Les élèves des enseignements fondamental et secondaire ont repris le chemin de l’école la semaine passée. On croyait que nos autorités s’étaient réveillées avec la sortie du ministre de l’Education nationale, annonçant des innovations pour une école de qualité, en conformité avec les normes communautaires. Aussi, avait-il rassuré que cette année sera une année du retour aux fondamentaux de l’école. Hélas ! Nos écoles, surtout publiques, ressemblent encore à des pâturages.
« L’éducation est l’arme la plus puissante pour transformer le monde », dixit Nelson Mandela. Mais, cette citation a besoin d’être expliquée ou du moins, interprétée et traduite à nos autorités, s’il le faut.
À presque soixante ans d’indépendance, les conditions d’apprentissage au Mali font encore scier. Les salles de classe, surtout des écoles publiques, ressemblent à des pâturages, là où on peut compter plus de cent têtes par classe qui, pour la plupart des cas, ne dépasse pas 63m2.
Au groupe scolaire Nelson Mandela de l’Hippodrome par exemple, dans la cipale malienne, au cours de notre visite pour constater le « retour aux fondamentaux de l’école » chanté par le ministre de l’Education nationale, nous avons été surpris de trouver dans l’une des 9èmes années 125 élèves, 115 dans une 8ème année et 107 à la 7ème année, contrairement à l’effectif normal par classe qui est de 25 à 35 élèves. Un effectif provisoire, selon le directeur de ladite école, quand on sait qu’il y a des retards et des absences non justifiées sans oublier des transferts. Aux dires du directeur, il n’y a aucune classe chez lui qui a moins de 100 élèves.
Cet effectif pléthorique n’est qu’une poudre aux yeux parmi les multiples conditions déplorables de l’école. Faisant état des difficultés de l’établissement, le directeur nous a fait des révélations incroyables. Avec un tel effectif, l’école est sans électricité depuis plus de vingt (20) ans dans un pays aussi chaud que le nôtre. A cela, s’ajoutent l’insuffisance du personnel enseignant et l’insécurité. A en croire le directeur, des tabagiques fument aux alentours des salles, perturbant parfois les cours.
Ces difficultés se vivent presque dans toutes les écoles publiques. Au groupe scolaire de Missa, toujours dans la capitale, nous avons découvert les mêmes difficultés dans l’une des directions du second cycle. Le directeur de cet établissement va plus loin en nous révélant que son école manque de tables bancs. « Les enseignants non même pas de bureau », ajoute-t-il.
La question que l’on se pose est de savoir de quelles innovations parle le ministre de l’Education. Un seul examen suffit-il comme innovations ? À notre avis, les cours précèdent les évaluations.
Nous comprenons maintenant aisément pourquoi le ministre de l’Education, Dr Témoré Tioulenta, n’a pas voulu se faire enregistrer par nos confrères lors de leur rencontre à la veille de la rentrée. Car, il était conscient de sa non sincérité et de son incohérence par rapports auxdites innovations.
Oumar SANOGO
Source:, Le Démocrate