrits. « Les assesseurs eux-mêmes ont déclaré que tous les résultats qu’ils avaient certifiés ont été modifiés voire annulés au profit d’un seul candidat : IBK. », précise le mémorandum du candidat Soumaila Cissé.
A en croire le directoire de campagne de Soumaila Cissé, plus de 200 bureaux de vote n’ont pas ouvert dans le cercle de Tenenkou. « Le matériel électoral n’a pas été envoyé par l’administration et le personnel électoral a été dissuadé de se rendre dans les localités concernées. Le matériel électoral a été envoyé dans les villages favorables au président sortant et dans trois villages seulement, favorables à l’opposition », a-t-il révélé.
Boureima Guindo
Source: Le Pays