La Presse malienne vient de prendre un autre coup dur avec l’arrestation de Boukary DAOU, Directeur de publication du quotidien «LE REPUBLICAIN» détenu par la Sécurité d’État. L’État d’urgence décrété par le gouvernement viserait-il donc uniquement la Presse ?
Le cynisme risque de monter encore d’un cran avec cette histoire. Dans la situation actuelle, comment comprendre que le gouvernement Dioncounda continue à applaudir Sanogo au moment même où nos enfants tombent au front avec dignité ? Mais bon sang ! Quelle ligne de tension a déclenché ce feu ? Ne nous leurrons pas : les accusations à l’encontre de notre confrère Daou n’ont pas grand-chose à voir avec les prétendus «déstabilisations des institutions ». S’il y a déstabilisation, que le Président s’en prenne à lui-même. N’y a-t-il pas des dépenses et des décisions plus défendables en cette période de guerre?
En pleine période de guerre, est-il raisonnable se permettre de satisfaire les lobbys de leadership de Sanogo ? Presque quatre millions de nos francs par mois ? Bien sûr, nos enfants sauront que pour décrocher une telle somme, il faut simplement «profiter» et prendre les armes pour faire un coup d’État. Un travers qui peut non seulement irriter les soldats au front, mais aussi agacer une population qui peine à joindre les deux bouts. Cette organisation créative douteuse constitue un non respect relatif aux souffrances des Maliens. La somme d’argent octroyée au Capitaine et sa bande devait servir à d’autres fins, et nos populations du Nord en ont fort besoin. Au-delà de la partisannerie, il faut que ces hommes qui nous dirigent veillent à ce que la population malienne garde confiance en son armée. Elle doit avoir l’assurance et la conviction que personne ne peut se croire au-dessus des lois, même un putschiste car le peuple est en droit d’espérer. Alors que nos dirigeants fassent preuve de transparence et de bon jugement.
Après tous les soutiens venus de partout dans le monde dont il a pu prospérer, ce n’est pas ce qu’on attend d’un gouvernement de transition. Ainsi, nous réclamons ne serait-ce qu’un minimum d’honnêteté et une éthique structurelle vis-à-vis du peuple malien. Par ailleurs, pour calmer le jeu et être à la hauteur de ce qu’il pense être, Sanogo doit être généreux, aussi par respect et par solidarité, envers les soldats qui se battent contre les islamistes. Il devrait verser son salaire dans l’appréciable de l’effort de guerre au lieu de faire la chasse aux journalistes.
Neïmatou Naillé COULIBALY
Source: Le Combat