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Edito : Sursaut national pour sauver le Mali

Ce qui s’est passé dans le petit village de Sobane Da où  des dizaines  de dogons ont été froidement abattus de la façon la plus barbare n’est que l’expression d’une vengeance née et préparée suite au massacre peulh d’Ogossagou. Il n’y a point-là à chercher loin ou chercher à accuser des djihadistes venus de je ne sais où.

 

Les populations qui sont en train de se massacrer à longueur de journée se connaissent très  bien  elles- mêmes à travers leurs bourreaux. Généralement, chacun sait ce que l’autre prépare. Si l’on ne prend garde, ce cycle de violences ne s’arrêtera pas de si tôt car la violence appelle la violence et la vengeance qui en découle entraine elle aussi la vengeance. C’est donc un cycle ouvert où les lignes ne se brisent pas facilement. Il faut arrêter avec les atermoiements, les hésitations fébriles.

Au massacre d’Ogossagou, tout de suite la milice Dan Na Ambassagou qui se veut une milice d’auto défense a été dissoute et il a été crié haro sur eux. Face au massacre de Sobane Da, on hésite à accuser. Et pourtant comme nous l’avons dit plus haut, c’est bien une vengeance et si une milice peulh est responsable, il ne faut pas hésiter à le dénoncer pour ne pas créer des frustrations. Que l’on le sache bien, nous ne sommes ni pour les peulhs ni contre les dogons parce que quoi qu’on fasse, nous sommes tous des Maliens appartenant tous à ce pays qui se meurt.

Mais il faut souvent dire la vérité dans cette affairecar, qui sont ceux qui les premiers se sont retournés contre leurs frères  dans le centre du pays ? Tout Malien le sait. Toutes les tueries au départ ont été commises par qui ? Qui sont ceux qui les premiers ont donné asile aux djihadistes ? Dommage, si nous gardons la vérité captive dans ce cycle de violences au centre du pays, nous ne serons pas justes avec nous-mêmes.

Mais que faire alors dans ce centre du pays avec son lot de décomptes macabres de tous les jours car tous les jours que Dieu fait, on se tue là-bas. Comble de malheurs, ces innocents qui meurent gratuitement quand bien même ils ne sont ni à la proue ni à la pompe « Ou ma mi ou ma bon », comme on le dit chez nous en bamanakan.

Si chaque Malien en quelque lieu qu’il soit, quelque  soit son titre pouvait savoir que chaque personne qui meurt au centre du pays est un frère à lui, alors, il y aurait un sursaut personnel allant au sursaut national. Mais hélas, chacun se contente de commenter les évènements sans se les approprier.

Le malheur du drame qui se joue au centre du pays est encouragé et entretenu par de grands intellectuels tapis dans leurs villas dans tous les quartiers de Bamako. Souvent, ce sont des intellectuels avec leurs théories venimeuses, des politiciens démagogues et vomis, des fortunés utilisant leurs richesses qui tirent sur la ficelle ethnique par leurs comportements trompeurs. A les entendre, on croira qu’ils veulent de l’apaisement mais dans la réalité, ils soufflent sur les braises de la haine.

Tous se cachent dans des associations pour exécuter leur sale besogne. Dès lors qu’une association est liée à la promotion d’une ethnie, cela crée un sentiment de supériorité et un rejet de l’autre. On criera toujours qu’on est victime alors qu’on a semé le germe de la haine. Le contexte malien nécessite que toutes les associations à connotation ethnique soient dissoutes sans état d’âme. Cela, c’est la responsabilité des autorités.

Il faut le dire, la crédibilité du pouvoir se joue aujourd’hui dans le centre du pays. S’il y a à sanctionner, c’est bien l’Etat qu’il faut sanctionner. Un Etat qui n’arrive pas à assurer la sécurité des citoyens est un Etat qui meurt. Et le centre se meurt, plus de bétail, l’hivernage est hypothéqué, tout le monde a fui car partout on sent la mort et la désolation. Il faut le dire, le Président est interpellé car comme l’a dit Don Diègue dans la tragédie du Cid «  quand le bras a failli, on en punit la tête » A quoi ça sert d’aller pleurer toujours sur des morts, a quoi ça sert d’aller voir des lieux macabrement sinistrés, à quoi ça sert de dire de beaux discours si c’est  pour aboutir toujours  à la même répétition. Alors, il y a lieu de changer d’épaule et viser autrement. La superficie du Mali, ça fait 1241238 km2 et le centre du pays, là où même se déroule la tragédie, peut-être moins de 50000 km2. Si l’Etat n’arrive pas à maitriser cette zone, qu’en sera-t-il pour le reste du pays ? C’est vraiment triste de voir des populations si traumatisées ne sachant où mettre la tête. Si nos autorités n’agissent pas autrement, on dira que l’Etat est faible parce qu’il aura failli à garantir la sécurité sur cet espace. En clair, c’est l’existence même du Mali qui est menacée. Le Nord échappe et s’il faut aussi que le centre échappe, où irons-nous ? A moins que tout cela ne soit une programmation.de partition entretenue depuis longtemps.

Face à la gravité de la situation, face à cette menace entretenue qui pèse sur le Mali, il appartient à tous les patriotes Maliens quelle que soit l’ethnie, quelle que soit la religion, quel que soit  l’appartenance politique de s’unir, de voir la réalité en face pour sauver ce beau pays que nous ont laissé en héritage nos ancêtres. Tant qu’il n’y aura pas ce sursaut national, un jour viendra où  ce sera tard. Et alors, place à la débandade. Nous serons tous responsables.

Que Dieu protège notre très cher Maliba.

MM Dembélé

 Ségou Tuyè

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