L’armée égyptienne a la réputation de taper fort, et aussi de compter ses victimes avec un boulier chinois. Ainsi, elle a annoncé ce lundi avoir tué, en cinq jours, 241 combattants dans la péninsule du Sinaï, dont des jihadistes de l’organisation Etat islamique (EI). Ces derniers sont à l’origine d’une attaque spectaculaire lancée le 1er juillet contre l’armée, dans la localité de Cheikh Zouweid (Nord Sinaï), faisant des dizaines de morts.

Déployées dans le Sinaï, une région frontalière d’Israël et de la bande de Gaza, les forces de sécurité font face à une insurrection islamiste depuis la destitution, en juillet 2013, du président Mohamed Morsi par l’actuel chef de l’Etat, Abdel Fatah al-Sissi. Le porte-parole de l’armée a fait état de 21 soldats tués. «La situation est totalement stable», a affirmé samedi le président Al-Sissi lors d’une visite surprise dans le nord du Sinaï.

VENGEANCE DES FRÈRES MUSULMANS

La plupart des attentats meurtriers ont été revendiqués par la «Province du Sinaï», un groupe qui se faisait autrefois appeler Ansar Beït al-Maqdess, avant de changer de nom pour marquer son allégeance à l’EI. Les jihadistes disent agir en représailles à la sanglante répression qui s’est abattue sur les partisans de Morsi. Le 14 août 2013, l’armée avait tiré à la mitrailleuse sur les Frères musulmans qui ne voulaient pas bouger de leur sit-in des places Rabaa al-Adawiya et Nahda. Human Rights Watch avait alors dénombré plus de 800 morts et dénoncé un massacre de masse.

Par ailleurs, les autorités égyptiennes ont arrêté ce lundi matin 13 membres de la confrérie des Frères musulmans soupçonnés d’avoir planifié des attentats aux abords du canal de Suez. Le pouvoir ne relâche pas la pression sur les Frères, suspectés d’être à l’origine de l’attentat à l’explosif qui a coûté la vie au procureur général d’Egypte la semaine dernière, dans le quartier résidentiel Héliopolis, au Caire. Le procureur général avait déféré à la justice des militants islamistes dont des dizaines ont été condamnés à mort.

Jean-Louis LE TOUZET
Source: Liberation