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Éditorial : Les taxes entre débats oiseux et préoccupations légitimes

Jouons au départ, puis à l’arrivée, à faire peur au général d’Armée Assimi Goïta. Mais peut-on vraiment effrayer un soldat qui a passé vingt ans sur les théâtres d’opérations, qui a pris dans ses jambes des éclats de grenade, qui a affronté la mort à des dizaines de fois, dans les oreilles de qui, dit-on même, “les balles sont rentrées pour sortir par son front ?”.

Paroles d’ancien combattant exprimant dans la belle mélodie d’Idrissa Soumaoro pour dire que ceux qui ont guerroyé pour le salut de la patrie ne seront point des anonymes et qu’il faut les respecter toujours. Mais il n’est pas niable que les héros partagent la gloire avec tous ceux qui ont eu souci de la patrie. L’heure n’est donc pas à “un qui se cache dans la peau du fauve que nous avons tué ensemble pour faire peur aux autres”. Tel est, au pied du monument de l’Indépendance à Bamako et partout au Mali le dilemme auquel nous faisons face, tous, sans exception, à cause des désormais fameuses taxes sur les opérations de téléphonie mobile et autres comme Internet. Il est évident qu’aucun pays ne peut se développer sans la fiscalité qui est parfois douloureuse, mal cancéreux si la mise en œuvre n’est pas correcte. Tous les citoyens doivent payer, c’est certain, pour la prise en charge des besoins du pays, dont certains sont à la fois impératifs colossaux. “Sinon, on sera toujours sous la domination des dettes extérieures et, donc, dans la dépendance permanente”, attire notre attention l’aîné FL, ancien haut fonctionnaire à la présidence de la République. Mais il importe peu d’avoir son expérience et sa stature pour opiner sur les Nouvelles qui demeurent entre des débats forcément oiseux par ces temps et des préoccupations légitimes. Telle petite vendeuse d’orange déambulant sous le soleil ardent dans les rues à son idée, tel apprenti menuisier qui doit nécessairement transférer un minimum de 1000 FCFA à sa mère vivant péniblement au village a aussi la sienne sur la question.

Or, il n’est pas niable que les taxations ont été rendues effectives à la hussarde, pour ne pas dire à la force des baïonnettes, en un petit mois, entre le conseil des ministres du 05 février et le 05 mars, avec des justifications déroutantes. Il a été d’abord prétendu que les Nouvelles taxes serviront à régler, pour de bon, devrait-on comprendre, le problème énervant du courant. Puis des terminologies savantes sont venues au secours pour expliquer que les produits récoltés serviront à financer des infrastructures indispensables à la souveraineté. Dans cette évolution des arguments qui ne procèdent pas d’un simple glissement sémantique, on a oublié de tenir compte du timing, canevas inhérent à toute action de gouvernance. Or, celui-ci a été des plus mauvais. Par le passé, et c’est d’ailleurs la bonne attention observée partout ailleurs, en tout cas dans nos pays musulmans, on évite toute hausse de taxes à la veille et pendant le ramadan, qui est une période de hausse des prix pour les ménages, voire d’enchère. La piété dont le monde se prévaut a été aussi blessée quand on en est venu à annoncer que les taxes sur l’alcool (dont ne parle plus d’ailleurs) rapportent 62 milliards de francs CFA au Budget national. De l’eau dans le moulin des rigoristes qui ont ironies sur une prochaine taxation des maisons closes, voire de la drogue puisqu’on a déjà vu dans notre pays un ministre, général des Forces Armées nationales, autoriser par ordonnance la culture cannabis, sous un prétexte farfelu bien sûr. Et nous voici à nouveau en pleine saison des ordonnances. Que sont-elles ? On définirait qu’une Ordonnance (code des impôts) ne peut agir que pour la taxe créée par le législateur car les taxes sont faites pour l’efficacité’ équité. Il s’y ajoute qu’il y a eu un manque de communication et de sensibilisation préalable, comme si l’on croyait que le peuple était carrément anesthésié et donc incapable du moindre frémissement… Il importe, à ce stade, puisque nous ne voulons point être coupable de trahison contre le Président de la Transition, de lui administrer quatre uppercuts. Le Commandant Toumba de la Guinée nous a enseigné la technique. Se précipiter sur lui pour dégager son arme (nous savons où il le place d’ordinaire, le maîtriser contre la tentation d’écouter les seules sirènes des pêcheurs en eau trouble, le maîtriser et enfin le sauver de cette malheureuse situation. Action ! 1- A Amadou Hampâté Bâ qui lui demandait pourquoi l’on voit la plus petite faute d’un chef, son maître Thierno Bocar Salif Tall répondit : “Parce que, mon ami, la gravité de toute faute commise par un chef temporal ou religieux est proportionnelle à la superficie de son pays. L’efficacité n’est multipliée par la densité des habitants de cette chefferie…, multipliée encore par le poids de la faute et augmentée de l’exagération des conteurs ambulants. Le tout est majoré du volumineux poids de la crédulité des masses… les conséquences de nos fautes se mesurent à la hauteur de notre rang social, d’une part, et de notre situation personnelle à l’instant de la faute, d’autre part. Plus notre rang social est élevé et notre situation honorable, plus l’abîme de notre chute sera profonde et plus violente notre asphyxia morale et publique”. 2- A la veille d’une campagne électorale pour la présidentielle après un moment vécu au Congo Presque pareil à nos années 2018 à 2020, le Président, général Sassou Nguesso, a publié un livre : “La manguier, le fleuve et la souris”. Il y écrit : “Le pouvoir, quand on vous le confie, est une chose étrange. Il peut décupler vos forces, vous éblouir, vous rendre fou ou, au contraire, terriblement pessimiste. Il peut même rendre intelligent, on l’a vu ! Mais, qui que vous soyez et quoi vous fassiez, il vous met face à vous-même. Sans pitié. Certains grands hommes s’y révèlent, d’autres y échouent, mais quel que soit le résultat de votre action politique, vous resterez, en dernier ressort, l’ultime responsable…” 3- Un général, qui avait à peine 20 ans le jour de la Révolution française de 1789, devenu Empereur à moins de 40 ans, Napoléon Bonaparte il se prénomme, a dit : “Le péril vient au moment du triomphe”. Corps à corps terminé.

 

Amadou N’Fa Diallo

Source : Le National
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