Le premier président de l’ère démocratique, Alpha Oumar Konaré qui a opté pour le silence, alors même qu’il devrait être le premier défenseur de la démocratie, répondra devant le tribunal de l’histoire s’il ne réagissait pas face aux élucubrations de certains nostalgiques de l’ordre ancien, face au montage grotesque, aux accusations fallacieuses, à la campagne de diabolisation du mouvement démocratique et de la démocratie. Il n y a pas qu’Alpha Oumar Konaré, la presque totalité des leaders du Mouvement démocratique semblent s’emmurer dans un silence coupable et assourdissant cédant le terrain politique aux nostalgiques de l’ordre ancien, aux falsificateurs de l’histoire récente du Mali, aux opportunistes sans foi ni loi, mais, mus par leurs seuls intérêts sordides. Les leaders du Mouvement démocratique ont ce devoir de redevabilité vis-à-vis de leurs contemporains et du peuple malien. Si certaines figures parmi les leaders du Mouvement démocratique continuent à se battre encore à l’image de l’ancien Président de l’Assemblée Nationale, Pr Aly Nouhoum Diallo, de l’ancien premier ministre Modibo Sidibé, de l’ancien ministre et vice-président de l’Assemblée Nationale, Me Mountaga Tall, de l’ancienne ministre Mme Sy Kadiatou Sow, les autres ont fait profil bas, laissant le pays entre les mains de ceux qui veulent en découdre avec les acquis démocratiques et mettre la République à terre. Les leaders du mouvement démocratique doivent méditer ce vieux dicton de la Rome antique qui dit : Honte à qui peut chanter pendant que Rome brûle. En d’autres termes le poète voudrait tout simplement dire que lorsque Rome brûle, c’est-à-dire lorsque l’on connait des crises, de la violence, de l’incertitude, il est du devoir de tout bon citoyen de s’engager pour éradiquer les maux. Il est encore une obligation pour ceux qui ont mis le pays sur la voie de la démocratie et qui, pour son avénement, ont consenti d’énormes sacrifices, de continuer la bataille de la préservation et de la pérennisation des acquis démocratiques. C’est cette ultime bataille que nous les invitons à livrer pour l’histoire et pour la postérité. La nouvelle génération sera fière de l’ancienne si cette dernière parvenait à léguer un bon héritage, comme c’est le cas de Nelson Mandela de l’Afrique du sud, de John Jerry Rawlings du Ghana, le premier est civil et le second est militaire, mais tous ont en commun l’amour de leurs patries et une vision du futur, donc ils doivent inspirer les leaders démocratiques du Mali.
Youssouf Sissoko
Sourrce : L’Alternance