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Edito : Les raisons du limogeage de Boubèye

C’est à 23h 30 que l’ORTM a annoncé ce mardi soir la nouvelle du limogeage du désormais ancien ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Soumeylou Boubèye Maïga, et son remplacement par Bah N’Daw, un officier supérieur en retraite, ancien Aide de camp démissionnaire de Moussa Traoré (voir son parcours ci-dessous).

 chahana-takiou

Déjà, dans notre parution n°454 du jeudi 22 mai, nous titrions: «Carnage à Kidal, Boubèye et Sada Samaké doivent démissionner». Nous écrivions dans cet article que ces deux ministres «ont en charge la formation et la mise en condition des militaires… Ils doivent démissionner, parce que les Maliens ne peuvent pas mourir bêtement sans que les responsabilités ne soient situées. S’ils ne cèdent pas le tablier,  IBK doit être suffisamment courageux pour les limoger».

La révocation de Boubèye n’étonne personne, parce qu’il est le premier responsable de l’armée. Il doit donc payer le prix de la défaite militaire. S’y ajoute le nombre très élevé de morts, une cinquantaine, des dizaines de blessés et plusieurs autres dizaines d’otages. Dans un système démocratique, républicain, un tel bilan doit conduire le chef du département à rendre immédiatement le tablier, en attendant d’autres enquêtes supplémentaires.

Boubèye ne l’a pas fait. Il s’est adonné tardivement à une communication désastreuse, qui fait ressortir tous les jours des incohérences, des non dits et autres spéculations. Une semaine après, pendant qu’il s’expliquait mardi en début d’après-midi, à la Commission Défense de l’Assemblée nationale, Koulouba le cherchait pour lui imposer une démission. Ce qui signifie qu’il a été limogé, c’est-à-dire qu’il n’a pas quitté le gouvernement de son propre chef, que ce n’est pas de gaieté de cœur qu’il a finalement rendu le tablier.

Intrinsèquement, Boubèye est incontestablement un homme de valeur, mais il n’a pas eu de chance. Il était au mauvais endroit au mauvais moment. Les responsabilités qui étaient les siennes n’ont pas été clairement et nettement assumées. Il en paye le prix fort, au nom de la démocratie, au nom du devoir de rendre compte.

Sinon, Boubèye était l’un des hommes le plus puissant et le plus envié du gouvernement. Mais l’Etat est au dessus de nous tous. Quand l’Etat, dans toute sa plénitude, sévit, il n’y a point de place pour les sentiments, les tergiversations, les atermoiements. Cette force par laquelle Boubèye a été sanctionné doit continuer à guider l’Etat.

Il ne faut pas chercher de victimes expiatoires à la crise, d’agneau sacrificiel, de bouc émissaire d’une armée très faible, incapable de remplir son obligation régalienne, à savoir la défense du territoire national.

La force de l’Etat, qui a frappé Boubèye, doit s’exercer également sur les éléments des forces armées et de sécurité qui ont pêché, en désertant les champs de bataille, en abandonnant leurs positions, avant même l’arrivée de l’ennemi. Le règlement militaire doit s’appliquer à tous: dura lex sed lex (la loi est dure, mais c’est la loi).

Quid de Sada Samaké? Il doit également être chassé du gouvernement, parce qu’en sa qualité de ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, il est le premier responsable des préfets et sous-préfets qui ont été sauvagement assassinés, ainsi que des policiers et gendarmes morts et ou blessés. L’élégance républicaine voudrait qu’il s’en aille. Il est toujours là. IBK doit donc le limoger, sans états d’âme, pour éviter le deux poids, deux mesures.

Chahana Takiou

SOURCE: 22 Septembre
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