Après une accalmie, le vent de la contestation souffle à (nouveau) sur les secteurs de l’Education et de la Santé.
En effet, deux mois seulement après la reprise des cours au titre de l’année scolaire 2019-2020, la synergie des syndicats de l’éducation a déposé le vendredi 3 décembre 2019, un préavis de grève de 5 jours (16 au 20 décembre 2019) reconductible avec rétention de notes. Cette décision intervient après l’échec des négociations entre la Synergie et le Gouvernement sur « l’application immédiate » de l’article 39 de la loi N°2018-007 du 16 janvier 2018 portant statut du personnel enseignant. Ledit article prévoit une majoration des revenus des enseignants suite à la valorisation de la grille annexée au Statut général.
Le principal syndicat de l’enseignement secondaire dénonce aujourd’hui la non application de l’article 39 de la loi N°2018-007 du 16 janvier 2018 portant statut du personnel enseignant.
Pour les enseignants, la reprise des cours sera conditionnée à la satisfaction de ce point : « Cet arrêt de travail de 120 heures entrera en vigueur, le lundi 16 au vendredi 20 décembre 2019, renouvelable à partir du lundi 06 janvier 2020, si nos revendications ne sont pas satisfaites », précise le secrétaire de l’un des syndicats signataires du préavis de grève.
Déjà, l’année scolaire 2018-2109, l’école avait été fortement perturbée pendant plusieurs mois. Les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre (Syldef, Syneb, Syntec, Synesec, Synefct, Fenarec et la Section enseignement secondaire du Snec), ont observés plusieurs grèves, au cours de l’année scolaire (11 au 15 mars, du 18 au 22 mars et du 1er au 15 avril 2019…). Ces mouvements de grèves ont paralysé tous les établissements scolaires publics du pays faisait planer le spectre d’une « année blanche ».
Finalement le gouvernement et les syndicats de l’Education nationale avaient signé un accord pour la reprise des cours.
Cet accord, prévoyait, entre autres, l’octroi aux enseignants d’une prime de logement et d’une prime de documentation, ainsi que “l’adoption immédiate du projet de décret portant plan de carrière du personnel enseignant” en Conseil des ministres….
Autre épée de Damoclès sur l’école ? La menace des promoteurs des établissements privés de fermer leurs portes. Ils réclament à l’État le paiement de plus de 30 milliards de Francs CFA de subventions au titre de l’année scolaire 2019-2020.
La santé dans la danse
Autre secteur en ébullition : la Santé avec la décision des pharmaciens de suspendre la fourniture des médicaments aux assurés. En effet, les syndicats des pharmacies ont décidé, le jeudi 28 novembre 2019, de suspendre toute collaboration avec la CANAM et par conséquent à ne plus accepter les ordonnances AMO jusqu’à nouvel ordre. Cette suspension fait suite au non-respect des engagements pris vis-à-vis des pharmacies, selon les syndicalistes. Les assurés cotisent chaque mois pour bénéficier de ce service, mais ils en sont privés à cause des arriérés de paiement qu’exigent les pharmacies qui ont signé des conventions avec la Caisse nationale d’assurance maladie du Mali (CANAM). Le ministère de la Santé et des Affaires sociales s’est engagé à résoudre rapidement ce problème. En attendant, c’est le calvaire pour des patients et leurs familles.
Autre mouvement de grogne dans la Santé, le sit-in de trois jours (26 -29 novembre dernier) observé par les travailleurs de l’hôpital Gabriel Touré. Objectif : dénoncer l’état de délabrement généralisé de l’hôpital, réclamer l’augmentation de son budget de fonctionnement.
Pour Djimé Kanté, secrétaire général du comité syndical du CHU Gabriel Touré, l’état de délabrement de l’hôpital est dû à la diminution du budget alloué à l’hôpital. « Nous sommes là pour dénoncer l’état de délabrement généralisé de l’hôpital Gabriel Touré. Les conditions ne sont pas propices pour les travailleurs de satisfaire les citoyens », a-t-il fait savoir. Aussi, il a dénoncé le retard dans la perception des primes de garde. « Les travailleurs font des gardes, mais ils ont du mal à être en possession de leur prime », a déploré le secrétaire général du comité syndical.
Djimé Kanté ajoute que si rien n’est fait à la fin des sit-in le mercredi, un préavis de grève sera déposé. Tout cela pour réclamer l’amélioration des conditions d’accueils et de soins des malades, mais aussi des conditions de travail du personnel. « Gabriel Touré est mourant, le sauver est un devoir citoyen », a déclaré le syndicaliste.
Mémé Sanogo
Source: L’Aube