Le marchandage est l’une des caractéristiques les plus marquantes de notre société. La célébration annuelle, comme celle de ce matin, de la journée internationale des droits de la femme en est une occasion enchantée. Au-delà de l’image stéréotypée des marchands de pagne du 8 mars, qui ont pignon sur rue en cette période de l’année, le marchandage déborde le simple cadre commercial lorsqu’il s’agit de la question des femmes.
Dans le lot des marchands, la catégorisation fait planer plusieurs échelons. Ceux d’en haut, les marchands moyens et petits marchands.
Ceux d’en haut sont ces grands experts au quotient intellectuel au-dessus de la moyenne lorsqu’il s’agit de l’élaboration des projets, stratégies et autres documents sur les droits de la femme. Ils sont tellement doués dans la planification stratégique des projets que les partenaires financiers revoient les enveloppes à la hausse, car ces experts ne leur laissent aucune chance de douter sur les retombées positives de leurs projets au profit de la femme, plutôt des femmes, notamment rurales et vulnérables. Ces derniers sont des vrais marchands d’illusion, dans leur marchandage, les femmes d’en bas ne voient que dalles. Ces dernières servent, dans la plupart des cas, de décor pour parer les grandes cérémonies organisées de signature de convention ou de remise de chèques, en leurs noms.
Le deuxième lot des marchands sont ces femmes avec des gros foulards, celles qui sont dans tous les grands foras, médias sociaux et internationaux pour, disent-elles, parler au nom des femmes. Or, il se trouve qu’elles n’ont aucune connaissance de base du vécu et du ressenti des vraies femmes. Elles sont pseudos spécialistes des questions sur la lutte contre la polygamie, l’excision, les violences faites aux femmes, le mariage précoce… Nombreuses d’entre-elles n’osent point parler de leur propre parcours en tant que femme. Nombreuses parmi elles, n’ont pas pu endurer même une année de vie de foyer et s’abritent gaillardement derrière le nom de famille de leurs ex ou défunts maris, sinon des gigolos qui leurs servent de porteurs de valise dans les aéroports.
Les marchands moyens dans le monde des femmes, sont ces vaillantes animatrices des bureaux de femmes des partis politiques et autres organismes publics. Elles s’accaparent de tous les avantages destinés aux femmes, pendant que leur force de mobilisation ne dépasse pas le seuil de leur cour familiale. Certaines d’entre elles s’arrogeant des droits sur le quota (loi 0052), pour pousser leurs tentacules jusque point de se faire inscrire sur des listes électorales. Les fonds de campagne seront utilisés pour d’autres fins.
Quant aux petits marchands, pour ne pas dire marchandes, elles n’ont pas la carrure des Monika Lewinski, Nafissatou Diallo, Mamassita Sow ou Adji Sarr, mais elles acceptent de servir de proie pour faire chanter, menacer ou dénoncer des honnêtes gens, au nom de l’inviolabilité du corps féminin. Elles sont nombreuses maintenant sur les réseaux sociaux et pullulent entre les bureaux pour séduire et appâter des aventuriers sexuels.
L’alerte est donc de rigueur, toutes les femmes ne sont pas des femmes. Comme disent les Bambara ‘’Mousso Bè te Moussoye’’.
Il y en a qui vivent de la cause des femmes, qui s’enrichissent sur leurs dos et qui gâtent leurs noms.
Bonne fête aux vraies femmes.
Moustapha Diawara
Source: Le Sursaut