Si un peuple sent, dans sa chair, les conséquences néfastes de la mal gouvernance qui sévit en Afrique, c’est certainement le peuple malien. En élisant Ibrahim Boubacar Keïta à la magistrature suprême, le peuple malien pensait voir le bout du tunnel. Mais la déception fut très grande. Éprouvé par de longues années de crises sécuritaires et institutionnelles qui ont mis en lumière les tares de son mode de gouvernance des 50 dernières années, le Mali n’est pas encore sorti de l’ornière. Loin s’en faut !
Le retour à l’ordre constitutionnel normal qui marqua, en fin août 2013, le grand retour du pays dans le chemin de l’apprentissage de la démocratie pluraliste, a suscité de larges espoirs dans le pays, comme à l’étranger.
Mais le régime IBK qui a fait naitre de cet espoir s’est avéré être plus décevant que celui de ses prédécesseurs, notamment dans la recherche des solutions aux problèmes du pays.
Pire, il s’est adonné à des pratiques dignes de Bokassa 1er ou de Mobutu, au sommet d’un l’État malade. Il a laissé dans l’agonie un pays qui manque de tout. « Si tu sais que tu es faible tu te protèges et tu agis en circonstance. Mais si tu ne sais pas que tu es faible, tu t’exposes et tu t’affaiblis davantage ». Cet adage sied désormais au triste sort de notre pays. Malheureusement !
Le gaspillage à ciel ouvert de l’argent public, depuis plus de 5 ans, a tari les caisses de l’État, sapé la confiance des partenaires (financiers et sociaux) et fragilisé davantage nos Institutions. Les fonds alloués à l’Armée pour son équipement ont été surfacturés et détournés par ce régime voyou qui est en train de conduire le pays dans le précipice.
Les Maliens sont traumatisés par la mauvaise gestion du Mandé Mansa dont le début de son second quinquennat est douloureux, avec un front social en ébullition ; les magistrats, les promoteurs des écoles privées et les vendeurs de gaz butane en grève illimitée ; les travailleurs d’EDM-sa projettent une grève les 07 et 08 novembre prochain. Notre cher Maliba, un pays millénaire, est aujourd’hui dans l’impasse à cause de l’instauration d’une gestion cauchemardesque portée par un régime sangsue, insensible aux cris de détresse des populations qui ne savent plus à quel saint se vouer. Les adeptes du luxe clinquant et insolent ayant pris en otage le sommet de l’Etat, ne savent plus par quel bout tenir le Mali turbulent d’aujourd’hui. Ils ont montré leur incapacité à pouvoir sortir le pays du gouffre. Un pays qu’ils ont l’intention de diviser, avec un projet de découpage administratif bidon. De quoi s’agit-il ?
Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une capitulation face à ceux-là mêmes qui ont pris les armes pour attaquer notre pays gratuitement, dans son septentrion, sachant très bien que nos dirigeants ont négligé notre armée. Avec ce projet de découpage, les désormais 6 régions du nord donneront naissance à 25 nouveaux cercles, dont 25 députés arabes et touaregs représentant 11% de la population de cette partie du pays, et seulement 6 cercles pour les Noirs représentant 88% de la population. Exemple : Kidal a 8 cercles, Taoudeni 6 cercles, mais Gao en a 4. Bientôt le nord sera dirigé et gouverné par des Touaregs et Berbères qui siègeront à l’Assemblée au détriment de la majorité démographique. Ils ont bourré les urnes pour offrir un second bail à IBK et il va bourrer les cercles et communes pour eux. Le bourrage ça paie bien hein !!!
En tout cas, en plus de la crise politico sécuritaire, notre pays est malheureusement en voie de partition. Cette situation alarmante mérite l’attention claire et nette de tous les Maliens. L’heure est très grave pour notre pays dont la souveraineté, la démocratie et même l’existence se trouvent très menacés. Chaque malien doit ainsi savoir méditer pour sortir le pays de cette ornière surmontable en conjuguant les efforts contre les agissements des tenants du pouvoir car nul ne peut nier que le président IBK a déçu.
Aliou Touré
Le Démocrate