Pour rappel ces fondations ont été le ciment qui a consolidé les rapports sociaux et favorisé le vivre ensemble en dépit de nos diversités, de nos antagonismes, de nos divergences d’opinion et même de nos conflits inter et intracommunautaires. En effet, des véritables mécanismes de résolution des différends ont toujours existé et ont permis d’atténuer toutes les situations conflictuelles. Aujourd’hui force est de constater que ces valeurs séculaires commencent à s’étioler compromettant ainsi dangereusement les précieux acquis sociétaux. La transition qui aurait dû être cette période de rassemblement, de réconciliation, de réflexion afin de proposer des solutions idoines aux différentes préoccupations et aspirations des citoyens, a fini par être une période de répression de toutes les voix discordantes, de restriction des libertés fondamentales, bref une période d’exception où les citoyens sont catégorisés en fonction de leur position vis-à-vis du pouvoir. La démocratie qui est jusqu’à preuve de contraire le seul modèle de gouvernance que nous avons, est mise à rude épreuve, ses principes que constituent les libertés et surtout l’alternance sont confisqués. C’est justement contre ces pratiques et pour la préservation de la démocratie que des voix audacieuses se sont levées pour dénoncer et demander le retour à l’ordre constitutionnel. Si tant est qu’il n’y ait pour l’instant aucune alternative à la démocratie, alors les autorités doivent s’en accommoder au grand bonheur de leur peuple.
Un pas de géant vient d’être franchi pour un grand rassemblement, mais beaucoup reste à faire, car pour joindre l’utile à l’agréable il faudrait libérer tous les prisonniers politiques et même faciliter le retour au bercail des exilés politico-financiers. En tout cas seul le Président de la transition, le colonel Assimi Goita a la clef de voûte si tant est qu’il est favorable à la réconciliation et à la paix sociale il doit libérer immédiatement et sans condition les détenus politiques et ceux d’opinion et faire en sorte que tous les leaders qui sont en dehors du Mali puissent regagner le bercail, afin de jeter les bases d’une véritable réconciliation, celle des cœurs et des esprits. Tout autre discours sera inopportun, contreproductif et éloignerait les maliens de leurs objectifs majeurs.
Youssouf Sissoko
Source: L’Alternance