Ça y est, c’est parti pour un mandat de 5 ans pour Ibrahim Boubacar Keita, après son investiture le jeudi 19 septembre dernier au stade du 26 mars. Sa victoire au second tour de la présidentielle avec 77, 6% des voix lui a permis de savoir ce qu’il pèse désormais dans la planète politique malienne: BEAUCOUP. Même si une masse de commentateurs de l’actualité était d’avis que son score au premier tour était l’expression achevée du choix du peuple malien.
Mais, qu’on se le dise, il reste évident que les gens n’ont voté ni pour le parti RPM ni pour son programme politique, mais plutôt pour le candidat IBK en qui ils voient un homme intègre, incorruptible, autoritaire et dont ils pensent qu’il est en capacité remettre sur les rails le train Mali qui a terriblement déraillé. Ce qui n’a pas manqué de déclencher la machine des réactions selon lesquelles »il est insensé de voter pour un homme. Un homme n’est rien; il peut mourir mais le parti reste. » On peut aussi citer au passage cette phrase de Maleka Mokkadem dans »L’interdite »: « les régimes et les partis vivent, s’usent et meurent. » Ce qui est sûr effectivement, c’est que ce brusque attachement à IBK peut surtout s’expliquer par un antécédent: son passage à la primature (1994-2000) pendant lequel il est surtout parvenu à contenir le grondement estudiantin et scolaire.
IBK hérite d’un pays qui semble être retourné à la case départ, où tout est à refaire. Or, c’est une vieille vérité, il est plus facile de » faire que de refaire ». On le sait, il va nettoyer les écuries d’Augias en s’attaquant de front à la corruption devenue presque » une valeur morale » dans ce pays qui se réclame d’un passé glorieux mais à qui il reste à apprendre que ce passé ne doit pas être seulement un repère auquel il faut se borner à faire allusion hypocritement dans les conversations quotidiennes. Un système éducatif que tout le monde ou du moins ceux qui ouvrent les yeux déclarent impossible à redresser tellement est profonde sa nécrose. Et c’est en cela qu’IBK n’est qu’un redresseur de torts, les torts produits par plus de 20 ans de mauvaise pratique de la démocratie et de mal gouvernance. Tout le monde attend de lui qu’il croise le fer avec la corruption, qu’il redresse le système éducatif, et une armée vermoulue par les mêmes » sales pratiques » qui y ont toujours cours.
Les autres chantiers aussi sont tout sauf facile à conduire. La poursuite des négociations avec les groupes rebelles touaregs, l’organisation d’élections législatives transparentes. On attend beaucoup de lui. Qu’il puisse être à la hauteur des attentes !
Boubacar Sangaré
Source: Le Pays