Jeudi noir pour des esseulés qui croient naïvement pouvoir abattre la transion à travers un inaudible Appel du 20 février 2023 ! En se rendant chez Pr. Ali Nouhoum Diallo le 06 mars, accompagnés par une télévision, que cherchaient Mohamed Chérif Koné, Issa Kaou N’Djim et leur cohorte ? Depuis quand, en tout cas au Mali, en quête de renforcement politique, on amène avec soi des caméras pour filmer les entretiens ? Si la volonté des visiteurs était de montrer une nouvelle grande pêche qu’ils souhaitaient réaliser en la personne de Pr. Ali N. Diallo, c’est raté. Si leur souhait était de l’exhiber très prochainement comme un trophée de guerre, c’est encore loupé. Pr. Diallo n’est pas né de la dernière pluie, il ne fallait pas l’oublier. Du haut de ses 85 ans, il ne souffre point ni d’amnésie, ni de sénilité, il importait de le savoir. Ancien président de l’Assemblée nationale du Mali et ancien président du Parlement de l’UEMOA, il a, en plus de ses longues années consacrées à la politique, une vision d’ensemble sur les conjonctures et les conjectures qui lui permettent de ne pas se laisser surprendre. Cela, il ne fallait pas l’ignorer. Il s’y ajoute qu’il a une mémoire d’éléphant et un franc-parler difficilement pris à défaut. Il aurait été un atout formidable de connaître cela.
Mais voilà, la terrible maladie, la Transitionite-19 fait rage. Dieu merci, Pr. Ali Nouhoum Diallo est un médecin qui a blanchi sous le harnais. Le diagnostic qu’il a posé était le vrai. C’est parce qu’on a retiré le pain de la bouche de N’Djim, qu’on l’a chassé du CNT et qu’on l’a mis en prison qu’il est redevenu le défenseur des principes démocratiques. Et, en se tournant vers Mohamed Chérif Koné, le vieux médecin prescrit l’ordonnance : il faut d’abord rassembler le maximum de Maliens pour pouvoir donner corps aux interminables réquisitoires contre les autorités de la Transition. Sans ruse, ni malice, le bon médecin rappelle qu’il a déjà dit aux politiciens que tant qu’ils continueront à se disperser, les jeunes Colonels seront en place pour 30 encore et que, d’ailleurs, l’histoire va ainsi, en faisant même oublier aux inattentifs que des personnalités comme Gamal Abdel Nasser sont des militaires. On voit bien que l’ordonnance délivrée par le vieux père Hippocrate est trop amère.
Mohamed Chérif Koné est tout sauf un tribun de la plèbe, c’est un procureur poursuivant qui a passé presque 40 ans éloigné des foules. Aujourd’hui, il est dans la magistrature comme un prêtre défroqué dans le monastère. Issa Kaou N’Djim est dans l’inconfortable situation de celui qui, après une ascension fulgurante, est du sommet du rônier tombé dans un puits aux profondeurs abyssales. Quant aux politiciens, ne vous hasardez pas de leur demander de casser leurs chappelles encombrantes pour créer de vrais partis politiques. Non, chacun veut garder sa caverne d’Ali Baba. En réalité, des gouffres pour la démocratie. Emmanuel Macron n’a pas eu tort de leur cracher dessus.
Amadou N’Fa Diallo