Le gouvernement, la classe politique, la société civile, bref le peuple espère la fin de la crise malienne au sortir du Dialogue politique inclusif dont les termes de références ont été rendus disponibles il y a de cela quelques jours.
Des ateliers, des campagnes de sensibilisation, des conférences, … sont organisés presque chaque jour. La tenue et la réussite de ce dialogue sont, comme estiment beaucoup de Maliens, à nos yeux, indispensables. Mais ce qu’il faut aussi dire : la réussite de ce dialogue nécessite l’union de tous les Maliens ; que les ennemis d’hier acceptent de devenir des amis d’aujourd’hui, au nom de l’intérêt général du Mali ; pour une fois peut-être la règle fera exception ; le chat, de retour de pèlerinage, se réconciliera pour de vrai avec les souris ; que les querelles politiciennes et de positionnement soient mises de côté… Malheureusement, plus on s’achemine vers ce dialogue, plus nos espoirs s’envolent. Le compte à rebours a commencé. Aurions-nous un meilleur résultat à la fin de toute cette mascarade de communication politique ? Non, à notre analyse ! Le Dialogue politique inclusif se prépare à un moment où ceux qui sont censés jouer des rôles prépondérants à sa réussite sont dangereusement divisés. Nous avons une majorité présidentielle fracturée, une opposition presqu’affaiblie pour des intérêts personnels au détriment de la nation, la société civile, les religieux, les activistes … tout le monde est divisé de nos jours dans notre pays. Nombreux sont ces leaders prêts à sortir leurs dents, bien aiguisées au fil du temps, quand leurs adversaires prendront la parole.
La majorité présidentielle, parlons-en ! La case de cette coalition qui a fait réélire le président IBK a été brulée depuis quelques mois, avec le départ d’une dizaine de ses partis politiques dirigés par Tiéman Hubert Coulibaly pour créer une autre coalition, l’ARP. Cette démission a été suivie de la décision du collectif des candidats à la présidentielle de 2018 de suspendre ses activités à l’EPM. Ces défections ne sont pas les seuls maux au sein de la coalition « Ensemble pour le Mali ». Entre le Tigre affaibli, dont les griffes ne font même plus peur à un enfant, et le président du parti présidentiel, les relations ne sont pas roses. Elles se sont dégradées au fur et à mesure que le Tigre perdait son influence, jusqu’à perdre sa ‘’tigritude’’. Dans ce contexte de guerre froide, la tenue, le même jour, des 4èmes assises de l’EPM et de la journée de réflexion organisée par l’Asma laisse entrevoir des fissures préjudiciables au Dialogue politique inclusif.
Quant à l’opposition, la division se voit même sur les réseaux sociaux. Entre les partisans du Front pour la sauvegarde de la démocratie de Soumaila Cissé et leurs anciens alliés, signataires de l’Accord politique de gouvernance, la division semble consommée et la passion de la colère commence à dominer certains. Les uns ayant bafoué les principes sacrés de la politique, au nom de leur seul œsophage. La politique du ventre, décidément, est à la mode au Mali. On sacrifie les valeurs indispensables à la régénérescence de la société. Si nous mangeons, jusqu’à la semence, comment allons-nous régénérer notre société ? Avec quoi allons-nous planter quand la pluie va tomber ? Les mangeurs de semences devront répondre un jour de leurs trahisons. Pour le moment, la nouvelle espèce d’hommes politiques, à l’instar de Tiébilé Dramé, mangent. Mais ce sera leur dernier repas…
La société civile, elle aussi, est divisée. Nombreux sont des leaders des différents mouvements qui se regardent en chiens de faïence. La crise grave que connait la faitière des femmes du Mali, Cafo, une organisation de la société civile, est un bel exemple de la déconfiture de la société civile. Les religieux ne sont pas, eux non plus, unis. Les guides manquent de guide. C’est un melting-pot, à l’image des nombreuses associations religieuses aux relents politiques, dans ce pays pourtant laïc. En perte de légitimité, certains faux guides religieux exploitent la misère des populations. Pendant qu’eux sont milliardaires, la majorité de leurs adeptes croupissent dans une misère intellectuelle, morale et religieuse. Certains broient du noir à longueur de journée. Leurs guides, avec les milliards qu’ils amassent, auraient bien fait de leur trouver du travail, afin de résorber le taux de chômage.
Nous nous réservons de faire un commentaire sur la division des activistes. Une situation qui rend pessimiste l’avenir de la jeunesse malienne. Il suffit de faire un tour sur les réseaux sociaux pour constater la haine verbale des uns, dressée contre les autres, tout simplement parce qu’on a la possibilité de s’acheter du forfait internet.
Toutes ces divisions sont, à nos yeux, des menaces graves pour la réussite du Dialogue politique inclusif. Pour espérer de meilleurs jours pour ce dialogue, tous ces problèmes doivent être résolus avec rigueur. Politiques, leaders religieux, acteurs de la société civile, activistes, tous doivent oublier leurs différences et mettre le Mali, ce pays qui nous unit, au-dessus de tout. Ceux qui sont divisés doivent accepter de se retrouver au nom de l’essentiel : le Mali. Chacun doit prendre de la hauteur en esprit, et accepter l’autre, malgré son défaut. Les querelles de positionnement, d’idéologies, pourront bien se poursuivre après avoir sauvé l’essentiel. Tel Le Chat dans son boubou revenu de la Mecque, réunissant les souris pour enfin enterrer la hache de guerre, il est temps de faire une trêve, pour le Mali.
Boureima Guindo
Source : Le Pays