Le fondateur du parti ADP-Maliba, Aliou Boubacar Diallo, donne a priori le sentiment d’un homme éclairé. Il travaille même à cultiver l’image d’un homme intelligent qui connaît et comprend les affaires et, depuis peu, la politique de façon active et engagée. Mais, la bourde sortie de sa bouche pour légitimer le hold-up du pouvoir via la Cour constitutionnelle pour installer Moussa Timbiné à la tête de l’Assemblée nationale nous amène à reconsidérer notre jugement sur le bonhomme. Il dit, en substance, bravo pour l’équilibre trouvé à contrebalancer la présence d’un Peulh (Boubou Cissé) à la Primature par le choix hasardeux et frauduleux d’un Dogono (Moussa Timbiné) pour le Perchoir ! Quel abominable raccourci !
Thèse ethniciste
Le socle de toute bonne décision politique, c’est la légalité, le sens de l’intérêt général, le souci de transparence et la compétence. La thèse ethniciste d’Aliou Boubacar Diallo nous oblige à croire que, tant que le Centre ne sera pas apaisé, il faudra assigner les fonctions de Premier ministre et de Président de l’Assemblée nationale aux deux communautés supposées être en conflit. Autant en appeler tout simplement à une République ethnique avec tout ce que les deux termes ont d’antinomique. L’identité ethnique de Moussa Timbiné absout le scandale de sa nomination au Parlement après le refus des électeurs de le choisir et légitime de le mettre à sa tête pour rétablir on ne sait quelle équité.
Le président Amadou Toumani Touré, en dix ans à la tête de l’Etat, a nommé quatre Premiers ministres dont trois étaient originaires du nord. Jamais on n’a entendu un discours farfelu du genre équilibre nord-sud, c’est plutôt de la valeur intrinsèque de chacune et de chacun des nommés dont il fut tenu compte.
En poursuivant l’absurde raisonnement du fondateur d’ADP-Maliba, on pourra lui rétorquer que la confiance donnée à un Premier ministre touarègue n’a pas empêché des apatrides à la solde de Sarkozy de prendre des armes contre le Mali sous ATT.
Efforçons-nous d’établir la République sur des règles éthiques et celles du mérite qui font d’abord le citoyen, toutes les autres considérations venant après. Cette courte déclaration en dit long sur le désastre malien. Ceux qui prétendent incarner la relève ou l’alternative cessent de faire rêver dès qu’ils l’ouvrent.
Il faut souhaiter que les propos incriminés aient été prononcés sous le coup de l’émotion que peut provoquer l’écharpe tricolore du nouveau député. Au cas contraire, il y a fort à craindre que le député politicien ne soit à l’image de l’homme d’affaires plus dans l’esbroufe que dans la preuve tangible d’un opérateur économique qui a proprement et authentiquement laissé une empreinte sur le secteur des mines. Mais on ne le sait que trop bien : «Tout ce qui brille n’est pas de l’or».
Amadou Dramé, enseignant à la retraite* : ‘’Ne mettons pas l’huile sur un feu qui n’existe pas !’’
La polémique sur les propos attribués à l’Honorable Aliou Diallo prend une tournure injuste. L’homme est loin du procès qu’on lui fait. Remettons les choses dans leur contexte. Ce qui est imputé à Aliou Diallo sont les propos suivants : « Franchement je pense que, vu le contexte social et cette violente crise au centre, avoir aujourd’hui un Premier ministre peulh et un Président de l’Assemblée nationale dogon peut participer à la cohésion sociale et au retour de la paix. » Plus tard, dans une autre interview, il ajoute : « Le hasard a voulu qu’il en soit ainsi comme pour dire que nous sommes tous les mêmes, fils et filles du Mali. Rien ne vaut la paix ! «
Symboles unificateurs et apaisants
Le Président Diallo a tenu ces propos querellés aujourd’hui après l’élection de l’Honorable Moussa Timbiné comme Président de l’Assemblée. Il faisait simplement le constat d’un fait que personne ne peut nier. L’Honorable Timbiné et le Premier ministre Boubou Cissé sont bel et bien dogon et peulh. Ils vont travailler ensemble, main dans la main, en fils de la nation malienne. Qu’y a-t-il de mal à trouver quelque chose de positif à tirer d’une réalité politique et institutionnelle ? Qu’y a-t-il à chercher à faire ressortir des symboles unificateurs et apaisants ? Il n’y avait et n’y a absolument aucune autre arrière-pensée. Ne mettons pas l’huile sur un feu qui n’existe pas. Ces propos n’ont rien de méchant.
Nous avons la chance d’avoir un homme de sa trempe à l’Assemblée, attendons de voir et même les plus sceptiques seront convaincus.
Vive Aliou Boubacar Diallo !
*Président du Comité 11 « Ko Koura » de Kita
Le challenger